Charles de Lauzun, professional valseur
A 33 ans, il aspire désormais à une activité plus en adéquation avec son profil.
Normalien, Charles de Lauzun dirige depuis 5 ans une école de valse, Votrevalse.com et dispense à domicile des cours, à destination de futurs mariés souhaitant rendre inoubliable leur ouverture de bal. Une occupation d'abord secondaire, lancée en attendant de décrocher un vrai job, dont il a rapidement fait une activité à temps plein.
Normale Sup, Charles de Lauzun y a été davantage poussé par sa brillante scolarité que par une vocation pour l'enseignement. « Ce n'est qu'après avoir intégré l'école que je me suis rendu compte qu'il s'agissait du principal débouché. Je n'étais pas convaincu de vouloir devenir prof, mais pour faire le tour de la question, je suis parti à l'étranger donner des cours de littérature française à Cambridge, puis à Harvard ». De ces deux années, il retient le côté très fermé de l'université britannique et se dit scandalisé par la piètre qualité des élèves de Harvard. « Les classements auxquels l'université doit son prestige ne concernent que les niveaux post-graduate. Ce sont ses moyens financiers qui lui permettent de s'acheter les meilleurs esprits internationaux », commente-t-il.
Sur ces constats, Charles de Lauzun referme définitivement les portes du monde universitaire et rentre en France à l'été 2008... quelques semaines avant la faillite de Lehman Brothers. Sa recherche d'emploi sera desservie par le contexte de crispation économique et un mauvais timing. Il est néanmoins recruté comme chargé de mission à la direction générale d'un groupe parapétrolier. Il démissionne très vite pour raison de santé, d'autant qu'Ernst & Young lui fait une offre. Manque de chance, le cabinet touché par la crise se rétracter quelques jours plus tard. « C'est alors que j'ai décidé de créer Votrevalse.com, m'appuyant sur ma passion pour cette danse et une formation de 14 ans au violon ». Son objectif alors ? Mettre du beurre dans les épinards en attendant de trouver un emploi. Mais l'activité démarre très vite. Il accompagne 200 mariages dès la première année, 400 aujourd'hui. « J'ai pu en vivre après 3 ou 4 mois », se souvient-il. Son approche de la valse – qui va du conseil musical en fonction de la personnalité ou du lieu du mariage aux leçons – répond aux attentes de sa clientèle. « Contrairement aux idées reçues, 30 % seulement d'entre elle correspond à l'image un peu élitiste souvent associée à la valse. Les autres couples n'ont pas forcément beaucoup de moyens, mais sont attachés à l'image très romantique de cette danse ».
Féru de valse depuis son adolescence, Charles de Lauzun se donne aussi les moyens de développer son entreprise. « Je ne voulais pas me laisser emporter par ma passion, en me focalisant uniquement sur la qualité de l'enseignement. Je me suis donc rapidement doté d'indicateurs de performance, en calculant par exemple le volume horaire de l'activité, la rentabilité absolue des cours, la rentabilité relative de chaque offre. Pour une activité si modeste, cela aurait pu devenir une usine à gaz, mais c'est ce qui m'a permis de me faire une place sur le marché ». Alors que l'exercice du métier ne peut s'exonérer du traditionnel face à face, sa stratégie marketing se déploie quant à elle sur le web, via son propre site ou les réseaux sociaux comme Facebook.
L'année dernière, il démarrait n cycle de formation mêlant danse et visionnage de scènes de cinéma. « Une façon pour chacun de s'approprier les émotions de la valse afin de travailler son propre style ». Le succès est immédiat.
Cette réussite entrepreneuriale lui vaut d'être embauché par les partners d'Ares & Co, séduits par sa créativité et son originalité. De courte durée – une année, les difficultés économiques obligeant en 2013 le cabinet à se séparer de plusieurs consultants – l'expérience lui apporte une nouvelle façon d'être rigoureux dans les missions, de mettre en perspective les indicateurs ou encore d'analyser en amont les conditions de réussite d'un projet... Fort de ces nouvelles compétences, il affiche de nouvelles ambitions pour sa société. « Je ne me vois pas professeur de valse à 50 ans ! Et si ma femme assume de plus en plus cet aspect de l'activité, je souhaite donner une orientation plus événementielle à ma société ». Son projet ? Organiser d'ici deux ans un grand bal de valse à Paris, comme il en existe tant à Vienne. Un premier ballon d'essai prometteur a déjà réuni 400 personnes sur une péniche en mai dernier. Charles de Lauzun n'exclut pas non plus de travailler de nouveau dans le monde du conseil.
Gaëlle Ginibrière, le 29 juillet 2014 pour Consultor.
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