« Sur les objets connectés, Les enjeux sont colossaux », Vincent Boutteau, partner chez Eleven Strategy
Entré chez Eleven Strategy en 2011, Vincent Boutteau a développé une expertise sur la révolution digitale.
Il évoque les enjeux de cette problématique pour les entreprises ainsi que le positionnement du cabinet sur ce marché.
- Transfert : Jean-Charles Ferreri arrive chez eleven
- Digital : « Beaucoup de suiveurs, peu de kamikazes »
- Eleven : Pietro Turati promu partner
- Digital : radiographie de la méthode Bain
- Eleven ou le pari du Petit Poucet
- « La stratégie digitale est devenue de la stratégie tout court » (Bertrand Semaille, Eleven)
- Strategy& : « Tout est digital »
- Bain et le digital
Sept ans après sa création, comment se développe Eleven Strategy ?
Lorsque le cabinet a été créé en 2008, il comptait 11 consultants. Nous sommes aujourd’hui une quarantaine et nous affichons une croissance de 20 % par an. Notre positionnement est centré presque exclusivement sur les sujets digitaux, puisqu’ils représentent 80 à 90 % de notre activité. Nous travaillons auprès des deux tiers des comptes du CAC 40, avec l’objectif de les fidéliser pour consolider notre chiffre d’affaires. Nous intervenons sur tous les secteurs sous l’angle des problématiques digitales, et au fil du temps nous avons développé de solides expertises sur quelques verticales : les infrastructures et les transports, les télécoms et l’hôtellerie, l’énergie et dans une moindre mesure, la banque et l’assurance, le luxe et la santé.
Le digital est un sujet à la mode. Quelle est votre approche ?
Le virage du digital a été pris très naturellement en 2010 par le cabinet, car nos premiers clients faisaient partie des secteurs fortement impactés (hôtellerie, télécom, musique) par ce changement. Nous l’abordons de deux manières.
Tout d’abord par l’impact que provoquent ces nouvelles technologies chez les clients, avec deux types d’impact : les ruptures et les enjeux stratégiques qui en découlent d’une part, les sujets d’amélioration continue d’autre part. Une des grandes spécificités du digital est que la distinction entre ces deux types d’impact n’est pas immédiate, et peut dépendre de l’angle d’analyse choisi. Dans certains cas, ce qui peut être vu comme une amélioration de processus au travers du digital par certains acteurs en place peut se révéler être une formidable opportunité de création de nouveaux business models pour de nouveaux entrants. Docusign dans l’immobilier est une très bonne illustration de cette imbrication.
Pour aider nos clients à s’aligner sur une compréhension collective du périmètre du digital (et éviter que tout devienne du « digital »), nous travaillons aussi avec eux sur la notion d’enablers digitaux : big data, applications mobiles, interfaces web, réalité augmentée, NFC, 3D printing...
Cisco annonce 50 milliards d’objets connectés dans le monde en 2020. Quels sont les enjeux ?
Je ne me prononcerai pas sur ce chiffre, mais il est vrai que les enjeux sont colossaux. Nous travaillons avec de grandes entreprises sur ce sujet. Il s’agit à la fois de les aider à définir leur stratégie et de les accompagner dans leur politique de transformation. La problématique est prégnante en matière de gestion d’actifs physiques par exemple : alors que vérifier le bon état d’actifs dispersés est très coûteux, les objets connectés représentent un champ de création de valeur considérable, notamment dans le B2B. Il peut aussi s’agir d’applications BtoC dans le médical, le service à la personne ou encore l’assurance. À titre d’exemple, avec la voiture sans conducteur, le nombre de morts par accident de la route pourrait drastiquement diminuer, passant de 12 millions aujourd’hui à quelques centaines de milliers. Les assurances commencent donc à fortement s’impliquer sur ces sujets.
Quelle évolution connaissent les problématiques digitales des entreprises ?
L’un des gros sujets est celui de la transformation digitale, autour par exemple du lancement de projets innovants et « disruptifs ». La plupart de nos clients ont investi massivement ces dernières années dans des dispositifs qui n’ont pas toujours donné satisfaction (prise de participation dans des start-up, création de labs digitaux, hackathons…). Depuis un an, nous accompagnons donc nos clients dans la mise en place de structures ad hoc destinées à accélérer la transformation digitale, par exemple des modèles « d’excubateurs » sur les sujets digitaux. Il s’agit pour les entreprises de développer des projets en mode start-up qui sortent de l’entreprise sur la base d’un certain nombre de critères avant éventuellement de pouvoir réintroduire ces projets. Nous intervenons à la fois dans la phase amont pour les aider à concevoir le dispositif, et dans la phase aval de conduite des projets. C’est une formidable opportunité pour des consultants qui veulent devenir de futurs « entrepreneurs » de ces projets.
