10 ans après Booz, de futures acquisitions en vue pour Strategy&
2024, une année de festivités chez Strategy& France et Maghreb (200 consultants) qui tient à souffler comme il se doit ses 10 bougies. Un cabinet né en 2014 de l’intégration au réseau PwC du cabinet séculaire US Booz & Co, 3000 collaborateurs, 75 bureaux dans 39 pays. Une mission d’intégration réussie aux yeux d’Edouard Bitton, leader France et Maghreb, qui, 10 ans plus tard, donne le ton d’un nouvel élan. Le cabinet, en croissance à deux chiffres depuis 3 ans, a promu et accueilli 9 partners en 2023 (2 associés sont partis début 2024). La gouvernance s’est fixé des objectifs de développement « à tous les étages » pour la prochaine dizaine qui s’ouvre.
Consultor : Pourquoi avez-vous tenu à fêter les 10 ans d’existence de Strategy& ? Votre cabinet est encore un jeune cabinet de conseil en stratégie…
Edouard Bitton : C’est une volonté commune de la gouvernance mondiale de célébrer à la fois les 10 ans de Strategy& et les 100 ans d’héritage de Booz, en France et au sein de tous les autres bureaux (au total 75 dans le monde, plus de 4000 consultants, ndlr). C’était aussi une attente de nos collaborateurs à qui nous tenions à faire passer des messages : le pari de 2014 a été gagnant, l’intégration de Booz a été un deal hyper synergétique, nous avons créé un nouveau modèle de conseil, de practical strategists, et nous avons répondu à la promesse d’être présents pour nos clients de la stratégie à l’exécution. Et ce, grâce à la combinaison de nos expertises et à l’empreinte clients incroyable de PwC. Nous tenions aussi à partager à nos collaborateurs un autre message fort : celui de devenir incontournables en stratégie, ce qui nécessite aussi de réfléchir sur notre métier, de nous réinventer et de nous adapter à ce métier en pleine transformation.
à lire aussi
« Si quelqu'un a une quelconque raison de s'opposer à ce mariage, qu'il parle maintenant ou se taise à jamais.»
C’est en quelque sorte cette phrase qu’ont prononcée PriceWaterhouseCoopers et Booz & Company en publiant ce 30 octobre un communiqué de presse commun annonçant un accord conditionnel en vue d’une fusion.
Au début des années 2010, PwC avait une politique d’acquisition afin de de créer une entité pure stratégie…
Avant l’acquisition de Booz & Co, existait chez PwC France une équipe interne de conseil en stratégie et opérations d’une centaine de consultants de compétences élargies. Celle-ci incluait des collaborateurs de PRTM, cabinet US de stratégie opérationnelle acquis par PwC au niveau mondial en 2011 (spécialisé en innovation supply chain et produits, 700 consultants, ndlr). L’intégration de PRTM a été plutôt compliquée à gérer au vu de l’écart culturel, même si cela concernait une petite équipe en France. L’acquisition de Booz & Co en France en 2014 s’est avéré une réussite grâce entre autres à la culture proche de nos équipes. Cela représentait une petite équipe sur le territoire national, une vingtaine de consultants, dont 4 ou 5 associés. Deux anciens de Booz sont d’ailleurs encore parmi nous à Paris, Romain Godard et Anna Cohen.
Depuis, une seule acquisition mondiale pour Strategy& – un cabinet de conseil en assurance en 2021 en Allemagne, 67rockwell Consulting – contrairement à certains de vos concurrents qui les multiplient…
En France, il n’y en a pas eu en tant que tel, même si nous regardons régulièrement des cibles, cabinets de conseil en stratégie français ou internationaux, plus ou moins gros, mais cela n’a pas été pour l’instant le bon calcul. Notre stratégie mondiale volontariste The New Equation, annoncée en 2021, prévoit plusieurs centaines de millions d’euros d’investissements en France, notamment pour notre croissance externe… Nous attendons la bonne opportunité au bon moment.
