Monitor à la baguette pour deux fois plus de mini-entreprises
Donner un avant-goût de l’entreprise aux 13-25 ans. Telle est la vocation d’Entreprendre pour apprendre (EPA), une fédération d’associations accompagnée par le cabinet Monitor Deloitte en début d’année dans le cadre d’un mécénat de compétences.
Avec pour défi un changement d’échelle : passer de 40 000 à 100 000 jeunes « mentorés » d’ici 2023. Ambitieux mais pas irréaliste.
Peu habitué aux mécénats de compétences, Monitor Deloitte s’est jeté à l’eau cet hiver. Le bureau parisien du cabinet a effectué une mission de deux mois et demi, avec trois consultants à temps plein dédiés, auprès d’Entreprendre pour apprendre (EPA) et ses quinze déclinaisons locales indépendantes.
Une fédération nationale née en 2006 et destinée aux élèves de collèges et lycées, mais également aux structures d’insertion (y compris pénitentiaires), aux missions locales et aux centres de formation.
Sa vocation : offrir une expérience entrepreneuriale et collective aux 13-25 ans. Un moyen de développer leurs compétences, de découvrir des vocations, mais également de leur ouvrir de nouveaux horizons.
Casser les barrières école-entreprise
Pour y parvenir, EPA organise des parcours pédagogiques encadrés appelés la Mini-Entreprise. « L’idée est de développer chez ces jeunes l’esprit d’entreprendre, de leur faire acquérir des softskills, mais également de créer des liens entre l’école et l’entreprise. L’important est de casser le cercle ‘’j’étudie, puis je travaille’’ en transcendant l’apprentissage scolaire et en ouvrant les voies vers les métiers et l’orientation professionnelle », explicite Adeline Mongrué, la DG de l’association nationale.
Grâce à trois modules pédagogiques d’une durée de huit à soixante heures, les jeunes réalisent un projet entrepreneurial, plus ou moins long, mais toujours abouti. Il va, sur une journée, d’un pitch dédié à la solution d’une problématique de l’entreprise à la création d’un bien ou d’un service pour les mini-entreprises les plus longues.
Ce sont ainsi 28 000 jeunes (50 % de collégiens et 28 % de lycéens) qui ont participé au programme en 2020, et ce malgré la pandémie – habituellement ils sont plutôt 40 000 par an. Une baisse conjoncturelle qui a tout de même permis à 1 400 projets de mini-entreprises d’aboutir.
Mission de Monitor : passer de 40 000 à 100 000 jeunes
Mais au bout de quinze ans, le temps était venu pour EPA de changer d’échelle avec l’ambition d’« accompagner 100 000 jeunes par an », précise la DG.
« Cela fait plusieurs années que nous réfléchissions à une nouvelle stratégie avec la volonté de développer un outil commun de modélisation adaptable aux dix-sept associations régionales. J’ai écrit une lettre au “Père Noël”, à la fédération Alpha Omega, et nous avons reçu une réponse positive ! » s’enthousiasme encore Adeline Mongrué.
EPA est en effet accompagnée par un dispositif de philanthropie de la fondation Alpha Omega qui soutient financièrement, stratégiquement et opérationnellement les associations de référence dans l’éducation – et a pour habitude de faire intervenir des cabinets de conseil en stratégie en ce sens (relire notre article).
Un circuit vertueux dans lequel le cabinet Monitor Deloitte décide de s’impliquer dans le cadre d’un mécénat de compétences. « Nous avions rencontré la direction d’Alpha Omega qui a exprimé des besoins. Il était évident que nous devions nous engager à leurs côtés. Nous avons vocation à contribuer de plus en plus à ce type de missions et cela fait partie de l’écosystème mis en place par la Fondation Deloitte (ndlr, qui agit en faveur de l’éducation et de l’innovation durable) », contextualise Stéphane Bazoche, managing partner du cabinet.
Il est aux manettes lorsque le bureau parisien démarre cette mission pro bono un peu particulière en février dernier. Puis trois consultants de Monitor Deloitte ont été staffés sur deux mois et demi pour réaliser cet audit et définir la nouvelle stratégie, intitulée « Ambition 2023 ».
En premier lieu, Monitor a réalisé un diagnostic national mais également régional, au sein des quinze entités locales d’EPA, « avec de multiples entretiens des différentes parties prenantes, pour des associations indépendantes de différentes tailles, avec des degrés de maturité divers », détaille Stéphane Bazoche.
Un process collaboratif sous forme d’interviews individuelles et collectives, d’ateliers interrégionaux et de templates de travail virtuels. « En groupant également par niveaux de maturité, nous avons pu définir leur ambition et partager les leviers qui ont permis d’accélérer la croissance. Un travail qui a permis de créer une dynamique exceptionnelle. Nos approches de stratégie fonctionnent très bien dans le milieu associatif, même si nous avons l’habitude de travailler avec des entreprises de taille et de maturité plus importantes », complète Stéphane Bazoche.
Après l’audit, Monitor Deloitte a identifié des stratégies locales spécifiques, mais également une stratégie nationale, un cadre déclinable en région.
Le pari d’EPA Pays de la Loire : plus que doubler les effectifs « jeunes »
Comme dans l’EPA des Pays de la Loire. Pour l’association ligérienne, dix ans d’existence, qui a accompagné 3 000 jeunes et concrétisé une centaine de mini-entreprises en 2020-2021, la mission de Monitor Deloitte a été vécue comme l’arrivée d’un second souffle.
