Conjonctures : McKinsey cale, Roland Berger au plus haut
Les deux cabinets ont simultanément publié leurs résultats. Ceux de McKinsey montrent une croissance atone et un certain plateau à la sortie du boom post-covid. Roland Berger atteint, de son côté, son plus haut historique et envisage le milliard d’euros d’activité en 2023 – tout en renonçant dans l’immédiat à financer une croissance plus rapide en bourse.

15 milliards en 2021, 15 milliards en 2022 : ce sont les deux chiffres d’affaires publiés par McKinsey dans son rapport ESG annuel rendu public le 13 juin – une transparence à laquelle le cabinet s’astreint depuis 2018, chose qu’il ne faisait pas par le passé.
Ils témoignent d’un certain ralentissement de l’activité du cabinet après qu’elle a bondi de 12 à 15 milliards d’euros entre 2020 et 2021. Un ralentissement qui a été a fortiori limité par un rythme soutenu d'acquisitions en 2021, 2022 ou 2023 (voir notre suivi).
Un tassement qui n’a rien de spécifique à McKinsey. Sur la même période, en 2022, le BCG a vu son chiffre d’affaires progresser beaucoup plus modérément après une année 2021 stratosphérique. De même d’Oliver Wyman qui a atteint un plateau au T1 2023.
Interrogé à ce sujet par le Handelsblatt, McKinsey a fait savoir que le cabinet « continue à se développer de manière positive » et que « la demande client monte ». Il ajoute aussi : « 2021 a été une année de progression du chiffre d’affaires record, et en 2022, nous avons de nouveau crû. »
Et le cabinet assure que son T1 2023 montre des signes encourageants par rapport à la même période en 2022 – une activité notamment tirée par les nouvelles technologies, la transformation digitale, le développement durable ou encore l’intelligence artificielle.
Cette annonce intervient alors que la firme a annoncé son intention de couper dans les fonctions support – si un premier chiffre de 2 000 départs avait été donné, le patron monde de la firme, Bob Sternfels, avait ensuite indiqué que 1 400 personnes s’apprêtaient à quitter l’entreprise.
Et ce alors, ressort-il également des chiffres publiés par McKinsey, que l’effectif global du cabinet est passé de 34 000 à 45 000 personnes entre 2020 et 2022.
Le milliard pour Roland Berger en 2023 ?
De son côté, Roland Berger a annoncé avoir atteint un chiffre d’affaires de 870 millions d’euros en 2022, en progression de 18 % sur un an (745 millions d’euros en 2021).
C’est certes moins que les +26 % enregistrés en 2021, année post-covid d’intense croissance pour tous les cabinets, mais la progression enregistrée par Roland Berger n’en reste pas moins plutôt supérieure à celle de ses concurrents.
« Nous sommes à nouveau pleinement présents », s’est réjoui le CEO de Roland Berger, Stefan Schaible.
Ce dernier table d’ailleurs pour 2023 sur un premier chiffre d’affaires supérieur au milliard d’euros avec l’ambition de montrer les muscles vis-à-vis des plus grands acteurs mondiaux. Qui restent, ceci étant dit, à bonne distance : Bain, qui ne publie pas de résultats régulièrement, affiche 5,8 milliards de dollars de chiffre d’affaires et Oliver Wyman près de 3 milliards (voir plus haut).
Pour combler ce retard, Roland Berger entend notamment croître hors de son marché historique allemand, tout spécifiquement aux États-Unis et au Moyen-Orient.
Une croissance qui devra reposer dans l’immédiat sur ses propres marges (le cabinet publie un EBITDA de 14 % pour l’exercice 2022) et un partnership mondial de 320 personnes à date.
Roland Berger se laisse pour l’heure toutes les options ouvertes en matière de recherche d’investissement externe, les conditions de marché étant jugées insatisfaisantes pour matérialiser une potentielle entrée en bourse, qui était pourtant encore envisagée dans un proche passé.
Une recherche de croissance qui pourra s’appuyer sur une gouvernance stable : le trio aux manettes de Roland Berger depuis 3 ans (Stefan Schaible, Marcus Berret et Denis Depoux) annonce dans les colonnes du Handelsblatt se représenter. Une élection qui devrait se dérouler sans heurts, le trio étant le seul en lice. Le vote est attendu le 19 juillet prochain.
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaire (0)
Soyez le premier à réagir à cette information
Monde
- 18/02/25
Dans la capitale britannique, le BCG dispose de deux adresses. Le cabinet occupera désormais un étage supplémentaire au 80 Charlotte Street.
- 18/02/25
L’ancien CEO de Bain, Manny Maceda, succède à Orit Gadiesh, présidente depuis 1993.
- 14/02/25
Après l’annonce d’Accenture qui renonce à ses « objectifs de DEI », le patron Monde de McKinsey réaffirme son engagement en faveur de la diversité tout en jouant sur les mots.
- 11/02/25
Dès le lendemain de son investiture du 20 janvier 2025, le 47e président des États-Unis d’Amérique a annoncé que les pays européens (tout comme la Chine, le Canada et le Mexique) pourraient être soumis à des droits de douane, déclarant ainsi : « L’Union européenne est très mauvaise pour nous. Ils nous traitent très mal. Ils ne prennent pas nos voitures ou nos produits agricoles. En fait, ils ne prennent pas grand-chose, donc ils sont bons pour nos droits de douane. »
- 06/02/25
Au 4e trimestre 2024, le chiffre d’affaires du cabinet a atteint 954 millions de dollars, soit son meilleur CA trimestriel depuis 2010.
- 03/02/25
Le géant du conseil US a mandaté Ardea Partners pour opérer une revue stratégique de MIO Partners, le fonds qui gère les investissements privés des anciens associés de McKinsey et de ses actuels dirigeants.
- 23/01/25
D’après la plainte d’une « ex-future » partner du Boston Consulting Group, sa trajectoire fast-tracked aurait été brutalement interrompue à la suite d’une réunion concernant des faits de discrimination raciale au bureau de L.A.
- 22/01/25
C’est une particularité dans le monde du conseil en stratégie : le cabinet Simon-Kucher s’est doté à trois reprises dans son histoire d’un copilotage au niveau mondial. En ce mois de janvier, le Dr Gunnar Clausen et Joerg Kruetten prennent le lead.
- 22/01/25
McKinsey, BCG, Bain & Company, Oliver Wyman... Ces cabinets internationaux de conseil en stratégie ont fait de l’ESG un levier majeur de leur stratégie business et marque. Avec de substantiels rapports annuels ESG à la clef. En annonçant avoir réduit significativement leurs émissions de CO2, constituées à 75-80% par les voyages. Parallèlement, ils assurent « compenser » totalement leurs émissions dites résiduelles par l’achat de crédits carbone. Un sujet à controverse.