« Notre effort doit être parfaitement équilibré entre nos clients et nos collaborateurs»
Un peu plus de deux ans après son arrivée à la tête d’Accenture Strategy France et Benelux, Fabrice Asvazadourian, qui a préalablement exercé vingt ans chez Oliver Wyman et codirigé pendant trois ans le centre de compétences mondial services financiers de Roland Berger, dresse un état des lieux de l’avancement de sa mission : implanter cette division du géant des services professionnels sur le marché du conseil en stratégie.
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Où en est le déploiement d’Accenture Strategy à travers le monde, trois ans après son lancement ?
Fabrice Asvazadourian : Accenture Strategy continue de croître et d’affirmer sa différenciation par rapport aux acteurs traditionnels du conseil en stratégie. La croissance significative de nos ventes en France et au Benelux depuis mon arrivée m’amène à penser que notre approche répond à une vraie attente des dirigeants.
Quelle est la spécificité de l’offre d’Accenture Strategy par rapport à ses concurrents ?
F.A. : Notre ambition n’est pas d’être une copie des cabinets de conseil en stratégie qui existent depuis longtemps. Notre spécificité et notre valeur ajoutée résident dans notre capacité unique d’accompagner des dirigeants dans l’accélération de leur transformation digitale grâce à des équipes hybrides constituées de consultants en stratégie métier, de spécialistes des stratégies technologiques et d’experts fonctionnels pointus.
Cela nous permet d’apporter ainsi une réponse différente : au-delà du cadrage stratégique, nous sommes en mesure de nous engager, avec l’ensemble d’Accenture, dans des délais d’exécution à grande échelle et sur des KPI de succès économique. C’est cette capacité d’engagement et d’impact qui fait notre différence et qui intéresse nos clients, car les cycles réflexion-exécution sont aujourd’hui beaucoup plus courts.
Les dirigeants de grands groupes trouvent que les projets ne se déploient pas assez vite et veulent travailler avec un cabinet partenaire prêt à prendre des engagements et à assumer des responsabilités pour réussir à aller plus vite. Mes clients me disent qu’ils ne manquent pas d’idées, qu’ils ont vu plein de choses intéressantes lors d’expéditions dans la Valley, à Dublin, en Israël ou ailleurs, qu’ils ont fait des expérimentations, des pilotes et autres POC.
Mais au final, l’impact sur leur P&L est peu évident, car il est très compliqué de faire coexister les systèmes IT legacy et les modes de fonctionnement traditionnels avec des façons de travailler agiles dans des groupes de 50 000, 100 000 ou 200 000 collaborateurs. Or, c’est exactement ce qu’Accenture Strategy sait très bien faire pour ses clients. Nous avons l’avantage de pouvoir partager la façon dont Accenture mène sa propre transformation avec ses 400 000 collaborateurs. Cela crédibilise évidemment nos recommandations.
Où en est le développement d’Accenture Strategy sur le marché France-Benelux ?
F.A. : Sur la zone dont je m’occupe, nous comptons aujourd’hui une dizaine de clients dont nous sommes le premier partenaire en transformation digitale, et une quarantaine pour lesquels nous sommes un partenaire significatif sur des pans de leur transformation technologique. Ce sont des clients avec qui nous travaillons dans la durée.
Aussi, quand un client me dit « je vous vois plus comme un business partner que comme un consultant pur », cela me fait plaisir parce que c’est ce que nous voulons être et cela démontre la pertinence de notre positionnement. Nous avons la chance d’avoir la puissance de la marque Accenture et toute la crédibilité qu’elle apporte.
À nous de continuer à faire mieux reconnaître Accenture Strategy et notre approche différente de la stratégie auprès de tous les dirigeants français. Pour ce faire, nous multiplions les initiatives ciblées auprès des conseils d’administration, des comités exécutifs, de futurs dirigeants. En termes de secteurs, nous avons historiquement des industries fortes notamment dans l’automobile et les industries manufacturières, avec une très belle équipe qui était là avant mon arrivée. Nous avons également une présence forte en retail et en biens de grande consommation.
Et depuis deux ans, nous avons fortement dynamisé notre présence dans les services financiers et les secteurs des utilities et ressources naturelles, et nous l’avons renforcée dans les télécommunications et les médias. En outre, nous investissons cette année pour développer notre practice M&A et consolider notre leadership en manufacturing 4.0.
