McKinsey au cœur d’une enquête criminelle du ministère de la Justice américain
Nouvel épisode dans le scandale des opioïdes aux États-Unis : McKinsey fait l’objet d’une enquête criminelle pour sa contribution à la « dynamisation » des ventes d’analgésiques de plusieurs grands groupes pharmaceutiques — et pour une possible entrave à la justice.
Les investigations sont menées par les bureaux des procureurs américains du Massachusetts et du district ouest de Virginie, en coordination avec la division civile du ministère de la Justice à Washington, selon des sources qui se sont exprimées sous couvert d’anonymat.
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Trois ans après avoir noué un faramineux accord transactionnel avec le gouvernement fédéral américain pour sa responsabilité dans la crise de dépendance aux antidouleurs, McKinsey accepte de régler 78 millions de dollars supplémentaires aux acteurs de l’assurance santé aux États-Unis.
Si l’enquête criminelle est en cours depuis plusieurs années – ce qui n’a rien d’inhabituel dans ce type de procédure impliquant des bureaux d’avocats, le ministère de la Justice voire des agences d’État – c’est le Wall Street Journal qui en a fait part le 24 avril dernier.
Un scandale très onéreux pour les associés du cabinet
Depuis 2021, le géant du conseil américain a dépensé environ 1 milliard de dollars pour échapper à des poursuites judiciaires à travers les États-Unis — un « investissement » très lourd pour les partners. Le cabinet avait conseillé de grands groupes pharmaceutiques pour qu'ils « maximisent » leurs ventes — principalement Purdue Pharma, qui produit l’OxyContin, l'appellation commerciale de l'Oxycodone. Entre 1999 et 2022, selon les données des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), plus de 700 000 Américains ont perdu la vie en raison de l’addiction et des effets secondaires causés par les opioïdes (essentiellement l'OxyContin), obtenus sur ordonnance ou de façon illégale.
Petit récapitulatif des accords financiers conclus par McKinsey pour tenter d’éteindre l’incendie (répertoriés par Consultor) :
- En février 2021, avec 49 États américains — 597 M$ ;
- En mars 2021, avec l’État du Nevada — 45 M$ ;
- En octobre 2022, avec plusieurs centaines de collectivités territoriales et districts scolaires — 230 M$ ;
- En décembre 2023, avec les acteurs de l’assurance santé — 78 M$.
Pour information, les conseils apportés au groupe Purdue Pharma en particulier ont rapporté 88 millions de dollars environ au géant du conseil américain.
Les procureurs fédéraux soupçonnent également McKinsey d’entrave à la justice
Au-delà du rôle de conseil de la firme auprès des groupes pharmaceutiques, le ministère de la Justice enquête sur une possible obstruction à la manifestation de la vérité, de la part du cabinet ou de certains de ses collaborateurs.
Les procureurs ont en effet appris qu’en 2018, l’un des leaders de la practice pharmaceutique de la firme, Martin Elling, a envoyé un mail à un senior partner, Arnab Ghatak, pour lui demander s’il devait « éliminer les documents et les mails liés aux opioïdes ». Le senior partner aurait remercié son interlocuteur de l’avoir prévenu et ajouté : « Will do. » Les deux hommes ont été licenciés par McKinsey après la révélation par le New York Times de l’existence de ces mails en 2020.
Contacté, le porte-parole de McKinsey, Ramiro Prudencio, a refusé de commenter ces nouveaux éléments. Aucune déclaration non plus du côté du ministère de la Justice américain.
La firme a toujours soutenu avoir agi dans le cadre de la loi lorsqu’elle conseillait ces Big Pharma. Elle déclare avoir cessé tout conseil en lien avec les opioïdes depuis 2019.
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