Tempête sur la mission « Climat » du BCG
Décidément, la loi Climat ne cesse de faire polémique et le navire exécutif est en train de connaître le déchaînement des éléments pour la deuxième fois en quelques semaines.

Premier épisode : avant même d’arriver en discussion au Parlement, la loi Climat et Résilience – et son objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici 2030 – , a été fustigée par bon nombre d’acteurs, politiques de tous bords, associations environnementales, membres de la Convention citoyenne… Deuxième épisode : pour répondre à la première pluie de critiques, l’exécutif, jugé globalement « anti-environnemental », a missionné le Boston Consulting Group pour réaliser une étude d’impact, « Évaluation d’impact des mesures prises depuis 2017 sur la réduction des gaz à effet de serre en France à horizon 2030 », portant sur les mesures prises depuis le début du quinquennat et prenant en compte les autres lois déjà votées (lire ici). Cette étude, rendue publique par le gouvernement le 10 février dernier, fait polémique tant sur le fond que sur la forme… À l’instar de Matthieu Orphelin, député Europe Écologie Les Verts du Maine-et-Loire, ou de l’ancienne ministre socialiste Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres, qui sont vent debout contre les conclusions de l’étude du BCG. Le cabinet résumant ainsi l’action gouvernementale : « Le potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre visé par l’ensemble des mesures déjà prises au cours du quinquennat et proposées dans le projet de loi Climat et Résilience est globalement à la hauteur de l’objectif de 2030, sous réserve de leur exécution intégrale et volontariste. »
Dans une lettre au président de l’Assemblée nationale (ici), Delphine Batho souligne que « les données présentées dans l’étude d’impact… sont biaisées ». La députée ajoute que le BCG est « en situation de conflit d’intérêts au regard de nombreux acteurs économiques parmi ses clients ayant intérêt à ce que le projet de loi manque d’ambition… » Un manque d’ambition et de volonté pointé par Matthieu Orphelin, qui a réalisé une contre-expertise de la loi Climat qui pourrait être, selon lui, quatre fois plus efficace (ici). Le député questionne aussi la mission du cabinet de conseil en stratégie sur Twitter « Quel a été le coût de l’étude confiée par le gouvernement au BCG ? Pro bono ou pas ? Pourquoi ne pas avoir rendu public ni le rapport complet ni la lettre de mission ? » Il a écrit à la ministre de la Transition écologique pour obtenir des réponses…Pour l’instant, sans succès, dixit le cabinet de Matthieu Orphelin à Consultor ce 18 février…
La presse écologiste n’est pas en reste. Reporterre signe un cinglant article clairement intitulé « Les lobbies ont saboté la Convention citoyenne pour le climat », et largement relayé, sur cette mission confiée au BCG, « un cabinet de conseil en affaires avec le CAC40. En 2019, il classait la firme de pesticides BASF comme “l’une des 50 entreprises les plus innovantes du monde’’ et à plusieurs reprises, ses consultants ont ‘’affiné la stratégie’’ des constructeurs de voitures en conseillant notamment PFA, la plateforme qui rassemble la filière automobile en France. En clair, ses clients habituels sont les mêmes que ceux qui se sont évertués pendant des mois à démonter une à une les propositions de la Convention citoyenne. »
Et ce n’est pas tout ! Le très sérieux Conseil d’État a rendu un avis particulièrement sévère pointant le caractère potentiellement inconstitutionnel de plusieurs mesures phares de la loi, mais aussi des « insuffisances notables » de l’étude d’impact réalisée par le BCG (lire ici).
Crédits : CC-BY David Grandmougin
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