Achats de conseil de l'État : des bonnes pratiques à portée de main
Michel Grévoul, le directeur du service des achats de l’État, et Edward Jossa, le président de l’UGAP, étaient entendus par la commission d’enquête du Sénat le 8 décembre 2021.
Lors de cette audition, les deux cadres ont mis en avant des pistes d’amélioration des pratiques d’achat de conseil des administrations françaises, tout en rappelant qu’ils ont un rôle de maître d’ouvrage des accords-cadres de conseil, mais qu’ils ne sont pas responsables de la manière avec laquelle ils sont utilisés par les ministères et les administrations.
Michel Grévoul a indiqué, par exemple, que le rôle de sa direction « n’est pas d’apprécier de l’opportunité ou non du choix d’un ministère qui décide de mettre en œuvre, d’utiliser une prestation de conseil ou de faire les choses lui-même en interne sur un sujet donné parce qu’il sait qu’il a la capacité de le faire ».
Jérôme Bascher, sénateur de l’Oise (Les Républicains), présent lors de leur audition, taxait alors la DAE et l’UGAP de « tuyaux qui ne sont jamais associés à ce qui est mis dedans ».
Pour muscler une transparence d’ensemble sur les achats de missions de conseil de l’État, Michel Grévoul et Edward Jossa ont fourni quelques pistes.
« Une piste d’évolution intéressante irait dans le sens de ce que nous avons fait à la DAE : nous avons mis en place un réseau social professionnel commun à tous les acheteurs de l’État sur lequel ils peuvent échanger, faire des retours d’expérience, s’aider, s’entraider sur des sujets d’achats. Créer davantage de ces task forces au sein des ministères irait dans le bon sens », a par exemple suggéré Michel Grévoul.
Il a également évoqué un service qui centraliserait l’ensemble des livrables de tous les cabinets de conseil, « de manière à ce qu’avant de demander le recours à un consultant, on puisse avoir accès à cette banque de données. C’est un énorme travail. Il ne suffit pas de stocker des livrables dans un ordinateur. Il faut des personnes à même d’extraire les données importantes de ces livrables ».
De son côté Edward Jossa identifiait comme levier significatif d’amélioration des pratiques d’achat de conseil « la montée en compétence des administrations qui savent mieux gérer ces activités que par le passé ». Acheter moins, mais acheter mieux.
Lors de la même audition, Michel Grévoul, le directeur du service des achats de l’État, a estimé que le total des achats de conseil effectué par l’État en 2020 était de 628 millions d'euros, un chiffre issu de la base de données Chorus (logiciel comptable de l’ensemble des ministères).
Plusieurs accords-cadres de conseil sont portés par la direction des achats de l’État (DAE) en matière de conseil juridique, conseil RH, conseil en formation ou développements de sites web et d’application, a-t-il expliqué.
Certains de ces marchés sont délégués à d’autres ministères. Le conseil en organisation, en stratégie et en transformation publique est porté par la DITP – cette dernière a également été entendue par la commission d’enquête. Le conseil en communication est délégué au service d’information du gouvernement. Tous marchés confondus, 72 % de ces missions de conseil ont trait à des sujets informatiques ou télécoms, a indiqué Michel Grévoul lors de son audition.
à lire aussi
Jeudi 2 décembre, la commission d’enquête du Sénat sur l’influence des cabinets de conseil dans les politiques publiques démarrait ses travaux. Elle se donne pour objectif de faire la lumière sur un sujet devenu grand public après que plusieurs cabinets de conseil sont intervenus auprès du gouvernement dans le cadre de la gestion de la pandémie.
La DAE a été créée par un décret du 3 mars 2016. Elle compte 80 personnes. Elle a pour mission de définir la politique des achats de l’État, de ses ministères et de ses établissements publics – quoique ces derniers ont la possibilité, mais pas l’obligation, d’adhérer au marché interministériel qu'elle porte. Ce marché ne couvre pas la défense, la sécurité, l’hôpital, la Sécurité sociale, les bailleurs sociaux et les collectivités territoriales.
La DAE définit la stratégie de l’État et se charge ensuite de l’exécuter et ce dans de nombreux domaines : fournitures, entretien des bâtiments, travaux, énergie, déplacement, informatique. Le conseil compte parmi les achats de prestations intellectuelles de l’État. Le plus gros fournisseur de la DAE est l’UGAP – la centrale d’achats du secteur public qui est également entendue dans le cadre de ces auditions.
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaires (1)
citer
signaler
secteur public
- 16/11/24
Le sénateur républicain de Floride est connu pour son extrême fermeté face à la Chine. C’est en raison des activités de McKinsey dans ce pays que Marco Rubio a plusieurs fois remis en cause l’attribution de contrats fédéraux à la Firme.
- 05/11/24
« Consultant, quoi qu’on en pense, cela reste un métier. » Confidence, en off, d’un membre du staff du gouvernement Barnier. « Il n’a jamais été question de supprimer le recours au conseil externe par l’État. » Sa valeur ajoutée serait-elle incontestable ? Exploration avec David Mahé (Syntec Conseil), Jean-Pierre Mongrand (Dynaction, ex-Kéa) et David Cukrowicz (Lastep).
- 25/10/24
Selon le Jaune budgétaire du Projet de Loi de Finances 2025, le montant total des missions de conseil réalisées par des cabinets privés a fondu de moitié entre 2022 et 2023.
- 24/10/24
Le ministère des Affaires et du Commerce a chargé le BCG de déterminer les modalités envisageables pour que les agences postales au Royaume-Uni deviennent la propriété de leurs employés.
- 17/10/24
Ancien de Roland Berger, Emmanuel Martin-Blondet est nommé conseiller chargé de la transformation de l’action publique et de la simplification des parcours de l’usager.
- 11/10/24
Les attributaires du marché de conseil en stratégie et RSE de la RATP, lancé le 2 avril dernier, sont connus : il s’agit d’Arthur D. Little, Avencore, Roland Berger et EY Consulting/EY-Parthenon – sur la partie stratégie.
- 10/10/24
L’Institute for Government (IFG), un think tank indépendant, enjoint le gouvernement à saisir l’opportunité de l’arrivée à échéance de contrats de conseil d’une valeur de 5,4 Md£ pour réduire sa dépendance aux cabinets privés.
- 09/10/24
L’info vient du Wall Street Journal, et elle a de quoi surprendre : le BCG n’a pas hésité à accepter les conditions imposées par les autorités de Shijingshan, un ancien quartier d’aciéries à l’ouest de Pékin, pour participer à un appel d’offres.
- 26/09/24
Sa nomination doit encore fait l’objet d’une validation au Journal officiel, mais Pierre Bouillon devrait diriger le cabinet de la secrétaire d’État en charge de l’IA et du Numérique. Il était dircab adjoint de Stanislas Guerini dans le précédent gouvernement.