le media indépendant du
conseil en stratégie

icone burger fermee

rechercher sur le site

icone recherche

Pro bono : « Cette génération aspire à trouver du sens et à servir des intérêts autres qu’économiques »

 « Les consultants veulent utiliser leurs compétences dans un cadre différent et s’investir dans une activité utile à la société », analyse Patrick Bertrand, président et fondateur de Passerelles et Compétences. La structure met en relation des associations de solidarité avec des professionnels dans le cadre de missions bénévoles. Sur les 5 500 volontaires que compte Passerelles et Compétences, environ 400 sont consultants en stratégie. En 2014, ils ont réalisé 10 % des 500 missions confiées à l’association.

 

13 Avr. 2015 à 14:43
Pro bono : « Cette génération aspire à trouver du sens et à servir des intérêts autres qu’économiques »

 Tout comme le bénévolat, le mécénat de compétences a la cote dans les cabinets de conseil en stratégie. Depuis six ans, Kea & Partners réalise chaque année cinq à six missions d’accompagnement stratégique représentant environ 400 jours-hommes par an. Au-delà, le cabinet a cofondé  CO-Conseil une société à but non lucratif qui intervient auprès d’acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS). La société facture ses prestations de conseil en stratégie sur la base d’un business model permettant de diviser le coût par deux. Autres exemples, depuis dix ans Vertone réunit chaque année les bénévoles de la Fédération « Cheer Up ! » pour les former durant un week-end à la gestion de projet. Depuis décembre 2012, le cabinet consacre également 30 jours de conseil gratuit par an à la Fédération française des banques alimentaires. À leur demande, Vertone aide la Fédération nationale ou les banques alimentaires locales à définir leur stratégie, à moderniser leurs infrastructures de distribution, etc.

L’engagement bénévole du bureau parisien de Bain & Co est plus récent. En 2014, ses 240 employés ont consacré chacun (dans le cadre du « Bain cares day ») une journée à une association (Baby-Loup, Apprentis d’Auteuil, Force Femmes…) pour conduire des activités manuelles ou intellectuelles qui répondaient à un besoin : aide au business plan, support de recrutement… mais aussi peinture, construction d’un potager… Le mécénat de compétences classique avec détachement d’une équipe composée de managers et de consultants est plus variable. Il concernerait environ une mission par an. En comptabilisant le « Bain cares day » et les autres aides ponctuelles, le bureau parisien a donné en 2014 environ 300 jours à des associations. « Le mécénat de compétences fait l’objet de beaucoup plus de demandes aux États-Unis et en Angleterre qu’en France. Nous ne croulons pas sous les sollicitations. Les besoins pour du vrai conseil en stratégie ne sont pas si importants », justifie Grégoire Baudry, associé chez Bain, qui assure cependant que l’opération du « Bain cares day » a vocation à être pérennisée.

Les cabinets se défendent d’opportunisme. Ils assurent que le pro bono est totalement inscrit dans leur politique d’entreprise. Le mécénat est géré en tout point de la même façon que les missions rémunérées : mêmes équipes, mêmes exigences, même évaluation. Ils justifient leur engagement par un besoin individuel et collectif de s’impliquer auprès de la société, d’y jouer un rôle et plus encore d’avoir un impact sur celle-ci. Le mécénat de compétences correspondrait aussi à une forte aspiration des consultants d’aujourd’hui dont la moyenne d’âge est inférieure à 30 ans. Ils veulent donner du sens à leur activité. S’engager auprès d’associations leur permet de s’impliquer sur des sujets de société. « Cette génération aspire à trouver du sens et servir des intérêts autres qu’économiques », confirme Benoît Gajdos, associé chez Kea et coresponsable de CO-conseil, pour qui l’offre pro bono est un levier de recrutement. Cependant, les partners réfutent l’idée que le conseil soit artificiel et que le bénévolat permette de remplir un vide quant à la proposition de valeur qui est faite aux consultants. « Je dirais plutôt que le conseil est conceptuel. Le monde de l’entreprise est devenu très impersonnel et les consultants se sentent parfois loin de la réalité du monde. Ils cherchent du concret », précise Patrick Bertrand. « La quête de sens n’est pas propre au conseil, estime pour sa part Alexandre Bocris, directeur associé chez Vertone en charge de la RSE. Et elle ne concerne pas que les jeunes. »

Les missions de conseil pro bono sont aussi un levier de progrès pour les consultants. Elles ne les laissent pas indemnes. En les confrontant à des situations, des modes de fonctionnement, des hommes et des femmes différents de leur quotidien, elles les enrichissent professionnellement et humainement. Ils acquièrent de nouvelles connaissances qui leur permettront d’innover de retour en entreprise. « Les associations sont des entreprises particulières, confirme Patrick Bertrand. Beaucoup de consultants y redécouvrent l’importance du temps consacré à la prise de décision. » Travailler avec des associations leur permet aussi de mieux appréhender leurs prises de décision dans les grandes compagnies.

