Soutien à Emmanuel Macron : McKinsey se défend
Karim Tadjeddine, qui était entendu par le Sénat, a jugé que cela avait été « une erreur » d’utiliser son mail professionnel en soutien à la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, tout en indiquant que c’est le droit le plus strict des consultants d’avoir des engagements politiques dans leur vie privée.
Comme Consultor en faisait le récit (relire notre article), ils sont quelques-uns au 90, avenue des Champs-Élysées à avoir participé à des événements d’organisation de la campagne (réunions de réflexion, rédaction d’articles), comme, par exemple, Jean-Christophe Pierron, engagement manager chez McKinsey (qui a quitté le cabinet en 2019) ou Guillaume de Ranieri, partner du cabinet.
D’autres ont poussé leur engagement un cran plus loin, à l’instar de Karim Tadjeddine, partner en charge du secteur public, qui a été jusqu’à donner de son temps pour comparer les prestataires possibles pour le développement d’un site Internet pour la campagne, selon les mails rendus publics par Wikileaks.
Fin 2016, Karim Tadjeddine avait participé à un dîner de soutien d’En Marche! organisé par Christian Dargnat, artisan de la levée de fonds d'Emmanuel Macron pour son élection de 2017, et auquel participait aussi Nicolas Goudy, qui deviendra plus tard, entre 2018 et 2020, le patron de Génération France, la fondation créée par McKinsey pour lutter contre le chômage des jeunes en favorisant l’acquisition des compétences recherchées par le marché du travail.
Autant de marques de soutien que Karim Tadjeddine a pu apporter à la campagne en utilisant son mail professionnel chez McKinsey. Interrogé à ce sujet le 18 janvier 2022 par la commission d’enquête du Sénat sur l’influence des cabinets de conseil privé sur les politiques publiques, il a jugé que cela avait été « une erreur ».
Tout en rappelant que les engagements politiques des consultants de McKinsey, en dehors de leur temps de travail, relevaient de leurs libertés individuelles. « Je ne suis pas habilité en tant qu’employeur à demander à qui que ce soit quelles sont ses activités politiques individuelles », a-t-il déclaré.
Ainsi de Mathieu Maucort, un consultant de McKinsey qui rejoindra ensuite En Marche! avant de devenir directeur de cabinet du secrétaire d’État au numérique, Mounir Mahjoubi. « Il ne relevait pas du secteur public », a défendu Karim Tadjeddine.
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Ils sont un certain nombre de consultants plutôt seniors à s'être investis dans la campagne d’Emmanuel Macron. Plusieurs raisons l’expliquent.
Au premier chef, la compatibilité idéologique qui existe entre le nouveau mouvement et les profils des consultants. La rupture avec la politique à l’ancienne proposée par En marche a aussi séduit des profils pour qui développer une culture d’entreprise en politique était nouveau et attirant. Enquête sur cette frange du secteur privé qui a convergé autour d’Emmanuel Macron.
Ce dernier a aussi tenu à remettre les pendules à l’heure sur le niveau de porosité qui pourrait exister entre le secteur public, la haute fonction publique et McKinsey en France. Ainsi, a-t-il indiqué en substance, le secteur public ne pèse que 5% de l’activité du cabinet en France. Seuls sept des actuels 600 collaborateurs du cabinet en France, entre Paris et Lyon, ont eu des expériences de plus de deux ans dans le secteur et seule la moitié de ces sept collaborateurs travaillent à des missions dans le secteur public. De plus, a encore déclaré Karim Tadjeddine, 1% des alumni du cabinet en France travaillent dans le secteur public à l’issue de leur expérience dans le cabinet.
Autre interrogation des sénatrices et sénateurs sur de possibles collusions du cabinet de conseil avec le gouvernement d’Emmanuel Macron : la contribution de Karim Tadjeddine à l'État en mode start-up, le livre copublié en 2016 par Thomas Cazenave. L’énarque, directeur de cabinet d’Emmanuel Macron à Bercy en 2016, a été délégué interministériel à la transformation publique de 2017 à 2019 – le principal guichet des achats de missions de conseil en stratégie par les ministères entre 2018 et 2020, dont McKinsey est un des principaux bénéficiaires. Karim Tadjeddine a indiqué qu’il ne s’agissait qu’une d’une contribution sur la quinzaine que comptait l’ouvrage.
Des engagements individuels qui n’ont eu aucun impact dans le choix, en juin 2018, de McKinsey par la DITP, parmi 13 cabinets de conseil privés principaux et 45 sous-traitants, pour accompagner la transformation publique jusqu’en 2022.
« Le marché est structuré et ouvert », a défendu Karim Tadjeddine. Ce que corroborait également Thierry Lambert, l’actuel délégué interministériel à la transformation publique (DITP), entendu plus tôt par la même commission (relire notre article).
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