Liqueurs Monin, Conserveries La Belle-Îloise… : Mawenzi, poisson-pilote des ETI au sommet de l'État
Depuis décembre dernier, Mawenzi Partners aide le METI, Mouvement des ETI, dans sa mission : mettre les ETI au cœur du débat public économique.
Fin janvier dernier, le cabinet a accompagné le METI dans la réalisation d’une étude sur les 500 ETI qui ont été reçues par le Président de la République. Un événement inédit depuis la création de la catégorie en… 2008. Coulisses d’une mission atypique.
Les ETI, entreprises de taille intermédiaire, ont été « officialisées » il y a seulement douze ans, avec la création d’une catégorie INSEE dédiée. Avant, ces entreprises entre 250 et 4 999 salariés, avec un chiffre d’affaires compris entre 50 millions et 1,5 milliard d’euros, passaient sous les radars de la puissance publique. Elles n’existaient pas comme entités économiques entre l’énorme tissu des PME et les grands groupes français. En 2008, elles étaient 4 600 ; en 2019, on en dénombrait 5 400. Une catégorie pourtant encore largement sous-représentée au regard d’autres pays européens, comme l’Allemagne qui en compte près de 12 500.
Le METI, à l’origine de la création de la catégorie, fédère ces entreprises. Il porte leur voix et leurs enjeux dans le débat public et auprès du Gouvernement, des parlementaires et des élus locaux. En décembre dernier, le cabinet Mawenzi Partners, créé en 2011, avec son focus sur les leviers de croissance, a été chargé par le METI d’accompagner le plan de développement et de valorisation des ETI sur tout le territoire français. « Nous sommes un partenaire de croissance de ces acteurs et, parallèlement, nous connaissons les méthodologies et bonnes pratiques des grands groupes qui peuvent être source d’inspiration pour les ETI », pose Boris Imbert, l’un des trois associés du cabinet.
Dans ce cadre, Mawenzi Partners a réalisé une étude visant à dresser un état des lieux de la situation, des enjeux et des attentes autour de trois thématiques portées par le METI : travailler en France, produire en France, s’engager en France.
Le démarrage de la mission intervenait en amont d’un événement de taille pour les entreprises françaises de cette classe. À l’initiative du METI, 500 dirigeants d’ETI, les championnes des territoires, étaient ainsi présents au palais de l’Élysée, mardi 21 janvier. Depuis la création de cette catégorie en 2008, c’était la première fois que ces entreprises étaient conviées à l’Élysée par le Président de la République. « Pour toutes ces entreprises, c’est la reconnaissance du rôle crucial qu’elles jouent dans le développement économique et la cohésion sociale des territoires. C’est aussi une réelle prise de conscience qu’après leur reconnaissance statistique, il y a désormais une reconnaissance politique. Dans notre pays, qui reste encore bien centralisé, ces entreprises majoritairement familiales, ancrées dans les territoires, expertes et discrètes qui pèsent trois millions d’emplois devaient être mieux prises en compte par la puissance publique. Le discours du Président de la République marque donc un véritable tournant », reconnaît Alexandre Montay, délégué général du METI.
Pour Boris Imbert, elles ont des vocations multiples. « Elles promettent à la fois des emplois sur un vaste maillage territorial, une responsabilité sociétale et inclusive, un rôle supra-financier puisque leur raison d’être n’est pas uniquement de gagner de l’argent pour les actionnaires. Elles sont également très impliquées dans le mécénat… »
Radiographie de la filière
Pour mieux les connaître, le cabinet Mawenzi Partners a ainsi établi une cartographie des 500 ETI « championnes » sur tout le territoire français. Un portrait réalisé à partir d’un questionnaire en ligne adressé aux dirigeants d’entreprise et comportant près de 200 questions. « Au total, nous avons reçu plus de 350 réponses et avons ainsi pu construire un portrait à partir de cet échantillon. Cela veut bien dire que les ETI attendent aussi d’être écoutées et soutenues. Elles représentent 20 0000 sites en France, dont 80 % sont situés hors d'Île-de-France, pour un chiffre d’affaires cumulé de 170 milliards d’euros. Ces ‘’500 championnes’’ sont, pour moitié, dans le secteur de l’industrie, comptent environ un million de salariés, 86 % des emplois y sont en CDI. Ce qui est remarquable, c’est que 20 % d’entre elles sont centenaires, avec une moyenne d’âge est de 67 ans, et la plus vieille, le groupe Pochet, a 397 ans ! Ce capitalisme familial a aussi un fort potentiel d’investissement, 10 milliards en 2018, et d’exportation, 2/3 d’entre elles. Et 85 % sont engagées dans une politique volontariste RSE », complète Boris Imbert.
