le media indépendant du
conseil en stratégie

icone burger fermee

rechercher sur le site

icone recherche

Oliver Wyman au chevet des réfugiés

 

Qu’est-ce que le secteur privé peut faire pour favoriser l’intégration des réfugiés en Europe ? Leur donner des opportunités d’emplois, défend le cabinet de conseil Oliver Wyman dont l’initiative d’embauche de réfugiés est ouverte depuis deux ans. Si elle a effectivement conduit au salariat de plusieurs personnes réfugiées en Europe dans différents bureaux d’Oliver Wyman, l’initiative a été beaucoup plus réduite que prévu et se heurte à des difficultés inattendues.

 

11 Déc. 2017 à 07:42
Oliver Wyman au chevet des réfugiés

 

Juin 2016. Le président Obama appelle le secteur privé à s’engager davantage en faveur de la crise des migrants. Avec 65 millions de personnes déplacées cette année-là, les tensions migratoires atteignent un plus haut historique, selon les données compilées par l’Agence des Nations unies pour les migrants. Une cinquantaine de compagnies privées répondent à cet appel (Airbnb, Google, Facebook, Goldman Sachs, Coursera…). Accenture, McKinsey et Oliver Wyman comptent parmi elles.

Un objectif initial ambitieux

« En 2015, Scott [McDonald, le CEO d’Oliver Wyman] avait fait part de son émotion à propos de la crise des migrants », se souvient Lyndsay Anderson, en charge des ressources humaines au bureau de Dubaï, qui a mis sur pied une approche au recrutement de réfugiés qualifiés au sein du cabinet.

L’objectif est clair et semble atteignable : rendre possible le plus grand nombre d’embauches dans les rangs du cabinet. Mais en septembre 2017, deux ans après avoir lancé son initiative, le même Scott McDonald faisait état d’une dizaine d’embauches, deux dans des fonctions de consultants et sept dans des fonctions support.

Pourquoi si peu ? Les obstacles sont multiples. D’abord, le chemin est semé d’embûches d’un point de vue administratif, à commencer par l’obtention de visas ou de permis de travail. Puis, les organisations humanitaires avec lesquelles Oliver Wyman s’est mis en lien, pour trouver de possibles recrues, ne sont pas vraiment à la recherche de compétences professionnelles lorsqu’elles s’occupent de réfugiés. Elles sont déjà suffisamment dépassées par des missions de premiers secours, de logement ou de soin. Quand bien même par exemple un tiers des migrants qui arrivent aux États-Unis ont un diplôme supérieur.

La porte reste ouverte

Viennent aussi les difficultés à valoriser des acquis académiques ou professionnels dans des zones géographiques où le cabinet n’a absolument pas l’habitude de recruter. « On a rapidement réalisé que ce ne serait pas si simple que cela. C’est un défi d’alimenter la filière de recrutement de réfugiés », résume Lyndsay Anderson.

Pas d’objectifs quantitatifs de recrutements pour l’avenir, mais la porte reste ouverte assure le cabinet qui travaille par exemple avec Transitions, une ONG britannique spécialisée dans l’intégration professionnelle des personnes bénéficiant du statut de réfugiés au Royaume-Uni.

En France, Oliver Wyman développe un autre mode d’action pour aider l’embauche de réfugiés. Le cabinet travaille pro bono pour France Terre d’Asile qui intervient dans les centres d’accueil des demandeurs d’asile (CADA).

Projet pilote avec France Terre d'Asile

« Nous avons proposé un projet pilote à France Terre d’Asile, qui consiste à faire du mentorat professionnel auprès de réfugiés en France, dont le statut a été accordé par l’Office français de protection des réfugiés et qui sont en recherche d’opportunités professionnelles qualifiées », raconte Pierre Boy de la Tour, Principal à Paris.

Il est en charge du pro bono pour Oliver Wyman à Paris, c’est-à-dire les activités philanthropiques du cabinet. Des équipes dédiées s’y consacrent à tour de rôle sur des durées de trois mois et à raison de quatre projets par an pour le bureau de Paris.

Chaque équipe compte un partner, épaulé d’un associate ou d’un engagement manager, à temps très partiel, et un consultant junior à temps complet. Dans le cadre de ce projet pilote, qui n’était pas une mission pro bono à part entière, cinq réfugiés en recherche d’emploi ont ainsi pu être suivis par les consultants d’Oliver Wyman avec l’objectif de les aider à adapter leurs compétences au marché du travail en France.

Ainsi de ce professeur d’anglais en Syrie qui souhaitait retrouver un poste équivalent dans l’Hexagone. « Il n’avait pas le statut pour pouvoir prétendre à un poste d’enseignant. Nous l’avons donc réorienté vers des fonctions de traducteur et d’interprète », dit Pierre Boy de la Tour.

