Etre en couple dans le conseil : bon plan ou galère ?
Déplacements fréquents, horaires à rallonge et stress omniprésent… Le couple a peu de place dans le monde du conseil. Chacun s’organise alors comme il le peut.
Est-il possible de conjuguer vie de couple épanouie et performances dans son job? Tous les cadres se sont un jour posé cette question. Mais dans le conseil, elle acquiert un poids plus important encore. Pour ne pas sacrifier la vie privée sur l’autel du travail, chacun s’organise comme il le peut.
Mais d’abord, comment sort-on du célibat lorsqu’on est jeune consultant ? A l’heure où l’on a tout à prouver, pas facile en effet de sortir tous les soirs et de rencontrer de nouvelles têtes comme les copains. « Dans le conseil, il y a deux voies de rencontre pour les couples : l’école et la boite durant les missions », tranche un Partner divorcé. Pour l’école, pas de problème : avoir un même parcours et de mêmes ambitions soude un couple.
Les couples qui se forment durant les missions peuvent par contre poser quelques petits soucis au manager, comme le raconte ce Partner président de sa boite de conseil. « Certains cabinets mettent dans leurs standards éthiques l’interdiction de sortir ensemble lorsque l’on est en mission. Cela peut en effet poser problème. Quand les deux sont sur le même niveau cela peut fausser la mission si l’aspect personnel interfère », explique t-il.
Pas idéal en effet que le client se rendre compte de tension en cas de dispute entre les tourtereaux. « Et lorsque les deux sont à des niveaux différents, cela peut poser problème pour l’évaluation si un des deux conjoints est à la fois juge et partie. Du coup, même de manière officieuse, cette question doit être beaucoup plus normée que dans d’autres types de boites », ajoute t-il.
Du côté des gros cabinets, on assure que ce sujet n’est pas un sujet de réflexion. Officiellement du moins. Mais au niveau du management, notre Partner président l’assure : il faut prendre quelques précautions. « Bien sûr on a rien à dire sur ce que les gens font de leur vie, mais en terme de gestion c’est un facteur de risque. Je fais attention de ne pas mettre ceux dont je sais qu’ils sont en couple sur les mêmes missions. Je n’en parle pas avec eux, mais ils savent que je sais », confie t-il.
Une fois en couple, l’organisation devient tout un art. Le but : réussir à se ménager des moments à deux. « J’ai toujours noté mes loisirs dans mon agenda comme si c’était des rendez-vous professionnels », explique ce consultant, « je les cale rapidement et en avance en essayant de ne pas les bouger ».
Guillaume lui, qui a été consultant pendant cinq ans, avait adopté la technique du sms de synchronisation avec sa femme, elle aussi dans le conseil : « On s’envoyait un texto tous les soirs vers 20h30 pour savoir où on en était. Si ma femme me disait qu’elle allait rentrer, je me forçais à en faire de même », se souvient-il. Avec un bémol : « Evidement je devais me remettre au travail à 23h30 une fois qu’elle était endormie. Au bout d’un temps, j’ai fais l’inverse : me coucher avec elle et me lever à 4 heures du matin pour travailler », raconte t-il.
Pour lui, être tous les deux dans le conseil est cependant un avantage indéniable. « Je pense que si la personne avec qui je suis faisait un autre métier ça serait très compliqué qu’elle accepte que je puisse bosser le weekend, être joignable tout le temps, ou faire des nocturnes pendant trois semaines. Mais comme nous sommes dans le même cas tous les deux nous nous comprenons ! », se réjouit-il.
Avec un bémol : la désynchronisation. « Quand j’ai commencé comme consultant je suis parti six mois au Maroc. Et trois mois après mon retour, c’est elle qui s’envolait pour la Tchécoslovaquie et le Mexique. On s’est toujours croisé et c’était difficile », ajoute t-il.
Le vrai frein semble pourtant être l’arrivée des enfants. A ce moment là, pas question de continuer sur le même rythme. Heureusement, la « famille » est, elle, un sujet de réflexion pour la plupart des boites, qui permettent alors aux parents de partir plus tôt ou adaptent les missions délocalisées. Avant, les difficultés d’être un couple dans le conseil auront au moins eu le mérite de tester la résistance de l’union!
Par Léonor Marsaudon pour Consultor.fr, portail du conseil en stratégie - 22/09/2013
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