McKinsey juge de paix des ambitions golfiques de l’Arabie saoudite
Début 2021, le cabinet a été missionné pour évaluer la probabilité de faire atterrir en quelques années le LIV, le circuit international de golf porté par l’Arabie saoudite. Un pari pour l’instant loin d’être gagné et qui tourne au pugilat avec la concurrence.
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Lorsque début 2021, le fonds souverain saoudien (au sein duquel un partner du concurrent, le Boston Consulting Group, est actuellement très en cour) se tourne vers McKinsey, il n’y a là rien de très nouveau. Le cabinet, au même titre que nombre de ses concurrents, intervient très régulièrement pour les dirigeants saoudiens, et ce depuis les années 1970.
Mais cette fois-ci, le sujet est particulièrement atypique : le royaume wahhabite souhaite sonder le cabinet sur la probabilité de se transformer en un leader mondial du golf professionnel.
En 2022, le royaume a lancé LIV, un circuit distribué sur sept tournois disputés en trois tours (LIV correspondant au chiffre romain 54, soit la somme de trois parcours de 18 trous).
En amont, le rôle du cabinet consiste notamment à passer en revue les métriques financières de pareil circuit de golf. Tout en prenant quelques précautions : ainsi, le cabinet insiste-t-il dans le rapport, dont le New York Times a pris connaissance, qu’il n’examinerait pas la pertinence stratégique de la création d’un circuit de golf… Ce qui pour un cabinet de conseil en stratégie peut surprendre !
Ainsi, les hypothèses du développement d’un tel circuit « ont été prises pour acquises et n’ont pas été remises en question dans notre évaluation », écrivent les consultants dans leur livrable.
McKinsey se cantonne donc à établir trois scénarios quant au développement de LIV : celui d’une start-up sans réel décollage ; celui d’une coexistence avec le PGA, la Professional Golfers Association, principal organisateur des tournois de golfs professionnels aux États-Unis, au Canada, mais aussi en Amérique Latine ou en Chine ; enfin, celui, plus ambitieux, d’une prédominance sur le golf mondial.
Dans ce scénario le plus favorable, McKinsey tablait sur des revenus de l’ordre de 1,4 milliard de dollars en 2028 et un EBITDA de 320 millions de dollars ou plus – nettement au-delà des 73 millions de dollars du PGA en 2019.
A contrario, dans le cas d’un développement beaucoup plus restreint, McKinsey prévoyait une perte de 355 millions de dollars en 2028.
C’est plutôt ce dernier scénario qui se dessine pour l’heure : la première saison du LIV s’est soldée sur une perte de 750 millions de dollars, et la ligue n’a pour l’heure pas annoncé de partenariat d’ampleur.
Des résultats peu surprenants tant les objectifs à atteindre pour développer les circuits sont ambitieux, comme le rappelait McKinsey dans son rapport. Douze des plus prestigieux golfeurs mondiaux devraient s’enrôler dans le circuit international de tournois envisagés par l’Arabie saoudite, des sponsors devraient être attirés sur la base d’une audience inexistante et des contrats télé signés pour un sport dont l’audimat est globalement déclinant.
Si 68 joueurs ont signé en faveur du LIV, seuls quatre des rock stars visées ont sauté le pas – Tiger Woods allant même jusqu’à décliner un chèque de 800 millions de dollars. LIV envisage à présent d’organiser quatorze épreuves en 2023.
Comme le rappelle Corse Matin le 13 décembre, face à la menace d’un circuit qui se veut à terme beaucoup plus mondial que le PGA, ce dernier a riposté avec son pendant européen (DP World Tour) et l’organisme qui gère le classement mondial (OWGR) : augmentation des dotations, exclusion des joueurs dissidents, aucun point OWGR distribué sur le LIV. Le PGA exerce par ailleurs une pression sur les tournois du Grand Chelem (Masters, US Open, British Open et PGA Championship), indépendants, pour qu’ils refusent les joueurs du LIV.
En réponse, une escalade judiciaire est en cours. Mi-novembre, le LIV annonçait avoir déposé une deuxième plainte contre le PGA en recours collectif pour conspiration visant à détruire le LIV Golf et ses joueurs-membres à leurs débuts, rapportait l’AFP.
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