Classement Consultor 2023 de l’attractivité des cabinets de conseil en stratégie
Consultor publie le premier volet de la 12e édition de son classement annuel des cabinets de conseil en stratégie. Il s’intéresse à l’attractivité de ces entreprises pour les étudiants de grandes écoles de commerce et d’ingénieurs. Bilan : si la « strat’ » reste un débouché clairement identifié comme une solide classe prépa de la vie professionnelle, certaines marques enregistrent un effritement de leur sex appeal, et les raisons d’y faire ses débuts peuvent être contre-intuitives.
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« Si ce cabinet vous faisait une offre d’emploi, l’accepteriez-vous ? » Telle est la question qui a été posée à 522 étudiants de cinq écoles de commerce et six écoles d’ingénieurs (le panel a été élargi à Supaéro).
Premier enseignement quant aux réponses faites par les étudiants : les six premiers cabinets dont les offres d’emploi seraient les plus largement acceptées sont les mêmes que lors de la précédente édition de ce classement.
Le trio McKinsey – Boston Consulting Group – Bain reste le plus plébiscité : le BCG, comme l’année dernière, remporte un pourcentage de réponses positives plus important que McKinsey.
Ces six premiers cabinets sont les seuls dont plus de la moitié des offres seraient acceptées, quand les pourcentages de « oui » tombent à moins de 50 % des réponses pour les autres cabinets testés.
Effritement de l’attractivité
Des réponses majoritairement positives pour les marques les plus attractives qui cependant enregistrent un certain mouvement à la baisse. Ainsi, par rapport aux réponses fournies par les étudiants lors de la précédente édition de ce classement, plusieurs cabinets de ce groupe de tête voient leur attractivité dans notre étude s’effriter : de 81 % à 74 % pour le BCG, de 76 % à 71 % pour McKinsey, de 74 % à 69 % pour Bain, de 67 % à 60 % pour Roland Berger, de 65 % à 60 % pour Oliver Wyman. Idem plus bas dans le classement pour Kea par exemple dont le taux d’attractivité passe de 36 % à 32 %.
Parmi les cabinets concernés, ils sont plusieurs à pointer l’écart entre le sondage de Consultor et les taux d’acceptation de leurs offres d’embauches qu’ils suivent d’année en année en interne. « Notre taux a remonté à 75 %, et on a l’impression que l’attractivité du conseil est meilleure, surtout à un moment où certains secteurs concurrents sur les recrutements, tels que la tech ou les start-ups, recrutent moins », réagit Hugues Havrin, recruiting partner France d’Oliver Wyman.
Même son de cloche de Maxime Julian, le partner et patron de LEK à Paris : « Le taux d’attractivité du sondage (à 40 %, ndlr) est significativement inférieur au taux d’acceptation de nos offres, lui supérieur à 50 %. »
Autre analyse de Frédéric Fessart, partner chez EY-Parthenon qui plaide plutôt pour une forme de polarisation : « Les plus gros cabinets font moins rêver. On l’entend du moins en entretiens et sur les campus : des étudiants qui nous disent qu’ils ne postulent plus dans les MBB (McKinsey, Boston Consulting Group et Bain, ndlr) parce qu’ils sont trop gros et qu’ils y redoutent un moindre sentiment d’appartenance que dans des équipes plus resserrées », dit-il.
Pour lui, l’équipe de strat’ du big four est moins sujette à la dilution évoquée chez les MBB et consort : il en veut pour preuve le taux stable d’attractivité d’EY-Parthenon (à 52 %) et « le vrai focus stratégie de notre activité. Sur les campus, les étudiants perçoivent bien que quand ce n’est plus du conseil en stratégie, ce sont d’autres personnes chez EY qui s’en occupent », appuie-t-il.
Un solide tremplin en sortie d’école
Mais prudence. Car tous les cabinets ne connaissent pas pareille baisse, bien au contraire pour quelques-uns. Ainsi, Simon-Kucher de 10 points, ce dernier enregistrant même la plus forte progression (du 14e au 8e rang).
« Je pense que notre positionnement sur des sujets de croissance doit jouer en notre faveur, tout comme les efforts que nous menons sur les sujets d’inclusivité ou de parité. Il y a des résultats concrets mesurables, comme aussi sur la rémunération où nous avons réduit les écarts avec les cabinets les plus gros », se réjouit David Vidal, le managing partner France de Simon-Kucher.
Prudence encore à la vue du nombre d’étudiants de ce panel qui continuent à voir dans le conseil une solide porte de sortie après l’école et un début de carrière pertinent. Ils sont 142 (25 %) à faire d’une expérience dans le conseil un objectif prioritaire et 251 (48 %) à également l’envisager, alors que seuls 150 (27 %) s’y refusent catégoriquement.
