McKinsey : la réélection du boss monde compromise, l’ex-patron France encore en lice
Réduction d’effectifs, concentration du pouvoir de décision, vérification des clients… les sujets d’animosité des 750 seniors partners de la firme à l’endroit de leur primus inter pares sont nombreux. La réélection de Bob Sternfels devait être une formalité. Elle est beaucoup plus laborieuse que prévu et met en lumière plusieurs sujets de dissension.
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Une réélection plus dure que prévu. La reconduction de Bob Sternfels, le patron de McKinsey depuis juillet 2021 qui est candidat à un second mandat, devait être une formalité. Il n’en est rien.
Le mode de scrutin chez McKinsey prévoit que les senior partners peuvent voter pour le candidat de leur choix parmi l’ensemble des seniors partners. À condition que cette personne puisse effectuer un mandat complet avant d’avoir 60 ans.
Or, lors du premier tour qui s’est tenu récemment, plus de la moitié des 750 senior partners de la firme ont voté pour d’autres candidats, selon des sources internes interrogées par le Financial Times.
Jusqu’à trois tours de scrutin sont possibles. Sans candidat qui obtient plus de 50 % des voix, les 10 premiers noms vont au second tour.
Pour le second tour de vote qui aura donc lieu prochainement, les candidats suivants restent en course selon la liste que le FT a consultée :
- Carter Wood, chief risk officer
- Rodney Zemmel, global leader de McKinsey Digital
- Asutosh Padhi, patron de McKinsey Amérique du Nord
- Liz Hilton Segel, chief client officer
- Eric Kutcher, chief financial officer
- Virginia Simmons, ancienne patronne de McKinsey au Royaume-Uni
- Oliver Tonby, ex-vice-président de McKinsey en Asie
- Gassan Al-Kibsi, le patron de McKinsey au Moyen-Orient
- et Homayoun Hatami, l’ancien managing partner pour la France
Pourtant, selon des sources internes, Bob Sternfels était largement considéré comme le grand favori avant le vote. Mais ce scrutin a mis en lumière des débats internes sur la gouvernance du cabinet et sa performance financière.
Bob Sternfels est affaibli par l’annonce d’un plan de départ de 1 400 personnes parmi les fonctions supports – une première dans l’histoire du cabinet. Le plan avait fait sourire dans la concurrence et parmi la clientèle de la part d’une société censée conseiller sur la croissance et qui n’a pas su gérer la sienne. « C’est comme un cordonnier qui ne sait pas chausser ses enfants », persiffle un ancien senior partner interrogé par le FT.
Pour certains, ces départs ne sont pas allés assez loin. Pour d’autres, ils n’ont pas apporté assez de bénéfices par rapport aux coûts du départ de salariés parfois anciens et dévoués ; et le plan de départ a été défini et opéré de manière unilatérale donnant le sentiment d’une concentration trop importante du pouvoir de décision.
Autre sujet d’animosité, le contrôle des clients avec lesquels les partners peuvent ou ne peuvent pas travailler. En cela, Bob Sternfels poursuit l’ouvrage de son prédécesseur Kevin Sneader qui avait mis en place des process de mesure de l’acceptabilité des clients et des sujets, pour éviter la répétition des nombreux scandales qui ont émaillé la réputation de l’entreprise ces dernières années. « Les partners de McKinsey n’aiment pas avoir un patron. À présent, ils peuvent avoir le sentiment que quelqu’un regarde en permanence par-dessus leur épaule », dit une source du FT.
Le profil même de Bob Sternfels est aussi en cause. Les sources de FT évoquent des questions quant à la capacité de la personnalité de Bob Sternfels à répondre adéquatement aux enjeux climatiques ou encore d’IA auxquels gouvernements et entreprises devront faire face. « Je suis sûr qu’il y a un désir pour une personnalité qui parlera de manière plus convaincante et plus excitante de ce que fait la firme », dit un ex-senior partner.
Enfin, cette levée de boucliers intervient dans une conjoncture de marché moins favorable au marché du conseil. Ce qui a conduit McKinsey à réduire le nombre de promotions au rang de partners et à couper dans les packages de rémunération des partners déjà promus.
Si Bob Sternfels n’était pas réélu, il serait le second dirigeant de McKinsey dans ce cas de figure dans l’histoire récente du cabinet. Son prédécesseur, Kevin Sneader, avait connu ce sort, le premier à ne pas être réélu depuis 1976. Il avait alors notamment été sanctionné pour les grosses indemnités financières que McKinsey avait accepté de payer (pas loin du milliard de dollars à ce jour) pour sa responsabilité dans les centaines de milliers de décès intervenus aux États-Unis du fait de la surconsommation d’antidouleurs (opioïdes).
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