Comment conseil interne et cabinets cohabitent-ils ?
Les premières structures de conseil interne remontent aux années quatre-vingt, lors de la crise économique. Depuis nombre de grands groupes se sont 'équipés'.
Un phénomène en accélération, car l’argument financier n’est pas le seul atout du conseil interne, qui s’articule parfois étroitement avec les cabinets de stratégie.
- « Nous captons 30 à 40% des dépenses de conseil », Cosmin Dragan, head of CIB Consulting & Transformation
- Conseil interne de l’État : mais de quoi Gabriel Attal parle-t-il ?
- « Atteindre 25 % de conseil en interne » : Sogé Consulting montre les muscles
- CAC 40 : la covid, l’aubaine des consultants internes
- Les consultants internes se font une place de choix auprès de leur maison mère
En novembre 2010, le groupe DCNS a lancé DCNS Universeaty Consulting avec plusieurs objectifs : « Accélérer l’amélioration de la performance, car étant issus d’une organisation étatique, il a fallu nous transformer pour évoluer dans un secteur extrêmement concurrentiel. Et mieux internaliser les nouvelles pratiques afin d’être plus rapides et plus efficaces », note Stéphane Loubère, managing director de DCNS Universeaty Consulting et passé par Gemini consulting notamment. Fort d’une quinzaine de consultants pour 13 700 collaborateurs dans le groupe, la structure se développe au rythme de l’entreprise. « Nous visons une croissance à deux chiffres dans les deux ou trois prochaines années », annonce Stéphane Loubère. Si DCNS Consulting s’est fait une spécialité de des méthodologies lean et de la conduite du changement, le conseil interne offre un large catalogue d’interventions. Efficacité opérationnelle, pilotage de projets complexes et assistance sur les sujets bancaires et réglementaires chez SG Consulting (Société Générale). Projets d’amélioration de la performance, de transformation ainsi que 30 % de formation chez Renault Consulting, qui compte 150 collaborateurs.
Les tarifs compétitifs – de l’ordre de 10 à 30 % moins cher selon les cabinets de stratégie – ne sont pas le seul atout du conseil interne. « L’équipe connaît le groupe, ce qui est d’autant plus important que les métiers sont divers et l’organisation complexe. Appartenir à la même entreprise facilite aussi le dialogue », indique Cédric Oswald (ex Roland Berger), directeur du conseil et de la performance interne d’AREVA. Chez le leader de l’énergie nucléaire, le conseil interne est d’ailleurs systématiquement sollicité en première intention par les directions à la recherche d’un accompagnement. « Si nous pouvons les aider, elles doivent recourir à nos services, sinon elles ont notre accord pour passer un appel d’offres externe », souligne Cédric Oswald.
Les interactions entre structure interne et cabinets sont multiples. L’entité de conseil interne d’un établissement bancaire forme ainsi régulièrement ses équipes avec des cabinets extérieurs. « Nous pouvons aider à identifier la short liste des cabinets en concurrence, participer au processus de sélection, aider au pilotage des consultants externes ou même intervenir en aval pour la mise en œuvre des recommandations », détaille quant à lui Cédric Oswald. Et d’ajouter : « Un cabinet est efficace s’il a face à lui un client». Nombre de consultants internes ont eux-mêmes débuté dans des cabinets. Exception notable : Renault Consulting, qui s’y refuse. « L’ADN de Renault Consulting fait que nos collaborateurs sont avant tout des hommes de métier, qui deviennent consultants », assure Philippe Clogenson. La « professionnalisation » du conseil interne n’est d’ailleurs pas sans conséquence sur le marché du conseil. « Une partie des projets traditionnels (par exemple, des analyses de marché) est aujourd’hui réalisée en interne. De ce fait, la future croissance du marché devrait se concentrer autour de l’accompagnement opérationnel de projets à forts enjeux », observe Bertrand Baret, associé d’EY, responsable adjoint de l’activité conseil.
