Conflit ouvert aux prud’hommes entre Bain et un partner
C’est une information de Bloomberg du 18 mai 2022 : Stéphane Charvériat, un partner du BCG arrivé en septembre 2019 de Bain, poursuit aux prud’hommes son ancien employeur. Une audience s’est tenue le mardi 17 mai. Une décision doit intervenir le 11 juillet. Maj 11 juillet 2022 : renvoi des plaidoiries au 27 octobre 2022.
- BCG : départ d’un senior partner retail venu développer le compte Carrefour
- Un membre du comité de direction français et européen du BCG change de cabinet de conseil
- Deux départs au bureau de Paris de Bain & Company
- McKinsey gagne son combat judiciaire contre Jay Alix
- UK : le BCG missionné par l’Autorité de la Concurrence présidée par un ex-senior partner du cabinet
- Après le BCG, Julie Dollé prend soin des malades du cancer
- Aux États-Unis, moins de promotions et des « invitations » à partir
- McKinsey : décollage (encore inconnu) pour un associé aéro
Stéphane Charvériat estime que Bain lui doit la somme de 2 millions de dollars (1,9 million d’euros) en paiement de salaires (1,2 million d’euros) et bonus différés (0,7 million) que le cabinet refuse de lui payer près de trois ans après qu’il a rejoint en septembre 2019 le bureau parisien du Boston Consulting Group en tant que senior partner pour y intégrer la practice retail au niveau européen.
Un non-paiement dont le partner estime qu’il correspond à une forme de sanction pour être passé à la concurrence. « Une punition cachée », a jugé Rémi Chéroux, l’avocat de Stéphane Charvériat lors d’une audience mardi 17 mai 2022. « Ce que Bain ne supporte pas est que Monsieur Charvériat ait quitté le cabinet pour rejoindre un rival », a aussi déclaré l’avocat.
Lui nier le versement de ces rémunérations légitimerait des tactiques de chantage de la part d’entreprises qui cherchent à dissuader leurs collaborateurs clés de partir à la concurrence, a encore plaidé l’avocat dans des propos qui lui sont attribués par Bloomberg.
à lire aussi
Clauses de non-concurrence, de non-sollicitation, courriers d’avocats, envoi d’huissiers, tout est bon pour empêcher ou punir les départs « en grappe » de partners d’un cabinet à l’autre.
En bout de course cependant, dans le conseil en stratégie, les contentieux se bouclent en général par des négociations à l’amiable.
Lors de son embauche au BCG, Stéphane Charvériat arrivait de Bain & Company où il dirigeait l’équipe française du retail et dont il était un consultant depuis 2004 (après avoir collaboré avec Kearney de 1993 à 2004 jusqu’au grade de principal, et chez Roland Berger en 1992 et 1993).
À l’audience, Bain a défendu que, bien que Stéphane Charvériat était salarié de Bain avec un contrat français, ce type de rémunération différée relève d’un contrat séparé assujetti à la législation américaine qui ne peut donc être poursuivi en France.
Frédéric Naquet, l’avocat de Bain, a indiqué que Stéphane Charvériat s’était trompé de cour de justice. « S’il veut cette somme d’argent, il devra aller se battre pour elle dans le Massachusetts », a-t-il déclaré.
Un argument que Stéphane Charvériat et son avocat ont écarté, indiquant qu’aucun document au sujet des rémunérations différées n’avait été signé, qu’aucune clause ne prévoyait un droit de préséance des cours de justice du Massachusetts sur le versement de ces rémunérations et que ces montants, calculés à partir de sa rémunération de partner, devraient être considérés comme une partie de son salaire français et donc assujetti à la loi française.
« Je considère qu’une rémunération différée devrait être soldée le jour du départ de l’entreprise », a déclaré Stéphane Charvériat.
Une autre empoignade rapportée par Bloomberg concerne le versement ou non de 700 000 euros de bonus que Bain conteste, estimant qu’elle est par nature discrétionnaire, et que Stéphane Charvériat juge légitime au titre des six mois travaillés en 2019.
Chez Bain, il avait par exemple conseillé Alexandre Bompard sur l’élaboration de la nouvelle stratégie de Carrefour début 2018. Cette année-là, a-t-il précisé à l’audience, Carrefour a rapporté l’équivalent de 20 millions de dollars (soit environ 19,1 millions d’euros) à Bain. « Stéphane Charvériat demande simplement à ce que son travail soit rémunéré équitablement », a plaidé son avocat Rémi Chéroux.
Pareils cas de conflits entre un cabinet et un ancien partner expérimenté sont rares, mais ils peuvent parfois se produire (relire notre article).
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaire (0)
Soyez le premier à réagir à cette information
France
- 20/12/24
Elle a rejoint le cabinet en septembre 2023 et vient d’être nommée partner : Sophie Chassat a désormais pour mission de soutenir le développement d'Accuracy sur les enjeux de transition.
- 18/12/24
McKinsey France enregistre trois nouveaux départs : le senior partner Pierre-Ignace Bernard, près de 30 ans de maison, ainsi que les partners Jérémie Ghandour, arrivé en 2013, et Timothée Fraisse, qui avait rejoint le cabinet en 2018.
- 16/12/24
Depuis décembre 2017, Bain & Company occupe plusieurs étages de cet ensemble immobilier situé au 25 de l’avenue éponyme. Plus de 1 000 mètres carrés supplémentaires vont s’ajouter aux 4 500 mètres carrés dédiés au cabinet jusqu’à présent.
- 13/12/24
Augustin van Rijckevorsel, l’iconoclaste et hyperactif fondateur et ancien CEO de Circle Strategy (jusqu’en 2023), devenu producteur de musique et investisseur, s’est lancé dans une nouvelle aventure.
- 10/12/24
Cost killing. Après l’avoir mis en pratique au sein de X, de Tesla et de SpaceX, Elon Musk l’annonce comme sa future success-story à la tête de l’efficacité gouvernementale. Un buzz mondial. La méthode « à la hache » muskienne fait elle des émules parmi les dirigeants français en mal de productivité dans un contexte économique et géopolitique actuel pour le moins instable ? Veulent-ils, peuvent-ils s’en inspirer ? Le point de vue de quatre partners de cabinets intervenants sur la délicate question de réduction des coûts : Alban Neveux d’Advention, Romain Grandjean d’Avencore, Paul-André Rabate de CVA, et Thomas Chevre de Strategia Partners.
- 09/12/24
Le nouvel entrant au sein du groupe Kéa est un cabinet spécialiste des stratégies de développement des compétences; qui accompagne tant les acteurs institutionnels de l'emploi et de la formation que les grands groupes privés.
- 06/12/24
Jean-Hugues Monier, une vingtaine d’années chez McKinsey, est un partner français basé à New York parti récemment en retraite. Il a coordonné un vaste mouvement de solidarité de la part d’une ONG américaine, Friends of Notre-Dame-de-Paris, qui a grandement participé à la reconstruction de notre emblème national, en partie détruite par le feu en 2019. Il est même personnellement très impliqué dans cette association caritative en qualité de membre du conseil d’administration.
- 05/12/24
Les heureux élus se nomment Laure Charpentier, Bastien Godrix et Thibault Rochet, tous issus de l’interne. Au niveau mondial, Oliver Wyman annonce 45 élections de partners et directeurs exécutifs.
- 03/12/24
C’est l’un des secrets les mieux gardés par tout cabinet de conseil, a fortiori par McKinsey… Identité des grands groupes conseillés par le cabinet de conseil, clients faisant les belles heures du bureau parisien : Consultor lève le voile.