À quoi servent encore les forums d’entreprises des grandes écoles ?
Chaque année, entre octobre et janvier, comme le veut la tradition, les grandes écoles organisent leurs forums d’entreprises. Pendant un ou deux jours, des sociétés sont invitées à rencontrer les étudiants de HEC, Polytechnique, de l’ESSEC, de l’ESCP Europe ou encore de Centrale Supélec Paris. Certains cabinets de conseil continuent à se rendre à ces événements, d’autres ont abandonné la coutume. Ces rendez-vous ont-ils encore du sens ?
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CV à la main et présentation soignée, les étudiants qui se relaient sur les stands des forums viennent généralement avec une idée en tête : être recruté, pour un stage ou pour un emploi. Pour les cabinets, l’image d’Épinal demeure en partie vraie. Le secteur est en forte croissance et cherche donc à recruter par tous les moyens possibles, y compris au cours des forums même s’ils sont loin d’être incontournables.
Ce que confirme Annabelle Dazy-Cannac, HR manager chez Advancy : « Derrière ces événements (le cabinet participe entre sept et neuf fois aux forums d’entreprises chaque année, NDRL), il y a clairement des recrutements à la clé. » De fait, à la fin de chaque forum, l’équipe débriefe, épluche les CV et en sélectionne avant de lancer les processus pour accueillir de nouveaux talents au sein du cabinet.
Un investissement moins rentable pour les marques moins connues
Du côté des étudiants des grandes écoles, ces forums sont un moyen efficace pour une première prise de contact avec les entreprises, souvent utile sur le long terme, confirme Lucas Kouyoumdjian, président du X-Forum organisé à Polytechnique.
« Environ 20 % des étudiants trouvent leur stage, tous secteurs confondus, grâce aux forums d’entreprises. » Pour le secteur du conseil, le pourcentage est bien plus élevé puisque, d’après un sondage rapide réalisé par Lucas Kouyoumdjian, quinze étudiants sur vingt et un ont déniché leur stage dans un cabinet de conseil après un premier contact au X-Forum.
Mais tous les cabinets n’ont pas une fortune égale. Pour Fabrice Catala, associé chez Ylios, recruter lors de ces forums dépend aussi de la taille du cabinet de conseil. Une fois passées les marques les plus connues type MBB, engager de jeunes renforts s’avère plus compliqué pour les cabinets plus modestes en raison de leur visibilité qui est moins importante.
Tutorat, cours, préparation des entretiens… : bien d’autres manières de se faire connaître auprès de futures recrues
En effet, lors des événements, chaque option supplémentaire se paie et les gros cabinets n’hésitent pas à choisir des packages leur permettant d’obtenir un stand ultra-visible et enrichi. Le cabinet Ylios a donc décidé de ne plus s’y rendre depuis trois ans, se dispensant ainsi de frais importants puisque la participation de base, sans option, oscille entre 4 000 et 5 000 euros. Sans compter le coût de mobilisation des consultants et des associés.
Fabrice Catala chez Ylios justifie son choix : « On a longtemps pensé que ces forums étaient le seul vecteur de recrutement ; or c’est un peu artificiel. » D’après lui, cesser d’y participer n’aurait en rien pénalisé l’entreprise puisque les objectifs de recrutement sont remplis. Le budget n’a pas été réalloué, et le cabinet, qui a donc fait des économies, préfère miser sur d’autres processus tels que des partenariats avec les écoles pour proposer du tutorat, des cours ou de la préparation aux entretiens.
Le réseau : la poule aux œufs d’or
Et au jeu de la recherche d’emploi, le réseau reste le levier le plus évident à actionner, surtout quand les anciens de son école truffent les staffs des cabinets de conseil. C’est d’ailleurs là-dessus qu’a misé David Fourquet, ancien étudiant de l’École polytechnique et aujourd’hui consultant. Celui-ci n’a même pas pris la peine d’assister aux forums d’entreprises.
« J’avais l’impression que ces événements ne regroupaient que de très grandes entreprises et ne permettaient pas vraiment d’entrer en contact avec une personne. » De fait, c’est par son réseau qu’il a décroché ses quatre stages. « Pour la recherche d’emploi (ou de stage), je conseille fortement de faire appel aux anciens étudiants et aux enseignants de son école. »
Il ajoute : « À partir du moment où l’on sait ce que l’on veut faire, on trouve un ancien élève qui le fait déjà. Ça peut simplifier grandement la phase de recrutement et c’est facile de demander un entretien “informel” juste par curiosité. »
Enfin, les offres d’emploi sont diffusées directement sur les pages intranet des établissements scolaires et c’est là que « 80 % des candidats sont trouvés », explique Fabrice Catala. « Certes, bien que trentenaire désormais, Ylios est un petit cabinet ; nous devons encore travailler notre image de marque. »
Le préjudice de ne pas y aller
La marque employeur, c’est d’ailleurs en grande partie pour cela que les cabinets de conseil se rendent aux forums d’entreprises. « Y participer est une nécessité », explique Claire Tagand-Battard, directrice des services carrières à l’ESSEC.
« Si un cabinet ne se rend pas à l’événement d’une école, des bruits vont circuler sur le fait que ce cabinet ne recrute plus dans cet établissement », ajoute Julie Estezet, conseillère carrières à l’ESCP Europe. Comme cette rumeur qui a circulé sur l’absence de McKinsey à Centrale Paris plusieurs forums de suite laissant penser que le cabinet se portait moins bien en France.
D’autant que, la concurrence étant rude, ces structures ont tout intérêt à se démarquer de leurs homologues. Les plus grosses bien sûr, déjà connues des étudiants, mais aussi « les entreprises plus petites qui gagnent ainsi en visibilité auprès des étudiants », note Claire Tagand-Battard. L’avantage, pour les cabinets de conseil, est donc de cultiver leur attractivité. « Être créatif, créer de nouveaux événements, c’est devenu obligatoire pour interpeller les étudiants. Ils ont besoin d’être “accrochés” de différentes façons. »
Comment en finir avec les boîtes à meuh et les avalanches de goodies ?
Si les entreprises et les écoles tentent ainsi de nouvelles choses sur les stands du traditionnel forum d’entreprises, ce n’est pas suffisant pour le sortir de son caractère hyper conventionnel.
« Aujourd’hui, les forums d’entreprises sont assez vieillissants, désuets à l’heure du numérique et des réseaux sociaux », constate Morgane Le Roy, DRH chez L.E.K Consulting. « Il me semble que des outils numériques pourraient rapidement se substituer aux grands raouts que sont les forums. Je n’ai pas d’idée précise sur la meilleure façon d’évoluer pour eux, je pense que le marché va la trouver de lui-même. Mais aujourd’hui, les nouvelles technologies sont très absentes des forums et c’est sans doute ce point qu’il faut creuser… »
Pour renouveler les forums, peut-être faut-il enterrer une bonne fois pour toutes les avalanches de goodies au goût douteux – boîte à meuh en tête ? Au-delà, pas de martingale, mais des expérimentations nombreuses côté écoles et cabinets.
Désormais presque tous les forums proposent de compléter les rencontres traditionnelles par des « happening » informels. Petits déjeuners, visites des cabinets, cocktails, challenges, job dating ou encore séances de cinéma : toutes les occasions sont bonnes pour créer du lien. L’avenir dira si la coexistence entre l’originalité et la tradition peut perdurer.
Par Audrey Fisné pour Consultor.fr
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