Licenciements, harcèlements : le parlement australien met McKinsey à nu
Opération transparence : interrogé par une commission d’enquête du parlement australien à la suite d’une polémique sur le recours aux consultants par le gouvernement, McKinsey a dû mettre la lumière sur plusieurs politiques RH internes sur lesquelles il n’est habituellement pas dissert, et révéler plusieurs cas de violations de son code de conduite interne.
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En Australie, les cabinets de conseil doivent se mettre à table. Une commission parlementaire enquête sur d’éventuels conflits d’intérêts et errances éthiques dans les cabinets de conseil, à la suite d’un scandale entourant des données fiscales confidentielles du gouvernement rendues publiques par PwC.
En août, McKinsey s’est ainsi livré à un exercice de transparence assez inédit, dans un courrier adressé à la commission des Finances et de l’Administration publique.
L’activité australienne de McKinsey a été créée en 1967. Elle compte à présent des bureaux à Sydney, Melbourne, Perth et Brisbane, et dénombre 650 collaborateurs en tout, dont 28 dédiées aux RH.
Le cabinet indique par exemple avoir enregistré 15 plaintes internes pour comportement professionnel inapproprié au cours des 5 dernières années.
Ce, alors que le cabinet affirmait devant cette même commission quelques semaines plus tôt avoir mis en place une culture au travail affranchie de tout harcèlement ou de toute agression.
Quatorze de ces plaintes concernent des comportements inappropriés au travail dans les bureaux australiens de McKinsey depuis 2019. Une de ces plaintes dénonce un cas de harcèlement sexuel.
« Nous confirmons que sur ces 15 déclarations, 5 avaient trait à des incidents qui correspondaient à des violations manifestes de notre code de conduite », indique McKinsey dans le courrier adressé au Parlement australien. Toutes ces plaintes concernaient des collègues non-partners, a précisé le cabinet.
Trois concernaient des détournements de notes de frais ; une visait un usage inapproprié des réseaux sociaux et, enfin, la dernière dénonçait le non-respect des règles sanitaires durant la pandémie de covid.
Pour recenser ces pratiques professionnelles inappropriées, le cabinet explique au Parlement australien avoir fortement musclé ses outils de détection.
Le cabinet détaille ainsi ses structures internes de remontée d’éventuels cas de harcèlements ou d’atteintes au code de conduite interne. Elles reposent notamment sur une ligne de téléphone dédiée ou une plateforme en ligne (« Got a concern » opéré par l’entreprise tierce Navex). Elles passent également par l’attribution à chaque consultant d’un référent RH vers lequel se tourner en cas de besoin. Enfin, ont également été instaurés un médiateur et une plateforme de feedbacks dédiée aux consultants les plus juniors.
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La mobilisation actuelle contre les violences sexistes et sexuelles incite les entreprises à renforcer leurs dispositifs de prévention et de détection internes. Les cabinets de conseil en stratégie n’échappent pas à cette prise de conscience généralisée quant à la nécessité de mieux protéger ses équipes face à ce type de comportements.
Interrogé par la commission parlementaire sur les nombreux départs évoqués par la presse australienne chez McKinsey ces derniers mois, le cabinet lui a fait savoir qu’un total de 25 départs sont intervenus en 2023.
Ils concernaient tout spécifiquement les fonctions supports. Ces départs intervenaient dans le cadre du plan de réduction d’effectifs qui avait été annoncé par McKinsey au global en début d’année.
Ont été particulièrement visés par la coupe d’effectifs : les assistants personnels, les personnes en charge de la communication ou encore des finances.
En raison de ce départ imposé, les personnes concernées ont perçu, en plus des engagements financiers contractuels prévus, un package additionnel. Il était constitué d’un paiement additionnel corrélé au niveau de salaire, de 6 mois de sécurité sociale privée ou encore de 3 à 6 mois de programme de transition professionnelle.
En échange, McKinsey a demandé à ces salariés sur le départ de signer un NDA les obligeant à ne pas révéler les conditions de leur départ. Tous ont accepté de le signer. Le cabinet a indiqué à ce sujet qu’il faisait quasi systématiquement signer un NDA aux salariés licenciés « du fait du caractère sensible de ces départs et pour protéger McKinsey Australia ».
Les 25 licenciements enregistrés par McKinsey en 2023 étaient exceptionnels au regard par exemple des 4 consultants des bureaux australiens de McKinsey licenciés entre 2020 et 2022.
Des licenciements qui, eux, intervenaient pour des raisons de sous-performance. D’autres consultants ont, eux, « choisi de partir » après avoir reçu des alertes écrites de sous-performance (le secteur du conseil en stratégie est connu pour sa culture du up or out).
Chez McKinsey en Australie, les licenciements sont décidés après la réception de trois alertes écrites de sous-performance. Certains consultants choisissent de partir avant.
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