Quels sont vos défis en tant que cabinet de conseil en stratégie ?
J’en vois deux, énormes. L’IA, et plus particulièrement la generative IA, et l’ESG, qui au quotidien transforment en profondeur nos métiers. Il nous faut être au bon niveau sur ces sujets et y répondre d’abord en organique. En IA, nous avons un associé responsable de ces sujets chez PwC, Pierre Bosquet, et ce afin de rendre matures nos collaborateurs et d’avoir les bons outils. Dans le domaine ESG, nous avons coopté un associé spécialisé en économie circulaire, recruté deux profils très expérimentés en stratégie énergétique, et sommes en discussion avec d’autres candidats.
22 associés à Paris, dont 3 femmes. 14 % de femmes dans votre partnership ; le ratio est de 17 % en moyenne pour les cabinets référencés par Consultor. C’est un autre défi pour vous ?
Tout à fait. La féminisation est un sujet extrêmement important sur lequel nous sommes conscients que notre ratio est trop bas, suivant la trajectoire de PwC dans ce domaine. Lorsque Patrice Morot a pris son mandat (de président de PwC France et Maghreb en 2021, ndlr), il a fixé sur le sujet des objectifs très ambitieux. Chez Strategy&, après la promotion d’Anna (Cohen, promue en juillet 2023, ndlr), nous avons une pression saine de mettre en lumière nos talents féminins, car nous avons des directrices à la fois très compétentes et ambitieuses. Par ailleurs, nous travaillons avec des chasseurs de têtes à qui l’on a demandé une attention accrue sur les profils féminins à tous les grades.
Quels sont vos objectifs de développement ? Quid d’une autonomisation vis-à-vis de PwC ?
Nous avons atteint des niveaux de croissance à deux chiffres chaque année, et lorsque je vois le volume d’activité prospectif, nous ne pouvons qu’être optimistes pour la suite. Il est important d’enrichir nos 4 grands métiers historiques de la stratégie (stratégie de croissance, deals, opérations, digital, ndlr), notamment sur le sujet transverse de transformation culturelle adressé par les directions générales. En termes de secteurs, nous souhaitons accélérer dans nos industries prioritaires (en particulier financial services, consumer goods, PE) et nous développer sur certains où nous ne sommes pas très présents, en particulier la santé/pharma ou les infrastructures. Sur d’autres, nous avons fait le choix de ne pas y aller. Notre volonté, vis-à-vis de PwC qui a développé une plateforme Transformation cross lignes de services, est d’être encore plus intégrés afin d’être encore plus puissants chez nos clients.
Cela passe par des recrutements, l’ouverture de bureaux étiquetés Strategy& en région ?
En termes de recrutements, nous avons la volonté d’atteindre nos ambitions (le plan strat prévoit d’atteindre 250 consultants, dont 30 partners à horizon fin 2025 sur Strategy& France et Maghreb, ndlr). Nous regardons nos besoins internes de compétences selon les niveaux de séniorité et comment mettre les bons chiffres en fonction de nos ambitions. Nous avons ouvert une antenne-test à Lyon l’année dernière, ce qui constitue la première brique d’un développement régional, et en particulier, sur la région Rhône-Alpes et le sud-est. Et ce, dans une dynamique de développement commercial qui est « plus nous sommes établis chez nos clients, plus nous sommes proches d’eux ». Et nous considérons le Maghreb comme l’une de nos régions françaises avec notre associé à Casablanca (Jonathan Le Henry, ndlr) qui a vocation à faire grandir cette équipe.
Les festivités ont débuté le 4 avril, date officielle de la création de Strategy&. Avez-vous envisagé cet anniversaire en grand en France ?
