PwC et Booz ont présenté leurs bans
« Si quelqu'un a une quelconque raison de s'opposer à ce mariage, qu'il parle maintenant ou se taise à jamais.»
C’est en quelque sorte cette phrase qu’ont prononcée PriceWaterhouseCoopers et Booz & Company en publiant ce 30 octobre un communiqué de presse commun annonçant un accord conditionnel en vue d’une fusion.
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L’opération reste soumise à l’avis des autorités de la concurrence et sera réalisée avant la fin de l’année, après un vote des 300 partners du cabinet de conseil en stratégie, qui devrait avoir lieu en décembre.
Le bal des ambitieuses
Le bal avait été ouvert en septembre 2012, avec le rachat de Monitor, au bord de la faillite, par Deloitte. Depuis plusieurs années, les rumeurs de rapprochements et de négociations entre des Big Four et des cabinets de conseil en stratégie n’ont cessé d’agiter le milieu. Les géants de l’audit ne cachent d’ailleurs pas leur ambition, faisant fi des obstacles, les conflits d’intérêts inévitables entre activités d’audit et activités de conseil, le risque d’une directive européenne imposant une séparation, et le déficit d’image de leurs équipes, face à la renommée des cabinets de conseil en stratégie.
Cet été, c’était Accenture qui semblait intéressé par Booz & Co, avant de se raviser fin août. Finalement, dès septembre, comme il en avait été fait état dans ces colonnes, il courait que PwC, d’abord tenté par Roland Berger, s’était tourné vers Booz & Co. L’instabilité de ces alliances invite donc à la plus grande prudence, d’autant plus que PwC a décroché le jackpot de cette loterie, Booz étant, avec Roland Berger, le plus beau parti disponible sur le marché.
Le gros lot
Le deal est en effet d’une nature très différente de l’achat de Monitor par Deloitte réalisé au début de l’année. Le cabinet de Michael Porter était à l’agonie, avec un effectif mondial réduit par la crise à moins de 1000 consultants, et une marque ternie par les scandales, comme celui qui a conduit à la démission de son président, Mark Fuller, et par d’ironiques difficultés financières. Booz & Co est d’une tout autre dimension : plus de 3000 consultants, un chiffre d’affaires de plus d’un milliard d’euros, une réputation d’excellence à un niveau mondial. Au Moyen-Orient, Booz peut même se prévaloir d’une position de leader.
Que Deloitte (32,4 milliards de dollars de chiffre d’affaire en 2013) et PwC (32,1 milliards en 2013) concluent les premiers ce type de deals marque en tout cas leur avance en termes de croissance sur leurs deux autres rivaux, EY (25,8 en 2012) et KPMG (23 en 2012). Sauf opération de cette ampleur du côté de Deloitte dans les prochains mois, le rachat de Booz devrait donc donner un léger avantage à PwC. « En fusionnant avec Booz & Co, PwC s’est positionné sur le plus gros lot disponible alors que McKinsey et BCG sont vus comme trop gros pour une fusion ou une acquisition, que Bain est trop spécialisé, et que Roland Berger est hors de l’équation », a confié au Financial Times Fiona Czerniawska, cofondatrice de Sourceforconsulting.com.
La dot et le prix de la fiancée
Les futurs époux ont très peu laissé filtrer sur les détails de leur contrat de mariage. Le New York Times indique que, de manière classique dans ce type d’opérations, les diverses partnerships de PwC dans le monde prendront des parts séparées dans le capital de Booz.
Trois éléments entreront donc dans la balance pour convaincre les 300 partners de Booz. Le prix de la fiancée d’abord, c’est-àdire le prix de l’acquisition et la revalorisation des parts. Ensuite, les modalités d’intégration dans les équipes des activités de conseil de PwC déjà existantes. En effet, le cabinet, qui avait vendu ses activités de conseil à IBM au début des années 2000, avait commencé à les reconstituer, avant de racheter en août 2011 PRTM pour structurer la partie stratégie, dont les équipes se sont vues confier des responsabilités dans le développement du conseil en stratégie. Il va sans dire que Booz n’acceptera pas d’être traité comme une seconde épouse.
Restent, troisièmement, les potentiels conflits d’intérêts qui pourraient obliger des associés à abandonner des contrats ou à quitter le groupe. Sur le marché français, on peut noter que Booz & Co, comme Monitor, est un acteur de second rang, comptant probablement pas plus d’une trentaine de consultants et seulement 4 partners, actifs sur un nombre limité de secteurs : énergie et infrastructures, aéronautique, automobile et télécom-média. Des industries sur lesquelles PwC est peu présent en France, alors qu'il est très présent dans le secteur financier et celui des biens de consommation.
La liste des groupes cotés audités par PWC communiquée dans le rapport de transparence 2013 n'indiquent ainsi aucun grand nom de ces secteurs, à part Technip, Michelin, RFF, RATP et Iliad. On peut de fait supposer que la fusion ne soulèvera pas d’opposition particulière et ne devrait pas provoquer une vague de départ dans le bureau parisien.
Jérémy André pour Consultor, portail du conseil en stratégie- 31/10/2013
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