le media indépendant du
conseil en stratégie

icone burger fermee

rechercher sur le site

icone recherche

Relations Acheteurs / Consultants : le simulacre de bonne entente

 

Consult’in France vient de publier son baromètre 2015 des achats de conseil. 

Prix, pratiques de référencement ou segmentation insatisfaisante du marché... il existe encore de nombreux points d’achoppement entre consultants et acheteurs.

 

07 Déc. 2015 à 15:07
Relations Acheteurs / Consultants : le simulacre de bonne entente

 

Les relations entre acheteurs et consultants ? « Elles ne sont pas forcément conflictuelles, mais elles sont de toute évidence asymétriques sur un marché qui place un petit nombre de donneurs d’ordre face à une pléthore d’offres », résument pudiquement les auteurs du sixième baromètre des achats de conseil.

Publiée le 25 novembre par Consult’in France (ex-Syntec Conseil en Management), cette sixième édition du baromètre a été menée auprès de 149 personnes, parmi lesquelles 60 % de consultants et 40 % d’acheteurs. Dans cette nouvelle édition, 40 % des ces acheteurs et 14 % des consultants constatent une évolution positive de leurs relations. Dans le détail, 47 % des premiers saluent une professionnalisation croissante des cabinets, et 29 % des autres voient dans la montée en maturité des services achats un premier pas vers de meilleures relations.

Points de crispation

Les deux parties s’accordent cependant à trouver leurs relations encore difficiles. En cause notamment, le poids de la crise et une connaissance jugée insuffisante des spécificités du conseil. « L’accès plus direct des cabinets en stratégie au top management des clients leur permet de s’affranchir plus facilement des acheteurs », commente Éric Dupont, associé chez PMP Conseil. Principal point de crispation : les prix.

Sans surprise, les acheteurs admettent que les tarifs pèsent pour 47 % dans leur décision d’achat. « C’est un motif d’inquiétude persistant pour les consultants. Ils s’alarment autant de la réduction des marges des PME que sont majoritairement les cabinets de conseil, que du risque de ne plus être en mesure d’assurer leur rôle de formateur auprès des consultants qui sont appelés à devenir les leaders économiques de demain », soulignent les auteurs de l’étude.

Éviter le conseil low cost

Lancé en 2008, le baromètre des achats de conseil figure parmi la panoplie d’outils mis en place par le groupe achats de Consult’in France. Ce groupe de travail a été créé en 2004 justement en réaction aux pratiques de cost-killing croissantes dans le domaine des prestations intellectuelles. Reste que pour les cabinets, la question de la valeur du conseil dépasse celle du prix. Ils estiment en effet jouer un rôle en tant qu’acteurs clés de la création de valeur dans l’économie.

Le baromètre pointe d’ailleurs la bonne réceptivité des acheteurs devant la notion de RSE ou la valeur des cabinets en termes de développement des talents. 80 % considèrent que la capacité à recruter et former des jeunes est un marqueur de performance des cabinets. Malgré tout, les efforts des acheteurs pour prendre en compte d’autres arguments que le prix sont insuffisamment ressentis par les consultants.

Intérimaires de luxe

Autre constat : l’approche par taux journaliers (moyens ou par profils) est adoptée par la moitié des acheteurs. Une pratique qui renforce le sentiment croissant des dirigeants du conseil d’être traités comme des forces d’appoint par les entreprises. Pour les prestations de conseil en management, les acheteurs sont deux fois plus nombreux que dans la précédente édition de 2013 à procéder de la sorte. « C’est moins vrai dans le conseil en stratégie que dans les missions de définition d’organisation ou de mise en œuvre. Cependant, ces pratiques impactent toute la chaîne du conseil, car un certain nombre d’acheteurs ont tendance à avoir un réflexe d’achat dans une logique de régie plutôt que de conseil », nuance Éric Dupont.

Sourcing panaché

La méfiance des consultants est également de mise face au recours croissant au référencement. 71 % d’entre eux estiment que le référencement n’a pas contribué à améliorer leurs relations avec les acheteurs. Au contraire, il est vu comme une barrière pour les cabinets de petite ou moyenne taille. Surtout, le référencement est vécu comme une perte de temps excessive. En moyenne, les cabinets interrogés évaluent le temps consacré au référencement à 17 % du coût total de l’effort commercial sur un an. De fait, trois acheteurs sur cinq admettent avoir mis en place un référencement.

Cependant, même dans ce cas-là, 51 % disent pratiquer le sourcing ouvert pour chaque consultation. Alors que le taux de satisfaction des acheteurs concernant le référencement atteint les 75 %, seule une poignée d’entre eux exprime sa défiance. Leurs arguments rejoignent alors ceux des consultants. « Pour cette minorité, le référencement est non seulement peu concluant en termes de gains d’efficacité, mais surtout il est incompatible avec l’activité même de conseil : la forte proportion de petites structures sur le marché comme le rythme accéléré de l’innovation, paraissent incohérents avec une pratique de sourcing de long terme privilégiant les gros cabinets », notent les auteurs de l’étude.

Sur le terrain, des pratiques de sourcing panaché mixant référencement et sourcing au cas par cas semblent cependant s’installer.