En quoi votre positionnement vous différencie-t-il des cabinets de stratégie historiques ?
Nous travaillons à 80 % voire 90 % pour ces questions, ce qui nous octroie une connaissance pointue des enablers et une grande agilité sur les problématiques digitales. Nous intervenons aussi bien sur la stratégie que sur la transformation, ce qui est un atout sur les sujets digitaux, toujours à la frontière entre le disruptif et l’amélioration continue. Enfin, nos consultants apprécient aussi beaucoup la proximité avec les partners et les seniors managers, car l’équipe reste à taille humaine malgré la croissance.
Faut-il être un geek pour entrer chez Eleven Strategy ?
L’intérêt, voire l’enthousiasme et la curiosité, les nouvelles technologies et les sujets de rupture fait évidemment partie des critères de recrutement, la fibre entrepreneuriale également.
Nos consultants restent toutefois des intervenants directs auprès des directions générales, tel un consultant en stratégie, ils sont donc formés sur les fondamentaux du métier et confrontés très rapidement au client. Les consultants qui quittent le cabinet rejoignent quasi exclusivement une start-up, qu’ils ont parfois créée eux-mêmes. Nous ciblons également des profils de type data scientists. Mais dans tous les cas, nous développons la polyvalence grâce à la formation, la variété des missions et le partage d’information entre les profils. Le cœur de nos recrutements – une dizaine prévue en 2016 – concerne les jeunes diplômés de zéro à trois ans d’expérience professionnelle issus des écoles de commerce ou d’ingénieurs de rang A. Nous comptons parmi nos consultants une dizaine de X, autant de HEC. Comme nos moyens ne sont pas extensibles, nous concentrons nos efforts de communication et de partenariat en direction des principales grandes écoles (X, HEC, Mines ParisTech, l’ESSEC…).
Gaelle Ginibrière pour Consultor.fr
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaire (0)
Soyez le premier à réagir à cette information
France
- 20/12/24
Elle a rejoint le cabinet en septembre 2023 et vient d’être nommée partner : Sophie Chassat a désormais pour mission de soutenir le développement d'Accuracy sur les enjeux de transition.
- 18/12/24
McKinsey France enregistre trois nouveaux départs : le senior partner Pierre-Ignace Bernard, près de 30 ans de maison, ainsi que les partners Jérémie Ghandour, arrivé en 2013, et Timothée Fraisse, qui avait rejoint le cabinet en 2018.
- 16/12/24
Depuis décembre 2017, Bain & Company occupe plusieurs étages de cet ensemble immobilier situé au 25 de l’avenue éponyme. Plus de 1 000 mètres carrés supplémentaires vont s’ajouter aux 4 500 mètres carrés dédiés au cabinet jusqu’à présent.
- 13/12/24
Augustin van Rijckevorsel, l’iconoclaste et hyperactif fondateur et ancien CEO de Circle Strategy (jusqu’en 2023), devenu producteur de musique et investisseur, s’est lancé dans une nouvelle aventure.
- 10/12/24
Cost killing. Après l’avoir mis en pratique au sein de X, de Tesla et de SpaceX, Elon Musk l’annonce comme sa future success-story à la tête de l’efficacité gouvernementale. Un buzz mondial. La méthode « à la hache » muskienne fait elle des émules parmi les dirigeants français en mal de productivité dans un contexte économique et géopolitique actuel pour le moins instable ? Veulent-ils, peuvent-ils s’en inspirer ? Le point de vue de quatre partners de cabinets intervenants sur la délicate question de réduction des coûts : Alban Neveux d’Advention, Romain Grandjean d’Avencore, Paul-André Rabate de CVA, et Thomas Chevre de Strategia Partners.
- 09/12/24
Le nouvel entrant au sein du groupe Kéa est un cabinet spécialiste des stratégies de développement des compétences; qui accompagne tant les acteurs institutionnels de l'emploi et de la formation que les grands groupes privés.
- 06/12/24
Jean-Hugues Monier, une vingtaine d’années chez McKinsey, est un partner français basé à New York parti récemment en retraite. Il a coordonné un vaste mouvement de solidarité de la part d’une ONG américaine, Friends of Notre-Dame-de-Paris, qui a grandement participé à la reconstruction de notre emblème national, en partie détruite par le feu en 2019. Il est même personnellement très impliqué dans cette association caritative en qualité de membre du conseil d’administration.
- 05/12/24
Les heureux élus se nomment Laure Charpentier, Bastien Godrix et Thibault Rochet, tous issus de l’interne. Au niveau mondial, Oliver Wyman annonce 45 élections de partners et directeurs exécutifs.
- 03/12/24
C’est l’un des secrets les mieux gardés par tout cabinet de conseil, a fortiori par McKinsey… Identité des grands groupes conseillés par le cabinet de conseil, clients faisant les belles heures du bureau parisien : Consultor lève le voile.