Roland Berger échafaude la parole citoyenne, acte 3
C'est un marché lancé au printemps 2021 par le Centre interministériel de la participation citoyenne (CIPC) pour l’accompagner dans la conception, la mise en œuvre et le suivi de dispositifs de participation citoyenne Le cabinet Roland Berger a été choisi parmi neuf offres, pour une enveloppe totale de 180 000€ HT.
Le marché, estimé à hauteur de 2,7 millions d’euros au total, est divisé en quatre lots. Roland Berger a été choisi pour travailler sur le lot n°4, à savoir le pilotage des dispositifs de concertation, de capitalisation et de valorisation des résultats. Fait notable : le grand cabinet de conseil en stratégie international partage le gâteau du lot avec un petit cabinet francilien de conseil en formation et gestion du personnel, Formation Coaching.
Ce n’est pas une première pour Roland Berger dans la réflexion sur les modalités de participation citoyenne, devenue une composante essentielle aux yeux du pouvoir. Le cabinet avait travaillé en 2019 à la synthèse papier des contributions du « grand débat » à la demande du ministère de la Transition écologique et solidaire (relire ici), et plus récemment, en septembre dernier, à l’organisation de la conférence sur l’avenir de l’Europe (là).
Roland Berger intervient cette fois pour le compte de cette récente structure, le CIPC (Centre interministériel de la participation citoyenne), créée en 2019 quelques mois après le début du mouvement des Gilets Jaunes, au sein de la DITP (Direction interministérielle de la transformation publique, le référent des cabinets de conseil). Sa vocation : l’accompagnement stratégique et méthodologique des ministères et des services de l’État qui souhaitent associer les citoyens à l’élaboration des politiques publiques. Le CIPC anime entre autres la plateforme participation-citoyenne.gouv.fr. « Nous accompagnons les administrations, d’un point de vue stratégique et méthodologique, en s'assurant d'une part que les résultats de la concertation seront pris en compte dans la décision, et d’autre part que les modalités de la démarche réunissent bien des conditions de délibération », assure Typhanie Scognamiglio, la responsable du CIPC.
Roland Berger doit ainsi aider à la mise en place de dispositifs de participation sur-mesure pour les ministères et les services de l’État. Mais le CIPC n’est pas la seule organisation publique à orchestrer la parole des citoyens français : il y a aussi le CNDP, Centre national du débat public, et le CESE, Conseil économique social et environnemental. Une brique de plus dans l’imbroglio des structures étatiques chargées notamment de coordonner la commande publique auprès des cabinets de conseil, et en particulier en termes de participation citoyenne. « Cet empilement de sigles et d’acronymes traduit l’embarras du gouvernement vis-à-vis de dispositifs de concertation citoyenne qu’il n’arrive pas à maîtriser », commentent Caroline Michel-Aguirre et Matthieu Aron, les auteurs de « Les infiltrés : comment les cabinets de conseil ont pris le contrôle de l’État », qui paraît ces jours-ci aux éditions Allary.
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