Deux ex-BCG et McKinsey à la conquête du conseil de crise – un entretien Consultor
Ce sont deux ténors de MBB qui ont intégré à quelques semaines d’intervalle un cabinet de conseil, encore peu connu en France, FTI Consulting.
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Jean-Werner de T’Serclaes, 25 ans au BCG, ancien responsable EMEA/Amérique du Sud des Services financiers, arrive co-leader de FTI Consulting France. Timothée Fraisse, docteur en médecine, près de 10 ans chez McKinsey, ancien CEO d’un groupe dans l’aérospatiale et la défense, ex-partner en charge du private equity dans le secteur de la Santé chez McKinsey, vient d’être nommé senior managing director de FTI Consulting pour développer ces secteurs d’expertise.
Leurs missions : que FTI Consulting, cabinet international de conseil (coté à la Bourse de New York), près de 3,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2023, devienne sur le territoire national un cabinet de référence pour accompagner les entreprises dans les différents types de crises auxquelles elles sont confrontées. Zoom avec ces deux alumni senior du BCG et de McKinsey sur leur nouveau cabinet à la croisée des chemins entre transformation, contentieux, investigation, réglementation, cybersécurité, risques et transactions…
Consultor : Tout d’abord, en quelques mots, pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ?
Jean-Werner de T’Serclaes : Depuis l’ESSEC (1999, ndlr), j’ai effectué toute ma carrière au BCG, et ai été élu partner en 2010. Après 3 années comme partner, j’ai eu envie de mobilité à l’international. Au départ, New York était privilégié. Mais on m’a également proposé d’aller ouvrir le bureau de Bogota. Ma réflexion, avec mon épouse, a duré un week-end. Soit je rejoignais une grosse équipe, soit j’étais entrepreneur en créant de toutes pièces une nouvelle structure. J’avais envie d’entreprendre et je trouvais rafraichissant de découvrir de nouveaux écosystèmes. Après 6 années en Colombie, je suis rentré en France, et j’ai été nommé senior partner en charge de l’activité Services financiers pour l’Europe et l’Amérique du Sud. [Depuis 2017, Jean-Werner de T’Serclaes évoluait comme senior partner à la tête des Services financiers pour la région EMEA, ndlr.]
Timothée Fraisse : Je suis à la fois docteur en médecine (de l’université de Lausanne 2008, ndlr), actuellement médecin principal de réserve au sein du Service de Santé des Armées, et consultant en stratégie (diplômé de l’ESCP – 2008, ndlr). Entre 2009 et 2011, j’ai évolué chez McKinsey dans les secteurs Social, Santé et Pharma. En 2011, j’ai créé avec un fonds d’investissement et dirigé Mecapole à Lyon [spécialisé dans la sous-traitance aérospatiale, ndlr], puis j’ai réintégré en 2018 le bureau français de McKinsey d’abord dans le secteur de l’aérospatiale et de la défense, puis comme partner en charge du private equity dans le secteur de la santé.
Pourquoi avez-vous choisi de rejoindre FTI Consulting ?
Timothée Fraisse : Nous intervenons sur des sujets de crises majeures, des sujets qui comptent. Nous sommes en interaction directe avec la C-Suite et les Boards, avec comme cœur de cible des entreprises réalisant un chiffre d’affaires de moins de 5 milliards d’euros. C’est un métier véritablement à impact. En tant qu’entrepreneur, je suis aussi venu dans un cabinet où tout est à construire en France, en apportant mon expertise de terrain dans des secteurs que je connais bien.
Jean-Werner de T’Serclaes : D’abord je suis pleinement convaincu du positionnement de FTI sur les crises et les transformations dans l’environnement actuel. D’ailleurs, depuis mon arrivée l’été dernier, je vois une dynamique positive très enthousiasmante. D’un point de vue plus personnel, cela correspond à une phase de ma vie, à 48 ans, où j’étais tenté une fois encore par une nouvelle aventure.
Quel est le positionnement de FTI Consulting ?
Jean-Werner de T’Serclaes : Nous sommes un cabinet d’expertise qui accompagne les entreprises dans les crises et leurs transformations et n’intervenons pas pour le secteur public. D’abord lors de crises réputationnelles qui surviennent par exemple lors de fermeture de sites, de fraudes d’ampleur, de cyberattaques, ou de scandales éthiques. Ensuite, dans tout ce qui relève du juridique, de l’investigation, du contentieux, ou de l’arbitrage international. Et enfin, dans ce qui relève du financier et des transactions, de l’amélioration de la performance à la restructuration. Dans ce dernier domaine, nous avons des anciens consultants en stratégie, mais également de nombreux autres types d’experts, académiques et opérationnels, un prix Nobel [Dr Robert Engle, prix Nobel d’économie en 2003 pour ses recherches sur la modélisation de la volatilité des rendements des actifs, ndlr], d’anciens CEO, CFO et COO. Notre spécificité est la séniorité et l’expertise des profils.