Même sur les activités que le conseil interne réalise à l’extérieur – 10 % pour DCNS Consulting, 40 % pour Renault Consulting –, la concurrence entre les deux modes de conseil ne semble pas très acérée. « Nous offrons des prestations de conseil à nos propres clients à l’international, leur apportant ainsi du transfert de technologie d’un autre type ou à des PME des bassins d’emploi dans lesquels nous sommes implantés, au nom de la RSE », avance Stéphane Loubère. Dans ce cadre, DCNS intervient lors de missions spécifiques, comme le lean engineering... en partenariat avec de grands cabinets.
Gaëlle Ginibrière pour Consultor
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaire (0)
Soyez le premier à réagir à cette information
France
- 30/10/24
L’automne fait son œuvre au sein de la Firme, les feuilles tombent… et les partners aussi. Les nouveaux départs sont ceux de Flavie Nguyen et Thomas London.
- 29/10/24
Julia Amsellem, qui a rejoint l’entité de conseil en stratégie d’EY en 2017, et Étienne Costes, engagé depuis 2013, font partie des 17 membres du nouveau comex d’EY dans l’Hexagone.
- 23/10/24
C’est une étude coup de poing que le cabinet Oliver Wyman a réalisée à titre pro bono pour le collectif ALERTE (fort de 35 associations, dont Action contre la Faim, Médecins du Monde et ATD Quart Monde) dédié à la pauvreté et à l’exclusion. Elle est intitulée « Lutter contre la pauvreté : un investissement social payant. » L’une des conclusions plutôt contre-intuitive : combattre la pauvreté par des financements serait un investissement gagnant-gagnant, pour les personnes concernées comme pour l’économie nationale. Les analyses du président d’ALERTE, Noam Leandri, et de Jean-Patrick Yanitch, partner à la tête de la practice Service public et Politiques publiques en France.
- 15/10/24
Début octobre, deux nouveaux partners ont disparu de la liste des associés de la Firme : Guillaume de Ranieri, poids lourd du cabinet où il évoluait depuis 24 ans, et Xavier Cimino, positionné sur une activité stratégique.
- 07/10/24
Doté d’un parcours dédié presque exclusivement au conseil (BCG, Kearney, Accenture - entre autres), Mathieu Jamot rejoint le bureau parisien de Roland Berger.
- 03/10/24
Depuis avril 2024, les arrivées se succèdent : après Jean-Charles Ferreri (senior partner) et Sébastien d’Arco (partner), Thierry Quesnel vient en effet renforcer les forces vives, « pure strat » et expérimentées, d’eleven.
- 02/10/24
Minoritaires sont les cabinets de conseil en stratégie à avoir fait le choix de s’implanter au cœur des régions françaises. McKinsey, depuis les années 2000, Kéa depuis bientôt 10 ans, Simon-Kucher, Eight Advisory, et le dernier en date, Advention… Leur premier choix, Lyon. En quoi une vitrine provinciale est-elle un atout ? La réponse avec les associés Sébastien Verrot et Luc Anfray de Simon-Kucher, respectivement à Lyon et Bordeaux, Raphaël Mignard d’Eight Advisory Lyon, Guillaume Bouvier de Kéa Lyon, et Alban Neveux CEO d’Advention, cabinet qui ouvre son premier bureau régional à Lyon.
- 23/09/24
Retour sur la dynamique de croissance externe de Kéa via l’intégration capitalistique de Veltys – et le regard du PDG et senior partner de Kéa, Arnaud Gangloff.
- 23/09/24
Astrid Panosyan-Bouvet, une ancienne de Kearney, et Guillaume Kasbarian, un ex de Monitor et de PMP Strategy, entrent dans le copieux gouvernement de Michel Barnier, fort de 39 ministres et secrétaires d’État. Bien loin des 22 membres du premier gouvernement Philippe ; ils étaient 35 sous le gouvernement Attal.