Oliver Wyman et Roland Berger, « élus » du copieux marché du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer
« L’évaluation de politiques publiques et études prospectives pour le compte du MIOM » : tel était l’intitulé de ce substantiel marché, d’une valeur totale de 21,1 millions d’euros, dont l’avis avait été lancé en janvier 2023 pour le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, via sa direction opérationnelle, la DEPAFI (Direction de l’évaluation de la performance, de l’achat, des finances et de l’immobilier). Un accord-cadre, divisé en six lots, d’une durée initiale de 2 ans, reconductible deux fois (pour un maximum de 48 mois).
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L’avis d’attribution des trois derniers lots (no4, 5, 6) vient d’être publié ; les trois premiers, dédiés à l’outre-mer (politiques éco, financières et fiscales, de formation/d’éducation, de santé/d’habitat/d’environnement), ayant été déjà attribués en juillet dernier.
Deux cabinets de conseil en stratégie, Roland Berger et Oliver Wyman, font partie des titulaires de cette deuxième session, tous les deux également attributaires du dernier marché de la DITP. Roland Berger a « décroché » le lot no4 pour la « réalisation d’évaluations de politiques de sécurité routière », en groupement avec CMI et Wavestone. L’estimation de la valeur de ce lot s’élève à 1,6 M€ HT. Fait notable, le ministère n’avait reçu qu’une seule candidature…
Quant au cabinet Oliver Wyman, il est co-attributaire (de rang 2) en groupement avec Eurogroup Consulting du lot no6 qui a pour objet la « réalisation d’études prospectives et l’alimentation des dispositifs de veille prospective », pour une valeur totale de 3,2 M€ HT. Les deux autres attributaires sont CGI France (rang 1) et le groupement Futuribles/Technopolis/Amnyos (rang 3).
Ce marché du MIOM, lancé début 2023, n’entre pas dans celui de la DITP 2023-2027 (entre 150 et 200 M€ – attribué en début d’année –, et dont l’ensemble des ministères sont bénéficiaires. Une question de montant total de ce conséquent marché et du récent plafonnement du coût par mission – qui ne doit pas dépasser 2 M€), comme l’avait annoncé le ministre de la Transformation et de la Fonction publique, Stanislas Guerini à l’été 2022)…
Pour rappel, le ministère de l’Intérieur et des outre-mer avait été le très bon élève en termes de réduction des dépenses de conseil en 2022 et au premier trimestre 2023 : -80 % pour l’Intérieur et -40 % pour les outre-mer. En 2022, ce ministère bicéphale avait dépensé 11,5 millions d’euros pour des prestations de conseil (dont 7 M€ en stratégie et organisation), et des gros postes, la conduite et le pilotage des politiques de l’intérieur (4 M€) et la Police nationale (2 M€). Pour ce seul marché quadriannuel, le MIOM va dépenser quelque 10,5 millions d’euros par an pour les 2 prochaines années.
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Ce sont des données qui tombent à pic quelque 3 mois seulement après un nouveau « recadrage » de la Cour des comptes sur le recours de l’État aux cabinets de conseil. Bercy vient de publier un jaune budgétaire sur les dépenses effectives en matière de conseil (hors informatique) en 2022 et au premier semestre 2023. Elles auraient diminué d’un tiers entre 2021 et 2022, passant de 235 à 156 millions d’euros sur un seul exercice. L’occasion d’un satisfecit pour Bercy qui met en avant « l’efficacité des actions menées par les ministères ». L’ancienne sénatrice à l’origine de la commission d’enquête parlementaire sur le sujet, Éliane Assassi, en tire des conclusions bien différentes.
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