Timothée Fraisse : Lorsqu’on parle de crises, il faut l’entendre au sens anglo-saxon, nous intervenons autant dans les phases de décroissance que dans les phases de croissance. Par exemple, lorsqu’une entreprise doit acquérir un concurrent de sa taille ou du double de sa taille, c’est une situation critique. C’est là que nos clients ont besoin de l’expertise de quelqu’un qui l’a déjà fait 10 fois.
Quels sont vos concurrents ?
Jean-Werner de T’Serclaes : Le panorama concurrentiel varie selon nos métiers. En fonction des projets on peut se retrouver face à Alvarez & Marsal, Brunswick, ou Accuracy par exemple. Cependant, notre positionnement premium limite de fait nos concurrents. Nous ne sommes que 5 cabinets dans le monde de plus de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et de plus de 500 K€ de CA par consultant.
Le restructuring est particulièrement porteur en France ces deux dernières années…
Jean-Werner de T’Serclaes : C’est en effet un environnement extrêmement porteur. Nous venons de réaliser une étude auprès de 600 directeurs juridiques en France qui confirment que le nombre de crises est en augmentation, et que le type de crises auxquelles les dirigeants sont de plus en plus confrontés est celles auxquelles ils sont le moins préparés. Une autre étude FTI Consulting, pas encore publiée, met également en évidence une hausse significative du nombre de postes menacés, notamment dans le secteur de l’industrie.
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L’année dernière, les cabinets de conseil en stratégie se préparaient à une accélération de leurs missions dans le domaine du restructuring/retournement. C’est chose faite… L’année 2023 – et peut-être plus encore 2024 – a contraint de nombreuses entreprises à de forts arbitrages de transformation. Et les consultants sont à la manœuvre auprès des acteurs, dirigeants, actionnaires, comme fonds de private equity.
Timothée Fraisse : Le retournement ne concerne qu’une petite partie de notre offre. En ce qui me concerne, ma mission, avec mes expériences, 10 ans de médecine, 10 ans de PE, 10 ans de conseil, est de développer l’activité corporate finance & restructuring sur les domaines de la santé, de l’aérospatiale et de la défense avec un prisme fort sur le private equity. Je serai amené à accompagner mes clients à la fois sur des sujets liés aux deals (Commercial DD, Operational DD, Financial DD, Vendor DD…) que sur leurs enjeux critiques (Full Potential Plan, Transformation, Restructuration…).
Vous comptez aujourd’hui plusieurs autres profils de consultants en stratégie. Dont le premier d’entre eux, l’Américain Steven Gunby, un alumni du BCG, est président/CEO de FTI Consulting. Pour lancer et diriger l’activité française Corporate Finance & Restructuring en 2022, FTI Consulting a fait appel à un ancien Partner de McKinsey, Thierry Miremont, et un ancien project leader du BCG, Raphaël Miolane. Quelle valeur ajoutée particulière des consultants en stratégie ?
Timothée Fraisse : Oui, mais ces profils ont des compétences bien plus larges, à l’instar de Julien Psauté, qui a passé plus de 12 ans au BCG, qui a ensuite travaillé dans des fonds d’investissement [Montagu, Adagia Partners, ndlr], ou de Georges de Thieulloy [10 ans chez Roland Berger qui a ensuite créé et dirigé un groupe dans l’éducation, ndlr], chef d’entreprise, expert en turnaround et restructuring. Nous cherchons un mélange d’expériences et d’expertises bien spécifiques liées aux services que nous proposons, de la stratégie aux experts cyber, legal, data, PE…
Quelles sont vos ambitions de développement ? Avec quelle équipe à Paris ?
Jean-Werner de T’Serclaes : Nous sommes une société cotée et ne pouvons partager certaines données. Nous communiquons sur les données du groupe international et nous annonçons nos résultats fin février. Nous avons à ce jour plus de 8 000 collaborateurs dans 34 pays. À Paris, nous ne parlons pas d’une boutique, nous occupons un immeuble entier dans le 16e arrondissement avec une forte croissance ces dernières années, notamment grâce à nos équipes Forensic et Tech. Nous souhaitons continuer et accélérer dans cette trajectoire.
Timothée Fraisse : Autant, la marque est très bien installée, très identifiée aux États-Unis, autant cela dépend des métiers en France, bien référencés dans le corporate finance, par exemple, moins dans d’autres. À nous de la développer dans tous nos domaines d’activité. Et c’est pour cela que nous recrutons chaque année des dizaines de consultants sur tous nos métiers…
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