Une consultante accuse le BCG de discrimination raciale aux US
D’après la plainte d’une « ex-future » partner du Boston Consulting Group, sa trajectoire fast-tracked aurait été brutalement interrompue à la suite d’une réunion concernant des faits de discrimination raciale au bureau de L.A.
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La plainte, dont Consultor a réussi à se procurer une copie, a été déposée le 14 janvier 2025 auprès de la Cour suprême de l’État de Californie. L’ex-consultante du BCG – identifiée sous le pseudonyme de « Jane Doe » – est défendue par un cabinet d’avocats spécialisé en droit du travail, Shegerian & Associates.
Le motif principal des faits de harcèlement, de discrimination et des représailles dénoncées par « Jane Doe » tiendrait dans son engagement contre les discriminations touchant les collaborateurs afro-américains du bureau de Los Angeles du BCG.
Si le bureau en question ainsi que le siège du cabinet à Boston sont visés par l’action en justice, 12 de ses membres sont également mis en cause à titre individuel, dans le cadre des fonctions qu’ils exercent au sein du Boston Consulting Group.
C’est le cas de plusieurs partners ou senior partners du bureau de Los Angeles – dont son ancien patron, l’ancien directeur des opérations (toujours, respectivement, senior partner et partner au sein du bureau), l’actuel managing partner et la partner, N+1, de la plaignante. La directrice des ressources humaines du BCG pour l’Amérique du Nord est aussi visée.
Le programme « Black Expérience at BCG », déclencheur de l’éviction de la future associée ?
« Jane Doe » a rejoint le bureau de Los Angeles du BCG en octobre 2018. Louée pour la qualité de son travail et son leadership exemplaires, considérée comme un « très haut potentiel » au sein du cabinet – les revues de performance jointes au dossier en témoignent –, elle est devenue, en moins de 6 ans, la 4e femme la plus haut placée du bureau de L.A. En 2022, on lui présente d’ailleurs la trajectoire suivante : une promotion comme partner (le grade précédant celui d’associée) en juillet 2023, puis l’accès au grade suprême de managing director et partner (MDP) en 2025.
En parallèle, « Jane Doe », qui a été élevée dans le Midwest, éduquée dans l’Indiana et formée à Harvard, est profondément engagée en faveur de la diversité et de l’inclusion. D’où le leadership local qu’elle exerce dans le cadre de Women@BCG, et son implication auprès de tous les « groupes protégés ».
Or, au bureau de L.A., selon les éléments transmis par la défense de la plaignante, en 2022, le pourcentage de femmes et de personnes issues des minorités occupant des positions de leadership est très faible : 5 % de femmes MDPs, 33 % de partners ; aucun associé afro-américain. Des informations que Consultor a pu vérifier : à date, une seule femme – Lianne Pot – figure parmi les 20 associés de ce bureau. Aucun associé n’est issu de la communauté noire américaine.
Le déroulé des faits de harcèlement et discrimination dénoncés par l'ex-consultante
Pour « Jane Doe », c’est à l’issue de la 2e réunion du programme « Black Expérience at BCG » – qu’elle pilote – qu’elle comprend que « sa défense franche des personnes de couleur, des femmes et d’autres groupes protégés n’est plus la bienvenue ». Elle a alors le sentiment d’avoir franchi « une ligne rouge » aux yeux de l’ex-patron du bureau et de l’ancien directeur des opérations.
Durant cette réunion, des faits précis de discrimination raciale et de harcèlement s’étant déroulés au bureau de Los Angeles du BCG (paroles et gestes déplacés de la part de la hiérarchie, ton inapproprié, absence de soutien en cas de contrôles de sécurité abusifs…) auraient été exposés devant une audience plus large que lors de la réunion initiale du programme. À la suite de cette rencontre de décembre 2022, des sanctions auraient commencé à viser la consultante – jusqu’à son licenciement le 8 mars 2024.
Il s’agit tout d’abord d’une sanction RH liée au non-respect d’une politique « qui ne lui a jamais été présentée par écrit et qui n’est pas incluse dans le code de conduite du BCG ». Sa promotion en tant que partner est alors retardée de 6 mois, « Jane Doe » se voyant aussi écartée de son rôle de responsable locale de Women@BCG.
La même semaine, elle fait une fausse couche qui la fragilise sur le plan émotionnel, ce qui la conduit à demander des adaptations de son travail, lesquelles lui sont refusées. Selon la consultante, une évaluation de performance réalisée « hors protocole habituel », en septembre 2023, conclut ensuite à des résultats insuffisants de sa part.
Le mois suivant, la plaignante dépose une plainte interne auprès du service RH du BCG dénonçant des « représailles et discriminations », ainsi que l’absence de prise en compte « des conséquences sur sa santé mentale et physique de sa fausse couche ». Selon sa défense, le BCG aurait alors mené une enquête « superficielle » et rejeté les plaintes de son employée, l’assurant de la possibilité pour elle d’inverser la tendance. Or, des documents internes montrent que les RH savaient, dès cette date, que le BCG avait décidé de licencier « Jane Doe ».
Parmi les dix violations de la loi californienne de protection des salariés répertoriées dans la plainte, on trouve des faits de harcèlement et discrimination liés au genre ou au handicap, des manquements à l’obligation d’accommodement dans le cadre d’un handicap, la violation du Code du travail § 970 et l’accentuation intentionnelle d’une situation de détresse émotionnelle.
Un champion de la défense des salariés aux côtés de la plaignante
En choisissant Carney R. Shegerian pour sa défense (assisté de William Reed), l’ancienne consultante s’est adressée à un avocat plusieurs fois distingué aux États-Unis (Avocat de l’année 2023 dans le domaine de l’emploi pour la revue juridique US Best Lawyers® par exemple), qui figure parmi les 75 « meilleurs avocats US en droit du travail », selon le Top Labor and Employment Lawyers du Daily Journal.
Sur le site de Best Lawyers®, on apprend que Carney R. Shegerian a remporté « des centaines de procès avec jury, dont 50 verdicts à sept chiffres ou plus en tant qu’avocat des plaignants ». Le BCG est prévenu.
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commentaires (1)
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Monde
- 13/03/25
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