Serait-ce aussi pour apaiser leur conscience ? « Peut-être que certains le font pour se dédouaner et se donner bonne conscience. Mais je n’en suis pas persuadé. Ils cherchent à se réapproprier le monde complexe dans lequel nous vivons. Ils veulent agir à leur niveau. Leurs activités pro bono leur permettent de trouver un équilibre », conclut Patrick Bertrand.

Léa Billon pour Consultor

 

Benoît Gajdos
13 Avr. 2015 à 14:43
tuyau

Un tuyau intéressant à partager ?

Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !

écrivez en direct à la rédaction !

commentaire (0)

Soyez le premier à réagir à cette information

1024 caractère(s) restant(s).

signaler le commentaire

1024 caractère(s) restant(s).
6 * 4 =

France

  • Le partnership français de McKinsey perd 7 associés en 2 mois
    30/10/24

    L’automne fait son œuvre au sein de la Firme, les feuilles tombent… et les partners aussi. Les nouveaux départs sont ceux de Flavie Nguyen et Thomas London.

  • Deux associés EY-Parthenon propulsés au comex d’EY France
    29/10/24

    Julia Amsellem, qui a rejoint l’entité de conseil en stratégie d’EY en 2017, et Étienne Costes, engagé depuis 2013, font partie des 17 membres du nouveau comex d’EY dans l’Hexagone.

  • Pauvreté : l’étude choc d’Oliver Wyman
    23/10/24

    C’est une étude coup de poing que le cabinet Oliver Wyman a réalisée à titre pro bono pour le collectif ALERTE (fort de 35 associations, dont Action contre la Faim, Médecins du Monde et ATD Quart Monde) dédié à la pauvreté et à l’exclusion. Elle est intitulée « Lutter contre la pauvreté : un investissement social payant. » L’une des conclusions plutôt contre-intuitive : combattre la pauvreté par des financements serait un investissement gagnant-gagnant, pour les personnes concernées comme pour l’économie nationale. Les analyses du président d’ALERTE, Noam Leandri, et de Jean-Patrick Yanitch, partner à la tête de la practice Service public et Politiques publiques en France.

  • Le partnership parisien de McKinsey se déplume avec le départ de deux nouveaux associés
    15/10/24

    Début octobre, deux nouveaux partners ont disparu de la liste des associés de la Firme : Guillaume de Ranieri, poids lourd du cabinet où il évoluait depuis 24 ans, et Xavier Cimino, positionné sur une activité stratégique.

  • Roland Berger recrute un partner Énergie chez Accenture
    07/10/24

    Doté d’un parcours dédié presque exclusivement au conseil (BCG, Kearney, Accenture - entre autres), Mathieu Jamot rejoint le bureau parisien de Roland Berger.

  • Nouvel associé senior « pure strat » : le partnership d’eleven s’étoffe encore
    03/10/24

    Depuis avril 2024, les arrivées se succèdent : après Jean-Charles Ferreri (senior partner) et Sébastien d’Arco (partner), Thierry Quesnel vient en effet renforcer les forces vives, « pure strat » et expérimentées, d’eleven.

  • Lyon, Bordeaux, pourquoi les cabinets s’installent en région ?
    02/10/24

    Minoritaires sont les cabinets de conseil en stratégie à avoir fait le choix de s’implanter au cœur des régions françaises. McKinsey, depuis les années 2000, Kéa depuis bientôt 10 ans, Simon-Kucher, Eight Advisory, et le dernier en date, Advention… Leur premier choix, Lyon. En quoi une vitrine provinciale est-elle un atout ? La réponse avec les associés Sébastien Verrot et Luc Anfray de Simon-Kucher, respectivement à Lyon et Bordeaux, Raphaël Mignard d’Eight Advisory Lyon, Guillaume Bouvier de Kéa Lyon, et Alban Neveux CEO d’Advention, cabinet qui ouvre son premier bureau régional à Lyon.

  • Kéa mise sur l’IA et la data avec sa 10e opération de croissance en 3 ans
    23/09/24

    Retour sur la dynamique de croissance externe de Kéa via l’intégration capitalistique de Veltys – et le regard du PDG et senior partner de Kéa, Arnaud Gangloff.

  • Ces deux ministres du gouvernement Barnier qui ont débuté dans le conseil
    23/09/24

    Astrid Panosyan-Bouvet, une ancienne de Kearney, et Guillaume Kasbarian, un ex de Monitor et de PMP Strategy, entrent dans le copieux gouvernement de Michel Barnier, fort de 39 ministres et secrétaires d’État. Bien loin des 22 membres du premier gouvernement Philippe ; ils étaient 35 sous le gouvernement Attal.

Super Utilisateur
France
pro bono, mécenat, vertone, bain, kea & partners, co-conseil, Grégoire Baudry, Benoît Gajdos, Patrick Bertrand, philantropie
3318
Benoît Gajdos
2022-02-17 20:51:23
0
Non
France: Pro bono : « Cette génération aspire à trouver d
à la une / articles / Pro bono : « Cette génération aspire à trouver du sens et à servir des intérêts autres qu’économiques »