Quelles sont vos perspectives en termes de recrutement pour les mois à venir ?
F.A. : Aujourd’hui, environ 450 consultants interviennent dans ma région France-Benelux et nous avons un plan de recrutement de plus de 150 personnes l’année prochaine, dont un peu plus de la moitié en France. Dans un marché porteur, le recrutement est ma priorité, et je suis lucide sur le fait qu’il nous faut être créatifs pour donner envie à des consultants expérimentés et des managers de nous rejoindre pour accompagner de grands programmes digitaux, avoir des opportunités d’encadrement d’équipe deux fois plus grande, et être au cœur d’un écosystème d’innovation technologique.
Nous devons aussi mieux faire connaître notre façon d’exercer le métier de consultant en stratégie, expliquer ce qu’est la vie au quotidien d’un consultant chez nous et les perspectives que nous offrons en termes d’immersion dans la technologie et de formation.
Que traduit selon vous l’arrivée des Big Four sur le marché du conseil en stratégie ?
F.A. : Je pense que cela traduit une transformation profonde du marché du conseil en stratégie et la concentration inévitable qu’impliquent des niveaux d’investissements croissants pour rester pertinents. Nos clients ne veulent plus seulement d’une petite équipe de gens brillants et agiles, ce n’est plus suffisant, notamment pour les grands groupes qui ont besoin d’être accompagnés de bout en bout sur des initiatives touchant l’ensemble de leur organisation au plan mondial.
On va observer une polarisation autour d’acteurs qui auront les capacités d’investir pour être à la pointe de l’innovation et maîtriser les nouvelles capabilities. Les Big Four veulent être présents avec un positionnement spécifique et ils en ont les moyens. De leur côté, il semble que les deux principaux cabinets de stratégie historiques investissent beaucoup pour aller dans cette direction – ce qui me fait penser que nous n’avons pas tout à fait tort avec notre positionnement à l’intersection des métiers et des technologies...
Mais il faut encore voir quelle sera leur capacité à « devenir des industriels » sur un certain nombre de compétences liées à la technologie. Quant aux autres cabinets de conseil en stratégie traditionnels, je ne suis pas sûr qu’ils aient la taille et les moyens nécessaires pour suivre cette évolution. Certains essaient de dépasser le monde des idées et des slides via des partenariats avec des start-up ou autres. Mais ce qui peut fonctionner cahin-caha en phase de POC fonctionne plus difficilement en phase de déploiement à grande échelle.
Sur un plan personnel, quel bilan tirez-vous de cette mission particulière qui vous a été confiée il y a un peu plus de deux ans ?
F.A. : Je suis très fier de la façon dont nous avons réussi à créer l’une des plus belles équipes de la place avec 450 consultants en stratégie à Paris, Bruxelles et Amsterdam. Je pense que les collaborateurs qui nous ont fait confiance depuis le début ou nous ont rejoints doivent également être fiers du chemin parcouru ensemble. En parallèle, notre capacité à engager des dialogues stratégiques avec de grands groupes nous a permis de gagner une véritable reconnaissance auprès de toutes les équipes d’Accenture. C’est un gage d’efficacité accrue.
À titre plus personnel, c’est une nouvelle expérience dans un très grand groupe et j’ai dû apprendre à travailler avec le rythme des résultats trimestriels. J’ai également dû hybrider ma façon de conseiller mes clients pour intégrer pleinement les nouvelles technologies. J’ai bénéficié du reverse mentoring, parfois patient, de jeunes consultants de notre practice Techno Strat.
J’en tire la satisfaction et le plaisir que l’on ressent quand on réussit à sortir de sa zone de confort et se dépasser, même s’il me reste du chemin à parcourir. Je suis aussi content d’avoir réussi à convaincre une dizaine de partners venant d’une demi-douzaine de cabinets de conseil en stratégie de nous rejoindre pour relever notre défi, et de voir qu’ils sont bien intégrés, performants et ravis. Cela montre que notre positionnement est pertinent et attractif, même si Consultor a encore du mal à nous considérer dans son classement annuel, mais ça viendra bien, un jour prochain…
Propos recueillis par Miren Lartigue
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