De belles histoires donc pour ces milliers d’entreprises du territoire et qui, pour certaines, parlent au plus grand nombre. Comme c’est le cas du groupe Monin, créé en 1912 par Georges Monin, au cœur du Berry, et qui produit et commercialise sirops, liqueurs et purées de fruits destinés en priorité aux professionnels. Aujourd’hui basée à Bourges, cette entreprise séculaire compte 600 salariés avec un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros. Autre ETI emblématique, Sothys est un institut de beauté créé en 1946, rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris. Aujourd’hui, Sothys est une marque implantée dans près de 120 pays, riche de 530 collaborateurs et réalisant 33 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ou encore, La Belle-Îloise, conserverie de poissons fondée en 1932 à Quiberon, est forte de 66 boutiques en France pour un chiffre d’affaires de 45 millions d’euros…
À la fois vitrine de la France à l’international et créatrices de richesse sur le territoire national, les ETI constituent ainsi un précieux vivier économique à préserver et à développer. « Elles sont face à trois défis : de croissance, de développement, écologique et digital, et doivent être politiquement soutenues », prévient Boris Imbert. Pour aider les ETI existantes à continuer à se développer dans un monde de plus en plus concurrentiel, mais aussi pour faire face aux nouveaux grands enjeux environnementaux, le plan de valorisation, mis en route avec le Gouvernement, doit maintenant se déployer. L’ambition est aussi de soutenir les PME les plus « matures » à évoluer comme ETI.
Prochaine étape, un tour de France des ETI
Dans les mois à venir, l’étape suivante du « Plan nation ETI » passe par la structuration du réseau des ETI dans le but d’accélérer le développement de ces entreprises. Avec des enjeux majeurs comme la fiscalité de la production qui ralentit les retours sur investissement des investisseurs français, la structuration de l’actionnariat de long terme, ou encore la création de réseaux régionaux d’ETI actifs pour renforcer l’attractivité des territoires. Mawenzi Partners doit ainsi, d’ici l’été, réaliser pour le METI une cartographie des 5 400 ETI françaises.
Par Barbara Merle pour Consultor.fr
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaire (0)
Soyez le premier à réagir à cette information
France
- 30/10/24
L’automne fait son œuvre au sein de la Firme, les feuilles tombent… et les partners aussi. Les nouveaux départs sont ceux de Flavie Nguyen et Thomas London.
- 29/10/24
Julia Amsellem, qui a rejoint l’entité de conseil en stratégie d’EY en 2017, et Étienne Costes, engagé depuis 2013, font partie des 17 membres du nouveau comex d’EY dans l’Hexagone.
- 23/10/24
C’est une étude coup de poing que le cabinet Oliver Wyman a réalisée à titre pro bono pour le collectif ALERTE (fort de 35 associations, dont Action contre la Faim, Médecins du Monde et ATD Quart Monde) dédié à la pauvreté et à l’exclusion. Elle est intitulée « Lutter contre la pauvreté : un investissement social payant. » L’une des conclusions plutôt contre-intuitive : combattre la pauvreté par des financements serait un investissement gagnant-gagnant, pour les personnes concernées comme pour l’économie nationale. Les analyses du président d’ALERTE, Noam Leandri, et de Jean-Patrick Yanitch, partner à la tête de la practice Service public et Politiques publiques en France.
- 15/10/24
Début octobre, deux nouveaux partners ont disparu de la liste des associés de la Firme : Guillaume de Ranieri, poids lourd du cabinet où il évoluait depuis 24 ans, et Xavier Cimino, positionné sur une activité stratégique.
- 07/10/24
Doté d’un parcours dédié presque exclusivement au conseil (BCG, Kearney, Accenture - entre autres), Mathieu Jamot rejoint le bureau parisien de Roland Berger.
- 03/10/24
Depuis avril 2024, les arrivées se succèdent : après Jean-Charles Ferreri (senior partner) et Sébastien d’Arco (partner), Thierry Quesnel vient en effet renforcer les forces vives, « pure strat » et expérimentées, d’eleven.
- 02/10/24
Minoritaires sont les cabinets de conseil en stratégie à avoir fait le choix de s’implanter au cœur des régions françaises. McKinsey, depuis les années 2000, Kéa depuis bientôt 10 ans, Simon-Kucher, Eight Advisory, et le dernier en date, Advention… Leur premier choix, Lyon. En quoi une vitrine provinciale est-elle un atout ? La réponse avec les associés Sébastien Verrot et Luc Anfray de Simon-Kucher, respectivement à Lyon et Bordeaux, Raphaël Mignard d’Eight Advisory Lyon, Guillaume Bouvier de Kéa Lyon, et Alban Neveux CEO d’Advention, cabinet qui ouvre son premier bureau régional à Lyon.
- 23/09/24
Retour sur la dynamique de croissance externe de Kéa via l’intégration capitalistique de Veltys – et le regard du PDG et senior partner de Kéa, Arnaud Gangloff.
- 23/09/24
Astrid Panosyan-Bouvet, une ancienne de Kearney, et Guillaume Kasbarian, un ex de Monitor et de PMP Strategy, entrent dans le copieux gouvernement de Michel Barnier, fort de 39 ministres et secrétaires d’État. Bien loin des 22 membres du premier gouvernement Philippe ; ils étaient 35 sous le gouvernement Attal.