« Un quart de très motivés, une moitié qui se pose des questions et un quart de “non pas du tout”, ça ne me surprend pas, analyse Maxime Julian chez LEK. Il y a, en revanche, peut-être plus d’indécis. Mon sentiment est que, 10 ou 15 ans en arrière, 40 à 50 % des étudiants auraient dit qu’ils voulaient faire du conseil de manière certaine. Mais avec la multiplication des débouchés, le conseil a davantage de concurrence. »
Même s’il a bien résisté. « 25 % d’étudiants qui envisagent le conseil en stratégie de manière prioritaire, je trouve cela satisfaisant pour l’image que notre secteur renvoie comme un lieu où il fait bon avoir sa première expérience professionnelle », se félicite par exemple David Vidal chez Simon-Kucher.
Même son de cloche pour Frédéric Fessart chez EY-Parthenon : « Cela témoigne de l’attractivité du secteur à la sortie des écoles, ce dont nous pouvons, je crois, être collectivement fiers. De plus, je ne pense pas que les cabinets de conseil en stratégie absorbent un quart des diplômés des écoles de commerce et d’ingénieurs cibles, cela veut dire que nous restons sélectifs, et c’est une bonne nouvelle. »
Avec plus de candidats que d’élus, le conseil en stratégie reste donc un débouché attractif en sortie d’école – tout particulièrement les cabinets généralistes que les répondants disent préférer aux cabinets à expertises sectorielles ou fonctionnelles fortes.
Mais pas nécessairement pour les raisons que l’on pourrait croire, par exemple, la rémunération. Les packages fixes, hors rémunération variable, peuvent atteindre les 60 000 euros bruts dès les premiers grades juniors.
Le caractère touche-à-tout du conseil plébiscité
Des chiffres qui n’ont pas l’air d’être décisifs à lire les réponses des étudiants sondés qui, de toute façon, peuvent prétendre à de belles rémunérations dans différents secteurs du fait de diplômes prestigieux.
Non, parmi différents critères d’attractivité testés par Consultor pour sonder les raisons pour lesquelles les diplômés pourraient rejoindre des cabinets de conseil en stratégie, la rémunération est… bonne dernière.
« Parce que le secteur continue à faire rêver par son contenu et demeure un super tremplin professionnel. Certes, il se trouve qu’en plus cela paie bien, mais on peut mieux gagner sa vie en sortie d’écoles dans certaines activités bancaires, en fusion-acquisition ou dans les salles de marché », explicite Frédéric Fessart chez EY-Parthenon.
En effet, la possibilité offerte par le conseil en stratégie de continuer à apprendre rapidement est placée comme premier critère d’attractivité. Ce qui confirme le positionnement de ces cabinets comme « classe prépa de la vie professionnelle », un sas généraliste pour des profils brillants qui veulent encore toucher à tout.
« C’était le cas quand je suis rentré dans ce métier, c’est encore le cas aujourd’hui. C’est la promesse éternelle du conseil qui fonctionne toujours : continuer à apprendre et apprendre vite », abonde aussi Hugues Havrin, chez Oliver Wyman.
Les sujets stratégiques auxquels les missions confiées à ces cabinets donnent accès sont également un fort moteur d’attractivité. Ou comme le disait un ancien de McKinsey à Consultor : rentrer dans un cabinet de conseil en strat’ c’est du jour au lendemain discuter cœur de métier avec les gens qui sont à la une du Financial Times.
Enfin, pour Maxime Julian, une autre raison d’attractivité du secteur qui n’apparaît pas dans les réponses du sondage est celle de la méritocratie. « Là où, dans les corporates, il peut y avoir beaucoup de politique interne, le conseil peut séduire pour la transparence des progressions qu’il permet, avec des échéances régulières et des critères d’évaluation objectifs », indique-t-il.
Le poids de la rem’ au moment de choisir son cabinet
Apprentissage rapide, sujets stratégiques… voilà quels sont les critères d’attractivité du secteur. Les facteurs d’attractivité cabinet par cabinet pointent dans la même direction : les étudiants sondés placent l’intérêt des missions en tête, devant l’équilibre entre vie personnelle et vie privée et les perspectives offertes en sortie de conseil (relire par exemple notre article sur les départs chez les clients). Suivent des facteurs moins prévalents : le time to partner (voir notre dernière étude), la culture d’entreprise ou la dimension internationale.