Certains bureaux ont d’ores et déjà fêté en interne et en externe. À Paris, nous avons eu une belle fête des collaborateurs fin avril, avec l’intervention assez émouvante d’anciens associés et des assistantes de Booz. Pour l’ensemble des événements prévus, nous avons un principe, pas d’ostentatoire, rester intimes et au plus proche de l’attente de nos collaborateurs. Pour cela, nous avons organisé en amont des enregistrements vidéo pour leur demander ce que représentait notre cabinet, comme ils l’imaginaient dans 10 ans, ce qu’il y a de cool… Cela donne le pouls du cabinet. Ces vidéos vont commencer à être diffusées dans le cadre de notre campagne de communication sur toute l’année 2024. Nous préparons aussi un événement en septembre prochain en forme de remerciement avec les clients avec lesquels nous avons le plus travaillé, car notre agenda est bien pris ; PwC est en effet partenaire stratégique de très gros événements à venir, Vivatech et les JO de Paris…
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaires (1)
citer
signaler
France
- 18/11/24
L’un des ténors du BCG en France, Guillaume Charlin, 54 ans, patron du bureau de Paris entre 2018 et 2022, serait en passe de quitter le cabinet.
- 15/11/24
Toutes les entités de conseil en stratégie ne subissent pas d’incendies simultanés, comme McKinsey, mais chacune peut y être exposée. La communication de crise dispose-t-elle d’antidotes ? Éléments de réponse avec Gantzer Agency, Image 7, Nitidis, Publicis Consultants - et des experts souhaitant rester discrets.
- 15/11/24
Le partner Retail/Consumer Goods d’Oliver Wyman, Julien Hereng, 49 ans, a quitté tout récemment la firme pour créer son propre cabinet de conseil en stratégie et transformation, spécialisé dans les secteurs Consumer Goods, Luxe et Retail, comme il le confirme à Consultor.
- 13/11/24
À l’heure où les premiers engagements d’entreprises en termes d’ESG pointent leur bout du nez (en 2025), comment les missions de conseil en stratégie dédiées ont-elles évolué ? Toute mission n’est-elle pas devenue à connotation responsable et durable ? Y a-t-il encore des sujets zéro RSE ? Le point avec Luc Anfray de Simon-Kucher, Aymeline Staigre d’Avencore, Vladislava Iovkova et Tony Tanios de Strategy&, et David-Emmanuel Vivot de Kéa.
- 11/11/24
Si Arnaud Bassoulet, Florent Berthod, Sophie Gebel et Marion Graizon ont toutes et tous rejoint le BCG il y a plus de six ans… parfois plus de dix, Lionel Corre est un nouveau venu ou presque (bientôt trois ans), ancien fonctionnaire venu de la Direction du Trésor.
- 08/11/24
Trois des heureux élus sont en effet issus des effectifs hexagonaux de la Firme : Jean-Marie Becquaert sur les services financiers, Antonin Conrath pour le Consumer, et Stéphane Bouvet, pilote d’Orphoz. Quant à Cassandre Danoux, déjà partner Stratégie & Corporate Finance, elle arrive du bureau de Londres.
- 30/10/24
L’automne fait son œuvre au sein de la Firme, les feuilles tombent… et les partners aussi. Les nouveaux départs sont ceux de Flavie Nguyen et Thomas London.
- 29/10/24
Julia Amsellem, qui a rejoint l’entité de conseil en stratégie d’EY en 2017, et Étienne Costes, engagé depuis 2013, font partie des 17 membres du nouveau comex d’EY dans l’Hexagone.
- 23/10/24
C’est une étude coup de poing que le cabinet Oliver Wyman a réalisée à titre pro bono pour le collectif ALERTE (fort de 35 associations, dont Action contre la Faim, Médecins du Monde et ATD Quart Monde) dédié à la pauvreté et à l’exclusion. Elle est intitulée « Lutter contre la pauvreté : un investissement social payant. » L’une des conclusions plutôt contre-intuitive : combattre la pauvreté par des financements serait un investissement gagnant-gagnant, pour les personnes concernées comme pour l’économie nationale. Les analyses du président d’ALERTE, Noam Leandri, et de Jean-Patrick Yanitch, partner à la tête de la practice Service public et Politiques publiques en France.