Une segmentation par livrables et compétences

Le baromètre 2015 fait un focus sur la segmentation du marché. Les trois quarts des acheteurs disent faire référence à une segmentation, notamment par métiers ou domaines fonctionnels. Sauf que près de la moitié des consultants semblent l’ignorer. Pour faire converger ces deux approches, le groupe de travail achats de Consult’in France a élaboré une matrice afin de revoir la segmentation non pas selon les métiers et les domaines fonctionnels, mais selon les livrables et les compétences.

« Nous distinguons trois grandes phases du conseil : la “stratégie”, qui indique à nos clients la voie à suivre et qui éclaire la prise de décision ; le “cadrage”, c’est-à-dire le travail d’organisation qui va permettre de décliner la stratégie ; et enfin, “l’accompagnement”, qui correspond à la mise en place des outils et des processus pour atteindre les objectifs fixés par la stratégie », détaille Bertrand Molinier, associé chez Enza Conseil.

À ce sujet, Éric Dupont voit dans les résultats du baromètre des signes encourageants. « On constate une certaine convergence entre acheteurs et consultants sur les livrables clés retenus dans la matrice », assure-t-il. Reste maintenant à savoir comment l’ensemble des consultants comme les acheteurs s’approprieront cet outil.

Gaëlle Ginibrière pour Consultor.fr

 

Eric Dupont
07 Déc. 2015 à 15:07
tuyau

Un tuyau intéressant à partager ?

Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !

écrivez en direct à la rédaction !

commentaire (0)

Soyez le premier à réagir à cette information

1024 caractère(s) restant(s).

signaler le commentaire

1024 caractère(s) restant(s).
8 - 3 =

France

  • Objectif durable pour Accuracy Strategy et sa nouvelle associée
    20/12/24

    Elle a rejoint le cabinet en septembre 2023 et vient d’être nommée partner : Sophie Chassat a désormais pour mission de soutenir le développement d'Accuracy sur les enjeux de transition.

  • Les bureaux parisien et lyonnais de McKinsey perdent 3 associés
    18/12/24

    McKinsey France enregistre trois nouveaux départs : le senior partner Pierre-Ignace Bernard, près de 30 ans de maison, ainsi que les partners Jérémie Ghandour, arrivé en 2013, et Timothée Fraisse, qui avait rejoint le cabinet en 2018.

  • Bain prend ses aises au sein du très chic Espace Kléber
    16/12/24

    Depuis décembre 2017, Bain & Company occupe plusieurs étages de cet ensemble immobilier situé au 25 de l’avenue éponyme. Plus de 1 000 mètres carrés supplémentaires vont s’ajouter aux 4 500 mètres carrés dédiés au cabinet jusqu’à présent.

  • Le fondateur de Circle prend la direction d'un futur Netflix du gaming
    13/12/24

    Augustin van Rijckevorsel, l’iconoclaste et hyperactif fondateur et ancien CEO de Circle Strategy (jusqu’en 2023), devenu producteur de musique et investisseur, s’est lancé dans une nouvelle aventure.

  • Le cost killer Musk fait-il des émules en France ?
    10/12/24

    Cost killing. Après l’avoir mis en pratique au sein de X, de Tesla et de SpaceX, Elon Musk l’annonce comme sa future success-story à la tête de l’efficacité gouvernementale. Un buzz mondial. La méthode « à la hache » muskienne fait elle des émules parmi les dirigeants français en mal de productivité dans un contexte économique et géopolitique actuel pour le moins instable ? Veulent-ils, peuvent-ils s’en inspirer ? Le point de vue de quatre partners de cabinets intervenants sur la délicate question de réduction des coûts : Alban Neveux d’Advention, Romain Grandjean d’Avencore, Paul-André Rabate de CVA, et Thomas Chevre de Strategia Partners.

  • Kéa finalise la première phase de son plan de croissance en se rapprochant de Learn Assembly
    09/12/24

    Le nouvel entrant au sein du groupe Kéa est un cabinet spécialiste des stratégies de développement des compétences; qui accompagne tant les acteurs institutionnels de l'emploi et de la formation que les grands groupes privés.

  • Un partner à la retraite mobilise les donateurs américains pour Notre-Dame
    06/12/24

    Jean-Hugues Monier, une vingtaine d’années chez McKinsey, est un partner français basé à New York parti récemment en retraite. Il a coordonné un vaste mouvement de solidarité de la part d’une ONG américaine, Friends of Notre-Dame-de-Paris, qui a grandement participé à la reconstruction de notre emblème national, en partie détruite par le feu en 2019. Il est même personnellement très impliqué dans cette association caritative en qualité de membre du conseil d’administration.

  • Oliver Wyman : trois nouveaux associés à Paris
    05/12/24

    Les heureux élus se nomment Laure Charpentier, Bastien Godrix et Thibault Rochet, tous issus de l’interne. Au niveau mondial, Oliver Wyman annonce 45 élections de partners et directeurs exécutifs.

  • Enquête : plongée dans la clientèle de McKinsey en France
    03/12/24

    C’est l’un des secrets les mieux gardés par tout cabinet de conseil, a fortiori par McKinsey… Identité des grands groupes conseillés par le cabinet de conseil, clients faisant les belles heures du bureau parisien : Consultor lève le voile. 

Super Utilisateur
France
Consult'in, Consult'in France, syntec, Eric Dupont, PMP Conseil, baromètre, talents, référencement, recruter, Bertrand Molinier
3345
Eric Dupont
2021-10-31 22:06:07
0
Non
France: Relations Acheteurs / Consultants : le simulacre de
à la une / articles / Relations Acheteurs / Consultants : le simulacre de bonne entente