Maxime Julian, chez LEK, est désarçonné par la hiérarchie exprimée par les étudiants : « Que la culture d’entreprise soit aussi basse me choque. Même si beaucoup d’efforts sont faits pour favoriser l’équilibre pro/perso, quand on rejoint un cabinet de conseil en stratégie, on y passe beaucoup de temps. Le minimum que l’on doit attendre est que les gens soient sympas. »
En revanche, là où de manière générale la rémunération n’est pas décrite comme déterminante pour rejoindre le secteur, elle l’est au moment de choisir entre différents cabinets : elle est le deuxième critère d’attractivité d’un cabinet pour les étudiants sondés, alors qu’elle était parmi le dernier facteur d’attractivité du secteur (voir plus haut).
Un surpoids qui paraît étrange à Maxime Julian chez LEK : « Certes, sur la rémunération, on veille aux grains. On mandate un benchmark annuel avec l’objectif d’être toujours dans le top 25 % des meilleurs payeurs de la place. Cela dit, je ne suis pas sûr qu’il y ait à ce point de gros écarts qui justifieraient d’en faire un aussi gros critère d’attractivité », s’étonne-t-il.
Enfin, quand les cabinets de conseil multiplient les initiatives pour signaler leur engagement dans la cité, avec force labels, définitions de raisons d’être, engagements à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre ou gages en faveur de la parité et de la diversité, les étudiants, eux, placent la politique RSE et l’engagement sociétal en dernière position des critères d’attractivité.
Sacré paradoxe que partage Hugues Havrin chez Oliver Wyman : « C’est étonnant que les préoccupations environnementales ou d’équilibre vie pro/vie perso ne ressortent pas davantage. Ce sont finalement des réponses assez classiques qui auraient pu être données dans le même ordre il y a une décennie. »
La RSE reste un sujet porté par quelques-uns
Pour David Vidal, chez Simon-Kucher, la faible attractivité de la RSE s’explique. Elle reste, selon lui, un sujet de meneurs. « Dans nos équipes, sur les sujets RSE, il y a des personnes qui sont impliquées à fond. Ils mènent des initiatives, parfois à de nombreuses reprises au cours de l’année et nous les y aidons, y compris financièrement. Personne n’est contre ces initiatives, mais d’autres personnes sont moins investies. En moyenne, que le sujet ne ressorte pas en haut de la pile des critères d’attractivité, ce n’est pas totalement une surprise. Beaucoup restent suiveurs », analyse-t-il.
Quand Frédéric Fessart perçoit, lui, une certaine confusion entre les sujets RSE sur lesquels les consultants peuvent s’investir chez les clients et les politiques internes développées par les cabinets. « Les étudiants ont davantage envie d’avoir un impact en réduisant les émissions de gaz à effet de serre de clients industriels. Les activités charitables ou le recyclage du cabinet en interne, c’est plus secondaire. »
Un faible intérêt a priori pour les sujets RSE ou ESG qui n’empêche pas les répondants d’avoir, à ce sujet également, des thèmes de prédilection les amenant à choisir un cabinet plutôt qu’un autre.
Ainsi les étudiants positionnent un environnement de travail inclusif, l’inclusion d’un volet ESG dans le déroulé même des missions et le statut d’entreprise à mission comme les trois premiers critères RSE décisifs dans leur choix d’un cabinet.
Viennent ensuite les engagements net zéro, la part des missions pro bono dans l’activité globale, la parité du partnership, les formations ESG dédiées…
« À mon sens, sur les sujets RSE, le focus est décisif. Il est hyper difficile de réussir tout d’un coup et avoir un agenda intégral très complexe. Nous privilégions de l’impact sur des sujets choisis, sinon c’est illusoire », estime David Vidal.
Autre surprise, le congé paternité élargi à 8 semaines est la mesure ESG la moins décisive dans le choix d’un cabinet, quand les cabinets multiplient les annonces en ce sens.
« Ils ont 21 ou 22 ans ! Reposons la question dix ans plus tard, les réponses devraient être un peu différentes ! » s’amuse Frédéric Fessart. De fait, les étudiants interrogés sont majoritairement en dernière année de leur cursus Grande école et n’ont, pour la plupart, pas encore eu d’expérience dans le conseil. De là à se projeter pour une décennie dans le secteur, il y a un monde. Quoique pour Frédéric Fessart, c’est clair : « On ne se dit jamais qu’on va faire 10 ans dans le conseil ! »
Avertissement
Les cabinets de conseil qui figurent dans le classement sont ceux présents dans notre guide des cabinets de conseil en stratégie à la date de lancement du classement. La sélection est gérée par notre rédaction de manière dynamique -entrées et sorties- selon des critères établis, dont les principaux sont : l’activité réelle de conseil de direction générale de la société, sa dynamique, son éventuel partenariat avec consultor.fr, sa taille en France et son ancienneté.
Ce classement exclusif a été pensé et élaboré par Consultor. Toute reproduction même partielle du contenu de cette étude est interdite ainsi que toute utilisation commerciale sans l’autorisation préalable de Consultor.
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