COP 21 : les cabinets de conseil et l’environnement
Les médias parlent d’elle depuis des mois. Et depuis des mois, les associations, les politiques, les Parisiens s’y préparent : la COP 21, la conférence pour le climat qui regroupe 150 chefs d’État et de gouvernement, a débuté lundi 30 novembre à Paris.
Pendant une semaine, la capitale française devient le point de convergence des dirigeants, des entreprises, des associations et des militants, pour d’intenses négociations dont les conséquences dépassent largement la sphère écologique.
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Les cabinets de conseil s’intéressent-ils à la COP 21 et à la problématique environnementale ?
A priori, le sujet ne passionne pas les cabinets de conseil en stratégie. Sondés sur leur intérêt pour le rendez-vous et pour l’environnement en général, la plupart des cabinets daignent tout juste répondre. « Il ne s’agit pas de l’une de nos priorités », disent-ils. Presque aucun projet ou aucune communication spécifique n’est mis en place pour faire écho à cet évènement, malgré son importance.
Pourtant, la société civile se mobilise. Alors que les Français n’avaient pas le droit de manifester, en raison de l’état d’urgence, plus de 570 000 militants ont participé aux 2 300 marches pour le climat ce week-end, à travers le monde, d’après l’ONG Avaaz. De la même manière, de nombreuses entreprises se sont emparées du rendez-vous pour faire un peu de Green washing, des opérations de communication pour prouver qu’elles prennent part au mouvement mondial en faveur de la planète.
Alors pourquoi les cabinets de conseil restent-ils, pour la plupart, de marbre ?
« La problématique intervient très peu dans nos missions », reconnaît Alexandre Bocris, partner Vertone en charge des aspects RSE au sein du cabinet. Sauf pour les cabinets qui travaillent spécifiquement dans le domaine de l’énergie, l’environnement n’intervient pas, ou peu dans les missions traditionnelles des consultants en stratégie.
Industrie, automobile, aéronautique, retail, banque, transport ? Autant de domaines dans lesquels le respect de l’environnement et l’adoption de pratiques plus « vertes » occupent une place de plus en plus importante, mais les consultants, eux, travaillent sur d’autres sujets, comme l’analyse de marché, la stratégie de développement, la gestion des M&A, la performance des organisations… Des sujets où l’empreinte carbone de l’entreprise entre rarement en ligne de compte.
Pourtant, reprocher aux cabinets de se désintéresser totalement de l’environnement et de la COP 21 serait un faux procès
Sur le premier, de nombreux cabinets adoptent de bonnes pratiques : politique de recyclage, information auprès des consultants sur le gaspillage de l’eau et de l’électricité, mission pro bono pour des associations environnementales, achats responsables, par exemple du café issu du commerce équitable, tasses fournies aux salariés pour éviter l’usage des gobelets en plastique…
Des « petits gestes » qui gagnent de plus en plus les cabinets. Par ailleurs, la plupart des cabinets produisent des rapports et des analyses sur les thèmes qui occuperont les 150 dirigeants jusqu’à la fin de la semaine : « COP 21 : l’Internet des Objets peut permettre à la France de réduire de 18 millions de tonnes ses émissions de CO2, soit 18% de son objectif restant à 2030 », pour A.T. Kearney, « Resources Revolution », pour McKinsey. Le BCG publie son bilan carbone, Oliver Wyman alimente un blog écolo, Sustainability Blog, tandis que L.E.K détaille l’ensemble de sa politique RSE sur son site internet.
Sur la COP 21, certains cabinets s’impliquent plus que d’autres
Un an avant l’échéance, McKinsey participait, au Royaume-Uni, à une réunion sur la conférence du point de vue du business. Le cabinet y a envoyé Jeremy Oppenheim, le directeur du programme sur la nouvelle économie du climat, un poste qui n’a pas d’équivalent dans les autres cabinets de conseil.
Toutefois, McKinsey n’est pas le seul cabinet à s’impliquer dans la COP 21. « L’énergie et l’environnement représentent entre 15 et 20 % de notre activité, nous sommes particulièrement sensibles à la question, affirme Alexandre Bocris. À l’occasion de la COP 21, nous avons lancé un appel à projets interne, pour identifier une action phare à mettre en place l’an prochain, sur l’environnement. Elle sera annoncée cette semaine. Ensuite, nous allons alimenter un compte Twitter dédié et faire une communication forte liée à l’évènement, pendant toute la semaine. »
L’appétence pour les sujets dépend des forces des cabinets. Des cabinets, tels que Chappuis Halder, spécialisé dans la finance, interviennent peu sur l’environnement, alors que d’autres, comme Emerton, affichent clairement le recyclage, la gestion des déchets ou encore les biocarburants comme leurs domaines de compétence et sont donc plus susceptible de s’intéresser à la COP 21.
Lisa Melia pour Consultor.fr
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