Vendée Globe : un nouveau cap pour le consultant devenu navigateur
Après cinq années chez McKinsey, Nicolas d’Estais, 33 ans, avait décidé en 2021 de concrétiser son rêve d’enfant : devenir navigateur et participer aux mythiques courses au large au long cours. Et ce, depuis ses 6 ans devant les images du Vendée Globe 1996, puis celles d’Ellen MacArthur, 2e du Vendée Globe 2000-2001 à seulement 24 ans.

Le prochain défi de Nicolas d’Estais : participer au prochain Vendée Globe, qui se lancera fin 2028. « Ce sera mon premier Vendée Globe, donc il faut être réaliste. Mon objectif n’est pas de le gagner, mais plutôt d’acquérir de l’expérience et de raconter une belle histoire en portant les couleurs des Cafés Joyeux », partage-t-il à Consultor.
Des « couleurs » de cœur, puisque les Cafés Joyeux sont aujourd’hui une famille de 27 cafés-restaurants en France et à l’étranger employant des personnes en situation de handicap. Une entreprise créée par Yann Bucaille-Lanrezac en 2017.
Comment s’est faite la rencontre ? En tant que client du Café Joyeux des Champs-Élysées, en dessous des bureaux de McKinsey, qui s’est transformée en partenariat à l’occasion de sa participation à la Route du Rhum 2022. « L’un de mes sponsors a financé la moitié du budget en acceptant de donner la visibilité à une cause et nous avons proposé aux Cafés Joyeux de porter leurs couleurs gracieusement. »
D’ici le départ, dans 3 ans, l’ancien consultant de McKinsey a du pain sur la planche : finaliser son business plan, monter et boucler un budget conséquent, trouver des mécènes, acheter un bateau, « d’occasion ayant déjà participé plusieurs fois au Vendée Globe, presque dix fois moins cher que pour un bateau neuf ultra-performant ». L’ancien consultant, un « rationnel et analytique », tel qu’il se définit lui-même, a d’ores et déjà le soutien de plusieurs entreprises, présentes à ses côtés depuis quelques années en Class40 – des bateaux de 12 m –, notamment Accor. « Il nous manque encore les financements pour pouvoir franchir le cap et passer dans la catégorie IMOCA (les voiliers monocoques de 60 pieds, soit 18,28 mètres) et pouvoir commencer à se qualifier pour le Vendée Globe. »
Ce diplômé en ingénierie mécanique en 2014, passé par l’université de Cambridge et le MIT « où j’ai beaucoup profité des dériveurs mis à disposition des étudiants », et après un stage de fin d’études au BCG, se lance comme navigateur et participe à une première transat en solitaire sur des petits bateaux (6,50 m), entre la France et les Antilles. « J’avais 23 ans à l’arrivée, et je me suis dit qu’il fallait que j’aille voir la vraie vie et le monde des entreprises, car la grosse partie du travail du navigateur est de trouver des partenaires financiers et de monter des projets. »
C’est ainsi qu’il entre chez McKinsey en 2016, et y évolue pendant 5 ans, tout en sachant que ce métier ne serait qu’une étape dans son parcours.
En 2019, Nicolas d’Estais décide, parallèlement à son métier de consultant, de participer une deuxième fois à la Mini Transat. « Le rythme était intense, avec quasiment tous mes week-ends en Bretagne pour m’entrainer. Je n’avais pas le temps de chercher ou de gérer des sponsors. Je dépensais presque tout mon salaire dans mon bateau. Je suis finalement arrivé 2e sur 55, me disant que j’avais vraiment ma place dans ce milieu », se souvient-il. Pourtant, en plein Covid, « le pire moment pour démissionner et chercher des sponsors pour une nouvelle course au large », le consultant décide de poursuivre au sein du cabinet, avant de se lancer en 2021, dans l’objectif de participer à la Route du Rhum en 2022, dans la catégorie des Class40 « un premier passage à l’échelle par rapport aux bateaux de 6,50 m de la Mini Transat ».
Depuis, son ancien métier de consultant l’aide au quotidien. « J’y ai acquis une boite à outils pour la gestion de projets, pour structurer les problèmes, gérer des échéances, identifier les risques, créer du lien. Ce qui me sert le plus c’est de savoir comment communiquer et interagir avec des chefs d’entreprise, qu’il faut convaincre de nous suivre dans nos aventures. En mer, tout cela ne sert pas à grand-chose, à part peut-être l’habitude du manque de sommeil ! » C’est un atout auprès des entreprises potentiellement sponsors. « Mes interlocuteurs ont en face d’eux un profil qu’ils connaissent, avec qui ils auraient pu travailler au quotidien, et avec lequel ils parlent le même langage. Cela les rassure. »
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