Roland Berger : le boss sanctionné après une soirée d’É. Zemmour à son domicile
Olivier de Panafieu a accueilli à son domicile parisien un dîner de levée de fonds en soutien à la campagne d’Éric Zemmour, a révélé Mediapart. Il indique à Consultor qu’il s’agissait de l’organisation d’une soirée de conférence-débat à l’initiative de sa femme sans visée financière. Lundi 24 janvier, le cabinet a annoncé sa suspension.
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Mise à jour de l'article le lundi 24 janvier. La direction de Roland Berger Paris a transmis la déclaration suivante à Consultor : « La société Roland Berger a décidé de suspendre Olivier de Panafieu de ses fonctions de Managing Partner avec effet immédiat. Le bureau de Paris sera dirigé par une équipe de Partners, sous l’égide de Laurent Benarousse en tant que Managing Partner. » Laurent Benarousse, l’un des partners secteur public à Paris et patron du bureau de Casablanca, est membre du supervisory board de Roland Berger monde.
Le couple comptait également parmi les 1 000 invités VIP du premier meeting du candidat à Villepinte en décembre 2021.
Entre mai et novembre 2021, une série de dîners de levée de fonds a été organisée, à Paris mais aussi à l’étranger (Londres, Genève), en faveur de la candidature d’Éric Zemmour à la campagne présidentielle française, a appris Mediapart (voir l’article).
Un de ceux-là, le 9 novembre, est organisé par Valérie et Olivier de Panafieu. Ils convient à leur domicile parisien 30 personnes autour d’Éric Zemmour, selon les informations de Mediapart.
À ce même dîner étaient invités des cadres dirigeants de Vinci et Chanel, deux associés d’un grand cabinet d’avocats d’affaires parisien, ou encore l’ex-chanteur du groupe culte des années 1980 Partenaire Particulier, Pierre Beraud-Sudreau.
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Dans un portrait salé qui lui est consacré par l'hebdomadaire économique, Challenges annonce qu'Olivier de Panafieu, qui a pris à l’été la direction de la zone France et Europe du Sud-Ouest (il répondait à Consultor peu après en octobre), assumera dans quelques semaines des nouvelles fonctions de direction mondiale du cabinet dans un triumvirat qui emmènera l’ensemble des partners mondiaux. Depuis la démission surprise de Charles-Édouard Bouée début juin à Berlin, un groupe de cinq partners avait été installé au management intérimaire de Roland Berger : Stefan Schaible, le CEO délégué, Sascha Haghani, le CEO Allemagne, Autriche et Suisse, Tijo Collot d‘Escury, le managing partner des Pays-Bas, Satoshi Nagashima, le managing partner Japon et, donc, Olivier de Panafieu.
Une conférence-débat plus qu’une levée de fonds ?
« Mon épouse a eu l’occasion de rencontrer Éric Zemmour quand il n’était qu’écrivain en septembre 2021. C’est dans le cadre de la vente de ce livre qu’elle l’a invité à une conférence-débat, ce que j’ai accepté et dont j’étais plutôt un spectateur », indique-t-il à Consultor. Il précise que la visée première de la soirée, qui comptait 60 invités selon son estimation, était de débattre avec Éric Zemmour et que si des dons ont été faits à cette occasion ce n’était pas l’objectif affiché.
« J’ai pu participer à de nombreux autres débats de ce type avec des candidats à différentes élections présidentielles ou à la mairie de Paris. Cela permet d’en apprendre beaucoup intellectuellement, de passer le filtre médiatique, pour toucher les candidats en direct. Et j’avais, avant la parution de cette information, décidé d’organiser une soirée-débat du même type avec un candidat de l’autre bord à mon domicile », déclare-t-il, sans vouloir préciser de qui il s’agit.
Olivier de Panafieu dit ne pas avoir voulu répondre à Mediapart, jugeant faire l'objet d'un grave raccourci. Il a fait la déclaration suivante au média d’investigation en ligne via son avocat, Olivier Baratelli : « Je ne souhaite pas commenter mon droit individuel et strictement personnel, ni celui de mon épouse, à m’intéresser à la vie civique et démocratique de mon pays. S’il m’est arrivé de participer à divers événements de la vie démocratique pour différents partis, dont des dîners de levée de fonds, je l’ai toujours fait à titre personnel, et je souhaite par ailleurs déclarer que je n’ai aucune responsabilité officielle de près ou de loin dans un état-major de campagne présidentielle ; ni chez M. Zemmour ni chez aucun autre candidat. »
Valérie et Olivier de Panafieu comptaient également parmi les 1 000 invités VIP listés au premier meeting d’Eric Zemmour, le 5 décembre 2021. Il confirme à Consultor y avoir accompagné sa femme qui redoutait les violences qui s’y sont déroulées. « Ma femme y était. Elle avait peur des antifas. Elle m’a demandé de l’accompagner pour la soutenir », précise-t-il.
