Femmes partners : 26% chez McKinsey, Zero chez AT Kearney
Le plafond de verre existe aussi dans les cabinets de conseil en France. 12 % des associés des cabinets ayant au moins dix partners sont des femmes.
Il y a un peu plus de deux ans, Consultor tirait un constat amer : les femmes restaient sous-représentées non seulement dans la profession, mais aussi dans les instances de direction des plus gros bureaux français des cabinets de conseil.
Pour remettre cette étude à jour, nous avons étudié les huit cabinets présents en France avec au moins dix partners. Pas un seul n’atteint un semblant de parité : sur les 228 associés de ces huit cabinets, seulement vingt-neuf sont des femmes, soit 12,7 % de présence féminine. À peine mieux que lors de notre précédente enquête (+ 1,7 point).
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McKinsey, bon élève
McKinsey reste largement en tête du classement, il gagne même quatre points par rapport à 2011. Onze des quarante et un associés du bureau parisien sont des femmes et le cabinet a massivement communiqué sur son initiative « Women matter » qui se décline aussi dans la politique RH de l’entreprise. « Nous sommes des mères, des sœurs, des filles, des épouses et des amies, écrit McKinsey dans une rubrique dédiée entièrement aux consultantes. […] Quand nous voulons travailler sur un sujet qui nous tient à cœur, nous pouvons. Quand nous voulons voyager un peu moins ou faire une pause entre deux projets, nous le faisons. »
McKinsey entretient très soigneusement son image « women friendly ». Sur le site Internet du cabinet, toute une partie est consacrée aux consultantes et à leur façon de vivre leur métier au sein de McKinsey. En mai 2014, Isabelle Patouillaud, associée au bureau de Paris, partageait sur le site du cabinet, dans une rubrique spécialisée dans les témoignages de consultantes, son amour pour le rugby, ses vacances en Bretagne et sa vie de jeune mariée.
Faites ce que je dis, pas ce que je fais
Juste derrière McKinsey, Kea & Partners améliore aussi son score et passe de 19 % de femmes à 22 %, soit quatre femmes pour les dix-huit seniors partners que compte le bureau parisien.
Bain affiche la plus belle progression du panel (+ 13 points), mais c’est sur le site international qu’il faut aller chercher l’intérêt que porte la société à la question des femmes aux postes de direction. OC&C a toujours une femme partner parmi les dix associés.
À partir d’Oliver Wyman, c’est la dégringolade. OW passe de 12 % à 9 % de femmes associées. Le cabinet semble s’intéresser à la question, via notamment le programme WOW : Women at Oliver Wyman. Objectif : repérer et cultiver les talents féminins pour leur permettre de s’épanouir professionnellement. Reste que le programme est décrit en quelques lignes sur la page Internet du cabinet qui parle d’« inclusion et de diversité » et qui comprend, pêle-mêle, les LGBT, les femmes et la « diversité ethnique ».
Roland Berger accuse la chute la plus difficile et passe de 10 % des femmes à seulement 3 %, plus qu’une seule femme parmi les vingt-neuf partners parisiens — alors que le cabinet a édité un PDF à l’attention des P-DG sur l’importance de développer des politiques de diversité qui ne laissent pas les femmes sur le carreau. A.T. Kearney ne progresse pas d’un iota. D’après nos informations (malgré nos relances, le cabinet n’a ni confirmé ni infirmé nos chiffres), ATK n’a pas, en deux ans, inclus une seule femme dans les cercles dirigeants malgré « Women’s Network », un programme à destination des femmes.
Stéréotypes tenaces
BCG perd également un point entre nos deux enquêtes. Le site du cabinet est le seul de notre panel à consacrer, en français, plusieurs pages à la place des femmes dans le bureau. « J’ai trouvé ma maison au BCG et je m’y suis installée », affirme Vanessa Lyon, arrivée comme partner en juillet 2013. Le cabinet a soutenu l’édition 2013 du Prix Trajectoires HEC au féminin, dont la vocation « est d’éclairer la diversité des voies de succès des femmes ».
BCG affirme tout mettre en œuvre pour proposer un environnement de travail bénéfique aux consultantes. Le cabinet a étonnement été reconnu comme l’une des cent meilleures sociétés où il fait bon de travailler pour les femmes par le magazine américain Working Mother. Mais BCG ne s’épargne pas quelques stéréotypes lorsqu’il affirme que les femmes apportent « des qualités spéciales d’empathie, de diplomatie et la capacité à développer des relations interpersonnelles ».
D’une manière générale, un décalage très net se dessine entre la communication sur les valeurs et la réalité de la politique RH. Aucun bureau français n’approche du 50/50. Le meilleur élève de la classe, McKinsey, n’atteignant pas un tiers de femmes dans les associés.
Lisa Melia pour Consultor
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