Élargir à des niveaux de qualification moins élevés

Mais là aussi le filon s’est vite tari, faute de compétences suffisamment qualifiées pour lesquelles des conseils en orientation de la part de consultants auraient pu être utiles. Le gros des profils que France Terre d’Asile cherchait à caser se destinait à des positions moins qualifiées. Ce sont ces profils qu’Oliver Wyman veut désormais atteindre dans une version étendue de son initiative, en mettant à profit son réseau de grandes entreprises clientes dont les besoins en recrutement ne trouvent pas toujours preneurs.

Benjamin Polle pour Consultor.fr

 

Pierre Boy de la Tour
11 Déc. 2017 à 07:42
tuyau

Un tuyau intéressant à partager ?

Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !

écrivez en direct à la rédaction !

commentaire (0)

Soyez le premier à réagir à cette information

1024 caractère(s) restant(s).

signaler le commentaire

1024 caractère(s) restant(s).
10 + 3 =

France

  • BCG : Guillaume Charlin sur le départ
    18/11/24

    L’un des ténors du BCG en France, Guillaume Charlin, 54 ans, patron du bureau de Paris entre 2018 et 2022, serait en passe de quitter le cabinet.

  • Alerte rouge : la com de crise au secours des cabinets de conseil
    15/11/24

    Toutes les entités de conseil en stratégie ne subissent pas d’incendies simultanés, comme McKinsey, mais chacune peut y être exposée. La communication de crise dispose-t-elle d’antidotes ? Éléments de réponse avec Gantzer Agency, Image 7, Nitidis, Publicis Consultants - et des experts souhaitant rester discrets.

  • Un partner d’Oliver Wyman se lance à son compte
    15/11/24

    Le partner Retail/Consumer Goods d’Oliver Wyman, Julien Hereng, 49 ans, a quitté tout récemment la firme pour créer son propre cabinet de conseil en stratégie et transformation, spécialisé dans les secteurs Consumer Goods, Luxe et Retail, comme il le confirme à Consultor.

  • Missions strat’ ESG : go ou no go ?
    13/11/24

    À l’heure où les premiers engagements d’entreprises en termes d’ESG pointent leur bout du nez (en 2025), comment les missions de conseil en stratégie dédiées ont-elles évolué ? Toute mission n’est-elle pas devenue à connotation responsable et durable ? Y a-t-il encore des sujets zéro RSE ? Le point avec Luc Anfray de Simon-Kucher, Aymeline Staigre d’Avencore, Vladislava Iovkova et Tony Tanios de Strategy&, et David-Emmanuel Vivot de Kéa.

  • Tir groupé pour le partnership français du BCG qui s’enrichit de 5 associés
    11/11/24

    Si Arnaud Bassoulet, Florent Berthod, Sophie Gebel et Marion Graizon ont toutes et tous rejoint le BCG il y a plus de six ans… parfois plus de dix, Lionel Corre est un nouveau venu ou presque (bientôt trois ans), ancien fonctionnaire venu de la Direction du Trésor.

  • Trois promotions et un transfert : 4 nouveaux partners pour McKinsey en France
    08/11/24

    Trois des heureux élus sont en effet issus des effectifs hexagonaux de la Firme : Jean-Marie Becquaert sur les services financiers, Antonin Conrath pour le Consumer, et Stéphane Bouvet, pilote d’Orphoz. Quant à Cassandre Danoux, déjà partner Stratégie & Corporate Finance, elle arrive du bureau de Londres.

  • Le partnership français de McKinsey perd 7 associés en 2 mois
    30/10/24

    L’automne fait son œuvre au sein de la Firme, les feuilles tombent… et les partners aussi. Les nouveaux départs sont ceux de Flavie Nguyen et Thomas London.

  • Deux associés EY-Parthenon propulsés au comex d’EY France
    29/10/24

    Julia Amsellem, qui a rejoint l’entité de conseil en stratégie d’EY en 2017, et Étienne Costes, engagé depuis 2013, font partie des 17 membres du nouveau comex d’EY dans l’Hexagone.

  • Pauvreté : l’étude choc d’Oliver Wyman
    23/10/24

    C’est une étude coup de poing que le cabinet Oliver Wyman a réalisée à titre pro bono pour le collectif ALERTE (fort de 35 associations, dont Action contre la Faim, Médecins du Monde et ATD Quart Monde) dédié à la pauvreté et à l’exclusion. Elle est intitulée « Lutter contre la pauvreté : un investissement social payant. » L’une des conclusions plutôt contre-intuitive : combattre la pauvreté par des financements serait un investissement gagnant-gagnant, pour les personnes concernées comme pour l’économie nationale. Les analyses du président d’ALERTE, Noam Leandri, et de Jean-Patrick Yanitch, partner à la tête de la practice Service public et Politiques publiques en France.

Super Utilisateur
France
mckinsey, probono, réfugiés, mécénat, allemagne, oliver wyman, Lutz Diwell
3414
Pierre Boy de la Tour
2021-11-01 17:26:50
0
Non
France: Oliver Wyman au chevet des réfugiés
à la une / articles / Oliver Wyman au chevet des réfugiés