3 000 consultants mis sous pression chez McKinsey
Une situation qui n’est pas inédite, comme l’indique le porte-parole américain de McKinsey ? 3 000 consultants de la firme ont été avertis de leurs « sous-performances ». Ils disposent d’un délai de 3 mois pour y remédier.

L’info a été diffusée par Bloomberg, et elle est notable : selon des sources anonymes, McKinsey a transmis des « notes de préoccupations » à 3 000 de ses consultants quant à leur niveau de performance. Ces avertissements sont émis alors même que le marché du conseil ralentit, après les années florissantes de post-pandémie.
En France, le principe RH bien connu du « Up or Out » est appliqué de façon marginale, même s’il n’est pas exclu que des conditions économiques moins favorables poussent certains acteurs à durcir leurs critères d’évaluation. Pour leur part, les consultants McKinsey ciblés par ces « revues » se voient sommés d’améliorer leur niveau, après les évaluations de performance opérées ces derniers mois. Dans le monde du conseil en stratégie, ces dernières portent traditionnellement tant sur les hard skills que sur les soft skills – résolution de problèmes, capacité à se gérer et à gérer les autres, communication, aptitude au travail en équipe et relation client. Sans oublier les « retours » de ces derniers !
Dans ce type de situation, les consultants disposent de 3 mois top chrono pour redresser la barre. Le cas échéant, le cabinet pourrait commencer à « conseiller » à certains d’entre eux de quitter la firme. Sachant « qu’une partie essentielle de la mission [de McKinsey] est d’aider les gens à apprendre et à se développer pour devenir des leaders, qu’ils restent chez McKinsey ou poursuivent leur carrière ailleurs » – selon le porte-parole américain du cabinet qui s’est exprimé dans un communiqué de presse.
à lire aussi

Mardi, des sources internes apprenaient à Bloomberg que McKinsey envisage la suppression de 2 000 postes – soit 4% d’un effectif total qui a très rapidement crû ces dernières années pour atteindre 45 000 personnes. Et ce alors que le chiffre d’affaires du cabinet atteignait les 15 milliards de dollars en 2021, un record.
Faut-il donc y voir un processus relativement habituel, comme indiqué dans le communiqué de presse dédié ? La proportion de notes de préoccupations émises resterait stable, avec un « effet loupe » lié à la croissance spectaculaire des effectifs du géant américain depuis la pandémie. Rappelons que les forces vives de McKinsey dans le monde sont passées de 28 000 en 2018, à environ 45 000 aujourd’hui !
En perspective, rappelons également qu’un plan social a été annoncé en février 2023, concernant 1 400 salariés (ou 2 000, selon les sources initiales). Ce plan, rarissime dans l’histoire du conseil en stratégie, concernait les fonctions supports, sans impact sur le recrutement des consultants d’après les déclarations faites à l’époque.
En parallèle, en 2023 toujours, des cabinets comme Accenture ou PwC ont eux aussi fait part de plans de suppressions d’emploi – notamment dans son activité conseil pour PwC, via des départs volontaires. Des coupes dans les effectifs qui ne concernent pas la France.
Toutefois, un autre facteur pourrait expliquer une – potentielle – plus grande exigence de McKinsey à l’égard de ses consultants. En effet, dans un environnement économique incertain, ces derniers sont bien placés pour percevoir les tensions dans leurs entreprises clientes. Alors que les effectifs des cabinets de conseil se gèrent habituellement en mode « flux » (entrées/sorties), un bon nombre de consultants sont sans doute enclins à rester au sein de McKinsey. D’où la nécessité, pour le géant américain, de distinguer davantage les profils les plus performants… des autres ?
Selon le porte-parole de McKinsey, « le processus d’évaluation de la performance [mobilisé ces derniers mois] reste cohérent avec les années précédentes. McKinsey a toujours maintenu une norme élevée en matière de performance […], pour garantir des conseils différenciants à ses clients et un développement de choix à ses employés ».
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaires (3)
citer
signaler
citer
signaler
citer
signaler
Monde
- 13/03/25
Sur le site du BCG, la page « Diversity, Equity & Inclusion » n’existe plus dans sa configuration de 2024. Chantre de la DEI et de son conseil dédié, le cabinet pourrait-il y renoncer ?
- 12/03/25
C’est le cabinet d’avocats d’affaires Gleiss Lutz en charge de l’opération qui l’a révélé début mars.
- 07/03/25
L’acquisition d’ET Medialabs (ETML) vise l’Asie, une équipe « intégrée » McKinsey-ETML étant mise en place pour servir les opérations de marketing digital des clients du cabinet.
- 05/03/25
Simon-Kucher va aider le Fonds mondial pour la nature (WWF) dans sa quête de partenariats avec des entreprises en fournissant une expertise stratégique aux bureaux de l’ONG dans le monde entier.
- 04/03/25
Thomas Kœgler, 4 années passées chez Cylad, promu CEO d’Asmodee en août dernier, voit sa société faire son entrée au Nasdaq Stockholm, la principale bourse de valeurs des pays nordiques. Une société française spécialisée dans les jeux de société (re)connue notamment pour ses jeux vedettes : Les Aventuriers du Rail, Dixit, Splendor, ou encore 7 Wonders.
- 28/02/25
Pour Marcus Berret, l'un des trois patrons mondiaux de Roland Berger, « c’est le caractère qui crée l’impact » – et non l’appartenance culturelle ou le genre.
- 27/02/25
Olivier Asset, 36 ans, basé au bureau de Chicago de L.E.K. Consulting (quelque 150 consultants), membre de la practice Industrials, est promu partner, après y avoir évolué un peu plus de 12 ans. Il fait partie des 10 nouveaux associés du cabinet au niveau mondial à intégrer le partnership en ce début d’année (aucune promotion en France).
- 26/02/25
Booz Allen, Accenture, Deloitte, KPMG : les renoncements aux politiques de diversité-équité-inclusion (DEI) se sont succédé en février 2025. Quel impact pour les cabinets de conseil en strat’ ?
- 26/02/25
Il est précisément présenté comme l’Envoyé spécial du Président pour l’investissement et la coopération économique avec les pays étrangers, officiellement depuis le 23 février 2025. Kirill Dmitriev, bientôt 50 ans, très proche de Vladimir Poutine, depuis 13 ans à la tête d’un fonds souverain russe, le RDIF, doté de 10 milliards de dollars pour co-investir dans l’économie russe, a débuté sa carrière chez McKinsey, à Los Angeles, Prague et Moscou.