Avec à la clé des lignes stratégiques claires d’ici 2023 : la définition des publics « cœur », de potentiels nouveaux partenariats à mettre en place, des parcours pédagogiques à privilégier, de nouvelles modalités d’accompagnement des étudiants, les RH et le budget à faire croître en conséquence.
« Nous avions déjà mis en place un plan stratégique (ndlr, avec OC&C il y a six ans), mais il n’était plus suffisant. Notre objectif à horizon 2023-2024 est d’atteindre 5 900 jeunes. Pour cela, il fallait redéfinir un maillage dense du territoire. Grâce au cabinet, nous avons réalisé une approche matricielle, axée sur nos nouvelles cibles auprès des lycées agricoles, des universités, des maisons familiales rurales, des établissements en quartiers prioritaires… Ensuite, nous avons travaillé département par département pour affiner nos cibles », expose Jean-Yves Fouché, président régional Pays de la Loire.
« Ce travail nous a confirmé qu’il ne fallait pas nous diversifier, mais plutôt aller plus loin en termes de taux de présences auprès de certaines cibles. Cela nous a obligés à nous poser, à bien réfléchir aux projets, aux objectifs, aux priorités à moyen terme. C’est par ailleurs un outil très complet transmissible au conseil d’administration, aux salariés, aux partenaires, une façon de créer de la cohésion autour de ce projet », ajoute Sylvie Madec, la DG de l’asso régionale.
Après la stratégie, l’exercice délicat de la mise en œuvre
Avec ce nouvel outil strat’ entre les mains, la fédération EPA doit maintenant passer à l’opérationnel pour atteindre l’ambitieux objectif de 100 000 jeunes d’ici deux ans. Ce qui revient à multiplier par 2,4 le nombre des étudiants touchés ! Une mise en œuvre que les équipes de Monitor – qui ont pris goût au sujet et à la mission – se disent prêtes à assurer.
Barbara Merle pour Consultor.fr
Crédit photo : Entreprendre pour apprendre, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, jury d'une mini-entreprise organisée au ministère de l'Éducation nationale en janvier 2020.
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaire (0)
Soyez le premier à réagir à cette information
France
- 30/10/24
L’automne fait son œuvre au sein de la Firme, les feuilles tombent… et les partners aussi. Les nouveaux départs sont ceux de Flavie Nguyen et Thomas London.
- 29/10/24
Julia Amsellem, qui a rejoint l’entité de conseil en stratégie d’EY en 2017, et Étienne Costes, engagé depuis 2013, font partie des 17 membres du nouveau comex d’EY dans l’Hexagone.
- 23/10/24
C’est une étude coup de poing que le cabinet Oliver Wyman a réalisée à titre pro bono pour le collectif ALERTE (fort de 35 associations, dont Action contre la Faim, Médecins du Monde et ATD Quart Monde) dédié à la pauvreté et à l’exclusion. Elle est intitulée « Lutter contre la pauvreté : un investissement social payant. » L’une des conclusions plutôt contre-intuitive : combattre la pauvreté par des financements serait un investissement gagnant-gagnant, pour les personnes concernées comme pour l’économie nationale. Les analyses du président d’ALERTE, Noam Leandri, et de Jean-Patrick Yanitch, partner à la tête de la practice Service public et Politiques publiques en France.
- 15/10/24
Début octobre, deux nouveaux partners ont disparu de la liste des associés de la Firme : Guillaume de Ranieri, poids lourd du cabinet où il évoluait depuis 24 ans, et Xavier Cimino, positionné sur une activité stratégique.
- 07/10/24
Doté d’un parcours dédié presque exclusivement au conseil (BCG, Kearney, Accenture - entre autres), Mathieu Jamot rejoint le bureau parisien de Roland Berger.
- 03/10/24
Depuis avril 2024, les arrivées se succèdent : après Jean-Charles Ferreri (senior partner) et Sébastien d’Arco (partner), Thierry Quesnel vient en effet renforcer les forces vives, « pure strat » et expérimentées, d’eleven.
- 02/10/24
Minoritaires sont les cabinets de conseil en stratégie à avoir fait le choix de s’implanter au cœur des régions françaises. McKinsey, depuis les années 2000, Kéa depuis bientôt 10 ans, Simon-Kucher, Eight Advisory, et le dernier en date, Advention… Leur premier choix, Lyon. En quoi une vitrine provinciale est-elle un atout ? La réponse avec les associés Sébastien Verrot et Luc Anfray de Simon-Kucher, respectivement à Lyon et Bordeaux, Raphaël Mignard d’Eight Advisory Lyon, Guillaume Bouvier de Kéa Lyon, et Alban Neveux CEO d’Advention, cabinet qui ouvre son premier bureau régional à Lyon.
- 23/09/24
Retour sur la dynamique de croissance externe de Kéa via l’intégration capitalistique de Veltys – et le regard du PDG et senior partner de Kéa, Arnaud Gangloff.
- 23/09/24
Astrid Panosyan-Bouvet, une ancienne de Kearney, et Guillaume Kasbarian, un ex de Monitor et de PMP Strategy, entrent dans le copieux gouvernement de Michel Barnier, fort de 39 ministres et secrétaires d’État. Bien loin des 22 membres du premier gouvernement Philippe ; ils étaient 35 sous le gouvernement Attal.