Un senior advisor de Roland Berger démissionne dans les 24h quand il devient directeur de campagne d’Éric Zemmour
Une soirée qui, défend Olivier de Panafieu, n’a rien à voir avec le fait que le directeur de campagne d’Éric Zemmour, Bertrand de la Chesnais, ancien général de l’armée de Terre (à la retraite depuis 2017), a été senior advisor de Roland Berger entre juillet 2018 et octobre dernier (relire notre article). « Il n’y a aucun lien. Nous avions été très surpris des fonctions de directeur de campagne prises par Bertrand de la Chesnais. Il avait aussitôt, dans les 24 heures suivantes, mis fin à ses fonctions de senior advisor au sein de notre cabinet », dit Olivier de Panafieu.
La soirée aurait-elle pu être organisée avec l’ambition implicite de se positionner auprès d’un candidat et peut-être de favoriser Roland Berger dont les missions dans le secteur public à haut niveau sont très nombreuses (relire notre article) ? Le cabinet a d’ailleurs été entendu mercredi 19 janvier 2022 par la commission d’enquête du Sénat sur l’influence des cabinets privés de conseil sur les politiques publiques.
« Pas du tout, ça ne m’a même jamais traversé l’esprit et c’est complètement inimaginable ! », tonne Olivier de Panafieu, qui rappelle les règles de neutralité politique auxquelles les salariés du cabinet sont tenues par un code de conduite interne explicite sur le sujet. « Roland Berger est distinct de ses employés, a fortiori des femmes de ses employés. Roland Berger a vocation à servir la cité et n’exprime aucune opinion politique », appuie Olivier de Panafieu.
S’est-il posé la question des possibles conséquences réputationnelles néfastes que pareille soirée pourrait avoir sur le cabinet si elle venait à être connue ? « Non, je ne me le suis pas dit, il est vrai. La soirée avait lieu le soir, dans le cadre de ma vie privée », reconnaît-il.
À entendre Olivier de Panafieu, la publication de Mediapart n’a pas de conséquences sur les fonctions de direction de la zone France et Europe du Sud-Ouest qu’il a prises à l’été 2019. Même s’il dit « comprendre que ça puisse créer de l’émoi ».
En attendant, il s’est tout de même entretenu sur le sujet avec le collège des partners parisiens du cabinet qui lui ont, selon lui, manifesté leur soutien. « Ils tiennent à ce qu’il n’y ait pas d’amalgame entre la vie privée d’une citoyenne et l’employeur d’un citoyen », rapporte Olivier de Panafieu, qui indique, interrogé sur ce point par Consultor, que la poursuite de son mandat n’est pas du tout en question.
Aristo et grande gueule
Olivier de Panafieu a tout du « BCBG d’HEC », comme il était décrit par Challenges dans un portrait salé (relire notre article). Son oncle Guy de Panafieu est l’ancien patron de Bull, et sa femme, Françoise de Panafieu, la femme politique bien connue — par laquelle Olivier de Panafieu peut avoir accès au puissant réseau familial des descendants de Wendel, ces maîtres de forges qui ont donné au pays une série de dirigeants politiques et économiques (lire l'article du Monde du 24 décembre 2019). Jean de Panafieu, son père, est polytechnicien et a fait une carrière d'industriel. Quant à sa mère Béatrice de Panafieu, on ne lui connaît pas d'activité professionnelle mais Olivier de Panafieu indique qu'elle lui a transmis la passion de la chasse à courre.
Olivier de Panafieu, dans un univers du conseil en stratégie connu pour son fort taux de testostérone, est aussi volontiers décrit comme machiste : au point, selon Challenges toujours, qu'un chaperon l’accompagne toujours lors des soirées professionnelles pour éviter qu’il ne dérape.
Son ticket pour le conseil, il l'obtient à la sortie d'HEC. Il décroche son premier job en 1994 chez Kearney (alors A.T. Kearney) en mettant en avant son service militaire en Guyane dans le 3e régiment étranger d’infanterie.
Arrivé au tout début du bureau parisien de Roland Berger, dans un appartement de l’avenue Georges-V, Olivier de Panafieu a participé à la phénoménale croissance du champion européen du conseil. Partner à 35 ans, il a beaucoup œuvré sur la stratégie des géants français de la grande distribution, que ce soit sur le dossier Rallye-Casino, la relance des Galeries Lafayette avec Philippe Houzé au début des années 2000 ou, plus récemment, sur la redéfinition d’un plan pour le groupe Auchan.
À son actif aussi, l’organisation du « grand débat national » ouvert après la crise des « gilets jaunes » et le traitement du million de contributions, parfois écrites à la main. Ou encore le dossier de l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve, dans les Hauts-de-France, menacée de fermeture.
« Mon métier est de m’intéresser à mes clients. Je n’affiche aucune opinion politique dans ce cadre et personne ne le fait dans notre cabinet. Il n’y a rien à conclure de cette soirée me concernant », dit-il encore à Consultor.
Si le cabinet avait d'ailleurs un temps envisagé d’éplucher publiquement les propositions économiques des différents candidats à la présidentielle 2022, il a finalement renoncé à le faire. Bien lui en a peut-être pris.
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