Christian de Boissieu : un économiste en terre (consulting) inconnue
Arrivé comme senior advisor chez PMP Strategy en ce début d’année, l’économiste expert des questions monétaires, bancaires et financières, Christian de Boissieu, quelque 50 années de carrière, explicite à Consultor son choix de devenir consultant en stratégie, mais aussi son rôle, ses missions, et son apport en tant que macro-économiste pour le cabinet.
Ils sont environ 25 senior advisors au sein du cabinet ; la plupart des anciens dirigeants experts sectoriels. Mais pour la première fois, PMP Strategy accueille en qualité de senior advisor un universitaire, macro-économiste, pour l’accompagner dans son développement, en particulier du secteur des services financiers en France et à l’international. Une nouvelle tête pensante qui arrive avec un CV pour le moins fourni, c’est peu de le dire : professeur à Paris I Panthéon-Sorbonne depuis 1980 (émérite depuis 2016), vice-président du Cercle des Économistes depuis sa création, ancien membre du Collège de l’Autorité des Marchés financiers (AMF), ancien directeur scientifique du Centre d’observation économique de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP), ex-conseiller pour la Banque mondiale et de la Banque de France, ancien expert de de différentes instances politiques (Conseil d’analyse économique auprès du Premier ministre, de la Commission économique et monétaire du Parlement européen, du Grand Emprunt…).
Senior advisor, une fonction de consultant de plus pour celui qui admet cependant bien volontiers débuter « une vraie première expérience de consultant dans un cabinet de conseil en stratégie ».
Consultor : Vous avez eu de multiples fonctions auprès de banques et fonds d’investissements, de gouvernants en France et à l’étranger, de multiples instances politiques décisionnaires en matière économique… Comment vous présenter finalement ?
Christian de Boissieu : Je suis et je reste d’abord un universitaire plein, à Paris I Panthéon-Sorbonne, une université que je n’ai jamais quittée malgré de nombreuses propositions, et ce, depuis mon premier poste de professeur à l’âge de 28 ans. Cet ancrage pédagogique me passionne, et cette fonction me confère une grande indépendance. Ensuite, je suis vice-président du Cercle des Économistes (organisateur notamment des Rencontres d’Aix, ndlr), un groupe de réflexion qui rassemble une trentaine d’économistes et d’universitaires. Enfin, ma fonction d’ancien président du Conseil d’analyse économique de 2003 à 2012 reste une référence majeure dans mon parcours. PMP Strategy vient en plus d’autres mandats que je conserve.
Connaissiez-vous de près le secteur du conseil en stratégie ?
Lorsque j’étais jeune prof, en 1976-1977, j’ai travaillé à titre amical et gracieux pour le Boston Consulting Group, peu de temps après l’ouverture du bureau de Paris (en 1973, ndlr). J’étais missionné pour analyser les problèmes de déflation des comptes des entreprises à une époque où l’inflation était très élevée. J’ai travaillé quelques semaines en particulier sur le passage de valeurs nominales à des valeurs déflatées, j’ai élaboré des comparaisons dans le temps, proposé des indicateurs, afin d’avoir une vraie vision des volumes d’activité, de bénéfices. J’ai également été membre du conseil stratégique d’EY (de 2004 à 2011). Cela m’a passionné de voir comment fonctionnait de l’intérieur un Big Four qui fait à la fois de l’audit et du conseil. Par ailleurs, j’ai été conseiller économique pour de multiples organismes, mais PMP Strategy est ma vraie première expérience du secteur.
Pourquoi aujourd’hui le conseil en stratégie aujourd’hui, chez PMP Strategy ?
Le lien entre la micro et la macro-économie m’a toujours passionné, c’est notamment ce que j’étudiais au sein du centre d’observation économique de la Chambre de commerce de Paris. Je peux éclairer la jonction entre des questions de stratégies micro-économiques d’entreprises avec l’évolution de l’environnement macro. Là où je peux aider, c’est comment un cabinet tel que PMP Strategy peut avoir notamment une analyse géopolitique précise dans un contexte où la prévision est extrêmement complexe et où il quasi impossible de se projeter à 6 mois. Élaborer des statistiques, c’est bien et nécessaire, mais au-delà de la géopolitique, il faut aussi ouvrir les fenêtres des comptes, du droit, du management, des réglementations…
Concernant mon choix de ce cabinet, certes il n’est pas le plus gros, mais il est en forte croissance, avec une politique active d’expansion internationale. J’ai beaucoup travaillé à l’international, un peu partout dans le monde, en Afrique, notamment pour la Banque Mondiale, aux États-Unis, en Asie, en Russie (entre 1992 et 1998, responsable de missions d’assistance technique aux pays de la Communauté des États indépendants visant à libéraliser l’économie russe, ndlr). Je suis sorti du collège de l’AMF depuis 2019, et donc depuis 2022 du régime de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie publique. Et c’est l’occasion qui a fait le larron, car je suis en lien depuis plusieurs années avec des associés de ce cabinet pour lequel j’ai notamment animé des séminaires internes.
Qu’est-ce que, selon vous, un économiste apporte en valeur ajoutée à des missions de conseil ? Au secteur du conseil en stratégie ?
En tant qu’économiste, académique et conjoncturiste, féru de théorie économique et de terrain, j’ai une expérience à la fois différente et complémentaire des consultants en stratégie. Je fais le lien entre l’expérience terrain en France et à l’étranger et les instruments de la boite à outils économique. Je suis un polytechnicien au sens pluridisciplinaire. Je constate que les Big Four ont recruté des chefs économistes, que les cabinets d’avocats aux États-Unis aussi, et les cabinets de conseil en stratégie s’y mettent aussi. Le McKinsey Institute fait beaucoup d’éco, le BCG a acquis des compétences depuis longtemps sur le sujet. Les autres y viennent ou y viendront forcément.
Ma valeur ajoutée, c’est une image bien sûr, mais également du business qui doit se traduire de façon sonnante et trébuchante. J’espère contribuer, avec les permanents de PMP Strategy, à des succès dans les appels d’offres.
Sur quelles missions allez-vous intervenir ?
J’ai déjà été engagé sur plusieurs missions, notamment au Maroc que je connais bien (conseiller pour plusieurs ministres des Finances) pour répondre à plusieurs appels d’offres pour de gros établissements. Je n’interviens pas dans la rédaction des réponses de PMP Strategy à des appels d’offres, mais pour les grands oraux. J’accompagne également dans les contacts auprès des grands établissements financiers et bancaires. Et mes missions évolueront certainement dans le temps. J’ai un contrat d’un an renouvelable, un fixe avec une part d’intéressement, mais honnêtement, je ne me suis pas trop plongé là-dedans pour l’instant. Mon temps passé auprès du cabinet est forcément fluctuant au gré des missions.
Quels sont, selon vous, les grands enjeux du secteur financier et monétaire ?
L’innovation financière ne connait pas de limites. Je travaille particulièrement sur les problèmes de politiques monétaires, de réglementations bancaires et financières, la nouvelle guerre des monnaies, notamment le développement des cryptomonnaies et la réaction des autorités monétaires, et le financement de la transition écologique et énergétique. Pour moi, la finance ne peut pas être une fin en soi, mais un levier de mieux-être.
Comment vous présentez-vous aujourd’hui, rattachez-vous votre nom à celui de PMP Strategy ?
Cela dépend du milieu et des occasions. Je distribue largement mes cartes de visite PMP Strategy. Et je suis fier d’amorcer cette nouvelle expérience dans le contexte de PMP Strategy à un âge où beaucoup de mes petits camarades ont déjà décroché.
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