Thomas Delano : consultant et militant, c'est possible
En 2012, Thomas Delano, alors jeune consultant au Boston Consulting Group, a pris l’initiative de développer à Paris le réseau Pride@BCG.
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La France n’est pas pionnière sur le sujet. Créé en 1998, le réseau fêtait ses 20 ans l’an dernier et comptait alors quelque 500 membres sur l’ensemble des bureaux du BCG dans le monde.
L’objectif est dans tous les bureaux le même : proposer aux personnes LGBT+ du networking, du mentoring, des conseils, des événements et, surtout, de l’écoute. À la tête du réseau à Paris, le chef de projet s’engage pour « que l’on puisse faire son coming out sans “avoir de nœud” dans sa carrière ». Portrait d'un consultant engagé et vulcanologue amateur à ses heures perdues.
Lorsqu’on lui demande s’il est engagé, Thomas Delano n’est pas surpris. Il trouve l’adjectif « plutôt flatteur » même. À 28 ans, ce chef de projet au BCG est responsable pour l’Europe, l’Afrique et l’Amérique du Sud du réseau Pride@BCG : une initiative du cabinet en faveur des droits des personnes LGBT+, qui appelle aux discussions et qui donne des conseils au sein du BCG.
De deux à une vingtaine de personnes out à Paris
« On est passé de deux personnes out à Paris en 2012 à plus d’une vingtaine aujourd’hui », note le diplômé de Centrale (2012), qui estime qu’une forte demande était présente en France. Même si, il l’avoue, « la France est encore en queue de peloton ».
Selon le baromètre Out@work, réalisé par Pride@BCG, l’Hexagone se place au septième rang sur les neuf pays qui figurent au classement des pays LGBT+ friendly. Pour Thomas Delano, c’est clair : le très vif débat de société qui a entouré la légalisation du mariage pour tous en 2013 a clairement fait évoluer les mentalités. « C’est indéniable, et au sein des cabinets de conseil aussi », note-t-il.
Mais les droits obtenus restent fragiles. Afficher ses orientations sexuelles en société peut rester un calvaire, et ce n’est pas mieux devant ses collègues. Toujours selon le baromètre Out@work, si 80 % des personnes LGBT+ interrogées sont prêtes à faire leur coming out, seules 50 % d’entre elles le font réellement.
« Tout n’est pas acquis, explique le responsable du Pride@BCG. Le sujet est relativement accepté en France, mais dans le monde de l’entreprise, il y a encore du retard. » Et « il faut rester vigilant ». C’est aussi pour cela que Thomas Delano multiplie les prises de position en dehors du BCG, avec des partenariats ou au sein d’autres réseaux comme l'association de professionnels LGBT+, L'Autre Cercle.
« Mener ce type de projet, qui permet d’améliorer le quotidien des gens, en parallèle des missions de conseil est vraiment agréable », confie-t-il. Concrètement, le consultant anime des tables rondes, participe à la réalisation du baromètre annuel, se rend disponible pour des consultants “au placard” et qui ne savent pas quand ou comment en sortir.
Un travail d’accompagnement d’autant plus délicat dans les pays où les droits des personnes LGBT+ sont restreints. Là, Thomas Delano et les autres membres du réseau Pride@BCG ont rendu possible une permanence téléphonique anonyme.
Le choix du conseil, pour avoir « avoir un impact à grande échelle »
Tables rondes, baromètre, permanence téléphonique... : « Un travail pédagogique et d'explication », résume Thomas Delano. Un travail qu’il conduit bien au-delà de ce que le BCG attend. L’idée est d’avoir de l’impact autant que possible. C’est aussi pour cette raison que Thomas Delano a fait carrière dans le conseil.
Nazairien d’origine, le jeune homme rejoint le BCG après un diplôme d’ingénieur en mathématiques appliquées à Centrale. « Le conseil représente un tremplin exceptionnel quand on arrive dans le milieu. C’est la possibilité de tester plusieurs types d’industries. »
S’il hésite à se tourner vers l’assurance et la finance, il choisit finalement le BCG. « J'aspirais à avoir un impact à grande échelle, à une complexité intellectuelle et à travailler en équipe. »
Associate, consultant, project leader puis principal, Thomas Delano suit la progression classique. Le challenge permanent, changer régulièrement de missions et casser la routine sont assez de motivations pour s’attacher au milieu.
Et s’il a multiplié les industries et les secteurs, c’est dans le domaine de la santé qu’il exerce principalement aujourd’hui, notamment avec des fabricants d’équipement médical. « Ce secteur a un fond scientifique assez fort qui me parle en tant qu’ingénieur centralien », explique-t-il.
Comme lorsqu’il a été amené à travailler avec les autorités de santé en Afrique de l’Est. « Il était question de faciliter l’accès aux médicaments. L’impact était considérable. Lors de ce type de mission, on sait pourquoi on se lève le matin. »
Prochain challenge ? Peut-être faire émerger un regroupement des réseaux en faveur des personnes LGBT+ dans le conseil. Mais tous ne sont pas au même niveau, certains sont très en retard.
Audrey Fisné pour Consultor.fr
Crédit photo : Thomas Delano.
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