Législatives au UK : promesses de réduction de moitié des dépenses de conseil
À l’approche des élections générales du 4 juillet au Royaume-Uni, le parti conservateur comme le parti travailliste s’engagent à économiser environ 3 Md£ de conseil externe sur 5 ans s’ils sont élus.
D’un côté du Channel comme de l’autre, une dissolution précipite la tenue d’élections anticipées. Au Royaume-Uni, cette dissolution a été décidée par le Premier ministre Rishi Sunak, très fragilisé dans l’opinion publique et dont le parti est en perte de vitesse dans les sondages et d’après les résultats de la dernière élection — locale — de mai 2024 (près de 500 postes de conseillers municipaux perdus pour les conservateurs). Les élections générales du 4 juillet prochain permettront d’élire les nouveaux membres de la Chambre des communes.
Et la réduction des dépenses de conseil est au programme des deux principaux partis.
Des critiques émises
Pour le Comité des dépenses publiques du Parlement, la dépendance du gouvernement à l’égard des cabinets de conseil externe entraîne un gaspillage d’argent public et pose la question de la perte de compétences au sein de la fonction publique. Dès 2020, Theodore Agnew, alors ministre de l’Efficacité du gouvernement et de la Transformation du service public, jugeait le niveau de recours aux consultants externes « inacceptable », avec comme résultat « l’infantilisation de la fonction publique », selon nos confrères du Financial Times.
Ainsi, depuis décembre 2019, selon Tussel, une société qui fournit des données sur les marchés publics et les dépenses du gouvernement, huit cabinets d’audit et de conseil en stratégie ou informatique ont bénéficié de 7,1 Md£ de contrats publics. Il s’agit de Deloitte, EY, KPMG, PwC, McKinsey, le BCG, Bain et Accenture.
Dans ce contexte de campagne électorale, le parti travailliste, crédité de 45 % d’intentions de vote, estime pouvoir économiser 745 M£ par an en diminuant de moitié les dépenses de conseil interne. Un montant qu’il compte réaffecter aux prestations de service public de première ligne et aux capacités du secteur public en général.
Le parti conservateur du Premier ministre Rishi Sunak, crédité de 20 à 25 % des intentions de vote, annonce également vouloir réduire les dépenses de conseil interne de moitié, tout en ramenant la fonction publique à son niveau d’avant-pandémie. Cela équivaudrait à supprimer 90 000 postes selon The Institute for Government, un groupe de réflexion britannique indépendant.
Face à ces annonces, les représentants du secteur du conseil soulignent qu’il est plus rentable de recourir à des sociétés de conseil pour des projets à court terme, dans le cadre d’appels d’offres concurrentiels, que d’employer des spécialistes à temps plein dans les ministères.
La création infructueuse d’une unité gouvernementale de conseil interne
Le gouvernement britannique a en effet déjà tenté de limiter ses dépenses avec le Conseil de la Couronne, soutenu par l’ancien conseiller de Downing Street Dominic Cummings. Ce projet a été abandonné l’an dernier, les autorités devant admettre qu’il n’avait « pas fonctionné » et que les ministères préféraient mobiliser des cabinets de conseil externe.
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Depuis fin janvier, le gouvernement britannique a supprimé plusieurs des restrictions qui pesaient sur le conseil au secteur public, en lien avec sa volonté affichée jusque-là de réduire le recours aux consultants extérieurs. Une décision qui contraste avec le récent changement de cap du gouvernement français.
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