L’Envoyé très spécial de Poutine a fait ses classes chez McKinsey
Il est précisément présenté comme l’Envoyé spécial du Président pour l’investissement et la coopération économique avec les pays étrangers, officiellement depuis le 23 février 2025. Kirill Dmitriev, bientôt 50 ans, très proche de Vladimir Poutine, depuis 13 ans à la tête d’un fonds souverain russe, le RDIF, doté de 10 milliards de dollars pour co-investir dans l’économie russe, a débuté sa carrière chez McKinsey, à Los Angeles, Prague et Moscou.

Le RDIF a noué depuis des partenariats internationaux avec une quinzaine de pays, dont La France, l’Italie, la Chine, le Japon, le Qatar, l’Arabie Saoudite, Les Émirats arabes unis, le Koweït… et des acteurs de premier plan : Goldman Sachs, Deutsche Bank, BlackRock, One Equity Partners. Dès l’invasion russe en Ukraine en 2022, l’Office of Foreign Assets Control (OFAC), organisme du Trésor US, a sanctionné le fonds souverain et sa tête de pont en précisant alors : « En limitant davantage l’accès de ces personnes et entités au système financier américain, les États-Unis continuent de démontrer leur engagement indéfectible à soutenir l’Ukraine, à imposer des coûts au cercle intime de Poutine ou à ceux qui sont liés à Poutine et à sa guerre de choix, et à empêcher le régime de Poutine de lever des capitaux pour financer son invasion de l’Ukraine et d’autres priorités. »
Son épouse, Natalia Popova, présentatrice TV, mannequin (sous le nom d’emprunt de Natalia Sveshnikova) pour les magazines Cosmopolitan, Harper’s Bazaar, Elle, Marie Claire, est vice-directrice de l’ONG Innopraktika Foundation dirigée l’une des deux filles de Poutine, Katerina Tikhonova, dont elle est une amie proche.
La semaine dernière, Kirill Dmitriev était invité à Riyad à la table des négociations des émissaires russes et américains pour les pourparlers sur la paix en Ukraine et en vue d’organiser une rencontre Trump/Poutine. Où l’Envoyé spécial de Poutine a déclaré : « C’est ensemble que la Russie et les États-Unis pourront régler des problèmes globaux, résoudre des conflits mondiaux et proposer des solutions. Le dialogue entre ces deux grandes puissances stratégiques est important, et le monde est plus sûr », s’est-il alors aventuré.
Kirill Dmitriev est un lobbyiste pro-Poutine américanophile au vu de ses 11 années passées aux États-Unis à l’aube des années 2000. Mais l’alumni de McKinsey a également ses entrées en Chine et au Moyen-Orient (il parle avec le prince héritier des Émirats arabes unis Mohammed bin Zayed Al Nahyan et le prince saoudien Mohammed ben Salmane). En 2019, il a été décoré de l’Ordre du mérite de deuxième classe du roi Abdulaziz « pour sa contribution au renforcement de la coopération entre la Fédération de Russie et l’Arabie Saoudite ».
Son entrisme international aux quatre coins de la planète est assez impressionnant : il a été également décoré en 2018 du titre de Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’honneur pour « sa grande contribution au renforcement de la coopération entre la Russie et la France, en 2020, du titre de Commandeur de l’Ordre de l’Étoile d’Italie pour ses réalisations particulières dans le développement des relations amicales et de la coopération entre l’Italie et la Russie »… En 2010, il a été distingué par le comité du Forum Économique mondial comme « Jeune leader mondial ».
Mais qui est cet émissaire, ancien consultant en stratégie, sorti du chapeau ? Ukrainien de naissance (né à Kiev sous l’empire soviétique), Kirill Dmitriev part faire ses études en 1989, à l’âge de 14 ans aux États-Unis, ce qui en fait l’un des premiers étudiants d’échange ukrainiens. D’abord accueilli au Foothill College en Californie, il va ensuite intégrer Stanford (licence en économie), puis Harvard (MBA).
C’est à la suite de ses études supérieures que Kirill Dmitriev va entrer chez Goldman Sachs à New York, puis chez McKinsey au sein des bureaux de Los Angeles, Moscou et Prague.
Kirill Dmitriev rentre sous la Russie post-soviétique en 2000, DGA d’Information Business Systems (IBS) à Moscou, principale société de services informatiques de Russie, puis associé au sein du fonds russo-ukrainien Delta Private Equity Partners (2002-2007) et auprès du fonds d’investissement américano-russe The US Russia Investment Fund, puis président d’Icon Private Equity (2007-2010), principalement présent en Russie et en Ukraine.
Le lobbyiste siège parallèlement aux conseils d’administration de plusieurs entreprises russes : Gazprombank (banque privée), les chemins de fer (RZD), Transfnet (transport par pipeline), Rosseti (gaz), Rostelecom (services numériques)…
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