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« Hard work », méthodo et réseau : les années Bain du CEO de Kiloutou

Pour Olivier Colleau, le président du groupe de location de matériel Kiloutou, les années conseil chez Bain à la sortie de HEC ne devaient durer qu’un temps, quelques années tout au plus. Ce démarrage de carrière durera finalement une décennie. Ce dont le dirigeant perçoit jusqu’à aujourd’hui encore les bénéfices, dans ses méthodes de travail et l’étendue de son réseau. Moins dans le sens du management qu’il a plutôt acquis a posteriori, notant une forme d’entrisme propre à l’élitisme du conseil en stratégie.

Pierre-Anthony Canovas
09 Mar. 2021 à 05:00
« Hard work », méthodo et réseau : les années Bain du CEO de Kiloutou

Petit, Olivier Colleau s’imaginait devenir marin-pêcheur, plongeur ou… journaliste ! Finalement, le Breton est aujourd’hui président exécutif du groupe Kiloutou, acteur majeur de la location de matériels de bricolage, de jardinage, de chantiers et de travaux publics. Entre ces deux moments de vie, beaucoup de chemin parcouru… et de conseil en stratégie.

Sorti de HEC en 1993, Olivier Colleau enchaîne avec son service militaire puis intègre Bain & Co en 1995. « J’ai choisi à l’époque le conseil en stratégie pour la diversité des challenges », confie-t-il aujourd’hui. Il reconnaît aussi qu’il était plaisant d’être « encore dans un apprentissage après l’école de commerce », mais qu’il ne savait pas combien de temps il allait y rester.

Finalement, ce sera dix ans ! Il apprécie la philosophie du « Work Hard, Play Hard » appliquée en interne comme dans tout le secteur. « On bosse comme des mules, en semaine, le soir, le week-end, mais il y a une ambiance vraiment top. »

L'usure de ne pas agir

Le natif du Finistère enchaîne des missions très diverses durant cette période avec toutefois un tropisme pour les practices « distribution et service ». Une mission le marque particulièrement : une immersion de près de douze mois pour la restructuration d’un acteur majeur de la location de voiture. Il s’y implique à fond et apprécie « l’impact concret » de son action. La mission terminée, le consultant doit toutefois repartir… Une vraie déception. Il vit alors « un petit blues, une petite déprime » et s’interroge : « Est-ce que j’ai envie de faire du conseil toute la vie ? » Finalement, la réponse est dans la question.

Il réfléchit à ses passions et ses envies, cible les entreprises qui correspondent à ses attentes et intérêts : y figurent Ubisoft, Lafuma, mais aussi les constructeurs de bateaux Beneteau et Zodiac. Il termine finalement chez ce dernier dans la division marine. Il y passera trois ans au business et au développement.

Puis une chasseuse de têtes vient le voir. Son profil ne correspond pas parfaitement aux cahiers des charges, mais elle veut tenter le coup. Lui aussi. À ce moment-là, Zodiac se restructure, l’ambiance s’alourdit face à la crise. Les entretiens sont concluants. Il plie bagage.

Olivier Colleau devient en 2009 le directeur stratégie et développement du groupe Kiloutou fondé en 1980 par Franky Mulliez de la famille nordiste Mulliez qui détient Auchan. Il gravit ensuite les échelons et connaît une belle ascension : directeur des opérations (2011), directeur général France (2015), directeur général groupe (2016) puis président en 2018.

Le défi du « vrai » management

Au fond, que retient celui qui fête ses 50 ans cette année de son expérience chez Bain & Co qui lui est utile dans son travail quotidien ? « Ce que je garderai c’est cette capacité de travail ou d’organiser son travail, de se dire qu’il faut être capable de fixer des priorités et de les définir très vite. »

Il retient aussi une méthode utilisée au sein du cabinet, celle du « answer first », c’est-à-dire fonctionner à l’intuition. Et quid des découvertes en arrivant au sein de ce grand groupe ? « Il y a quelque chose que l’on ne connaît pas quand on est consultant, c’est le management », explique-t-il. Le Finistérien souligne que l’on peut pratiquer le management en cabinet, mais auprès de personnes qui viennent de mêmes profils avec des ambitions et des fonctionnements globalement identiques. En arrivant en revanche dans une entreprise en tant que dirigeant, « on découvre une très grande diversité de personnes qui ont toutes des talents, mais qui ne sont pas forcément les vôtres ».  

Aujourd’hui, le groupe de 6 000 salariés compte parmi ses challenges une ouverture à l’étranger plus importante pour augmenter ses revenus – une démarche débutée en 2013 et qui se traduit par une présence en Allemagne, Pologne, Italie et Espagne.

« Notre défi est d’internationaliser notre boîte qui est française dans un métier de service où les choses se font localement », explique-t-il. L’entreprise se porte bien avec un chiffre d’affaires en 2019 de 585 millions d’euros contre 440 millions en 2015 grâce notamment à de la croissance externe. Peut-être aussi la parité au niveau exécutif en découvrant que le comité de surveillance comprend neuf membres, tous masculins (par comparaison certains cabinets de conseil en stratégie sont plus exemplaires, relire notre article).

« Les copains de Bain » et l’avenir dans le conseil

Olivier Colleau maintient des liens professionnels avec Bain dans le cadre de ses activités professionnelles, mais aussi avec « quatre à cinq copains » dans sa vie privée. Il apprécie aussi les rencontres organisées deux fois par an par le très riche réseau des alumni du géant du conseil. On en profite pour savoir si ce père de trois enfants et passionné de voyages pourrait revenir au monde du conseil à l’avenir à un poste de senior advisor par exemple. La réponse est sans ambages : « Pourquoi pas ! »

Pierre-Anthony Canovas pour Consultor.fr

Crédit : Adobe Stock.

Bain & Company
Pierre-Anthony Canovas
09 Mar. 2021 à 05:00
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