« Notre modèle ne fonctionne plus » : autocritique interne chez McKinsey
Dans la foulée de la fuite d’un plan de suppression de 2 000 salariés des fonctions support, deux senior partners de la firme battent la coulpe d’un modèle de conseil qu’ils jugent désuet et qu’ils appellent à refonder. Cette position crée des remous en interne.
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« Dit simplement : notre business model, qui n’a plus été révisé depuis une décennie, ne fonctionne plus avec les objectifs d’une firme moderne. » Telle est la tonalité d’un email adressé aux 44 000 alumnis de la société de conseil par deux senior partners, David Schoeman (à New York) et Klaus Behrenbeck (à Cologne), que le Handelsblatt a pu consulter et dont le quotidien économique fait état dans ses colonnes le 6 mars 2023.
Il intervient alors que les ambitions de réduction d’effectifs de la firme – qui ont doublé en dix ans pour atteindre 45 000 personnes dans le monde – ont récemment fuité. McKinsey ambitionnerait ainsi de réduire les effectifs de ses fonctions support de 2 000 personnes. Ce qui constituerait le plus important plan de suppressions d’emplois de toute l’histoire de la firme – qui fêtera ses 100 ans en 2026.
L’ambition serait à présent d’orienter le cabinet vers « un modèle plus mobile, plus sûr et plus qualitatif avec moins d’itérations », écrivent les deux partners dans leur mail. Un process qui n’en serait qu’à ses débuts et dont on ne sait pas encore s’il aboutira à des suppressions de postes, a voulu rassurer une porte-parole de McKinsey, interrogée par le Handelsblatt.
Des licenciements dont il n’est plus question non plus dans l’envoi fait aux anciennes et anciens – quoique les deux partners invitent le réseau des « ex » à ne pas hésiter à publier leurs offres d’emplois sur la plateforme dédiée aux alumnis de McKinsey. Elles pourraient être utiles aux salariés du cabinet qui pourraient quitter l’entreprise dans le cadre de la réorganisation en cours, encouragent les deux partners.
Ce qui n’est pas peu tant le réseau d’anciens de McKinsey est puissant. On y retrouve aux quatre coins du monde une panoplie de CEO, de chefs d’État, de ministres ou encore d’entrepreneurs. « McKinsey un jour, McKinsey toujours » serait la devise informelle de ce réseau.
Le mail des deux partners intervient alors que, selon le Handelsblatt, l’annonce d’un plan de licenciements a beaucoup surpris en interne, par exemple en Allemagne. « La nouvelle nous a totalement pris de court, en plus par médias interposés », dit anonymement un partner outre-Rhin, interrogé par le journal économique.
De plus, pareille annonce envoie à l’externe le message d’un leader mondial du conseil en stratégie qui n’a pas su gérer sa propre croissance – grossissant beaucoup trop et beaucoup trop vite dans une conjoncture favorable.
Plusieurs raisons poussant McKinsey à réduire la voilure sont également mises en avant par la source du Handelsblatt. Ainsi du ratio de non-consultants (personnes dédiées à l’IT, au marketing, à l’administratif…) rapporté aux consultants : il serait de 1 pour 1 chez McKinsey quand il serait plutôt de 1 non-consultant pour 3 consultants chez les deux principaux concurrents, le BCG et Bain. L’avantage est que consultants et partners peuvent être entièrement concentrés sur leurs missions de conseil ; désavantage : pareille structure entraîne des coûts très lourds qui tirent encore vers le haut des honoraires facturés aux clients déjà très élevés (des taux journaliers moyens de plusieurs milliers d’euros variables en fonction de la séniorité, du sujet ou du client).
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