Consulting clubs : must ou gadget ?
Depuis cinq ans, plusieurs consulting clubs ont ouvert leurs portes dans certaines grandes écoles de commerce et d’ingénieurs.
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Du point de vue des élèves qui sont à l’origine de ces clubs ou y participent, ils constituent un étage supplémentaire de la fusée. Ils permettent de créer des liens individuels avec les cabinets toujours en quête d’un nombre important de recrues juniors. Le son de cloche est quelque peu différent du côté des cabinets. Les clubs sont parfois jugés encore trop peu lisibles et structurés pour avoir parfaitement trouvé leur place dans les stratégies de recrutement des cabinets.
S’ils sont établis de longue date dans les pays anglo-saxons, et particulièrement aux États-Unis, les consulting clubs sont somme toute assez récents en France au sein des grandes écoles.
Car si certains, rares, existent depuis plus de dix ans comme à Centrale Paris, ou depuis huit ans à l’ESCP, d’autres sont beaucoup plus récents, à l’instar de l’EDHEC ou de l’ESSEC, créés tous deux il y a seulement trois ans.
La création des consulting club : des initiatives individuelles qui expliquent que nombre d’écoles n’en soient pas encore dotées
Aujourd’hui, si HEC, l’ESCP Europe, Polytechnique, l’Insead comptent un consulting club, certaines autres grandes écoles, Les Mines, l’École des Ponts ParisTech, Télécom Paris ou l’EM Lyon n’ont toujours pas franchi le pas.
Sans doute du fait d’un plus faible nombre de recrutements des cabinets de conseil dans ces écoles chaque année. Vraisemblablement aussi parce que les étudiants n’ont pas encore pris pleine conscience de leur intérêt spécifique, alors même que les cabinets de conseil interviennent déjà régulièrement dans les écoles dans le cadre du cursus scolaire. Et comme la création des consulting clubs reste à l’initiative des étudiants eux-mêmes…
Il faut donc bien la volonté de l’un, ou de plusieurs d’entre eux, très tôt attirés par le monde du conseil pour se lancer dans l’aventure, créer des structures de toutes pièces, et développer une offre spécifique.
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Les clubs : à quoi bon ?
Mais concrètement, quel est l’intérêt de tels clubs ? Car les relations grandes écoles – cabinets de conseil en stratégie sont déjà des plus denses entre les forums entreprises spécifiques au secteur du conseil, les partenariats en tout genre, les cours donnés par des consultants dans les écoles, les journées d’immersion dans les locaux des cabinets auxquels sont conviés les étudiants, les sessions d’entraînement au résolution de cas d’affaires…
Du point de vue des fondateurs et/ou présidents de consulting clubs, les avantages sont multiples et complémentaires avec ce dont ils ont accès au cours de leurs études.
- Promotion du métier au sein de l’école
« Il est important qu’ils existent au sein des écoles car tous les métiers y sont représentés par des associations, et le métier de consultant ne l’était pas jusqu’alors. Cela sert de promotion du métier auprès des étudiants et de référence pour les cabinets, » confirme Maâmar Gomeri, fondateur en 2016 de l’EDHEC consulting club, et président jusqu’en 2017.
- Développement de savoir-faire propre au conseil
À CentraleSupélec, une des écoles les plus courtisées par le secteur, le club, une référence en la matière mis sur pied la fin des années 2000, « le consulting club est un plus car il nous aide à développer des connaissances pratiques que l’on n’a pas en cours. Nous organisons entre dix et vingt événements par an plus ou moins importants. Ils suscitent énormément d’intérêt parmi les étudiants qui connaissent finalement assez mal ce milieu. Lorsque BCG ou McKinsey sont venus via le club, nous avons eu jusqu’à 150 étudiants. Et ce qui nous est le plus utile, c’est l’organisation d’études de cas blancs avec ces consultants expérimentés, » précise Raphaël Cohen, président du club de Centrale depuis un an et demi.
En bref, le club est alors vu comme un labo d’acculturation rapide à la petite planète conseil en stratégie. Un avis que partage Maâmar Gomeri. Selon lui, les clubs permettent, en effet, de préparer très tôt les étudiants à l’univers très spécifique du conseil. « De mon point de vue, ce que l’on apprend en cours arrive seulement la dernière année, alors qu’il faut se préparer au plus tôt, aussi bien en termes d’acquisition d’outils que de pratique. En dehors des études de cas, toujours précieuses, l’intérêt du club est de pouvoir faire intervenir les consultants sur leurs retours d’expériences. Pour eux, c’est également une façon de se challenger face aux questions des étudiants. ». Ainsi, entre quinze et vingt consultants ou ex-consultants des cabinets Oliver Wyman et McKinsey interviennent chaque année au sein de l’ECC.
- Matérialiser une communauté
Mais le volet préparation n’est pas la seule raison d’être de ces clubs. A l’Essec Consulting Club, l’objectif était plutôt de matérialiser une communauté préexistante.
Le club de l’Essec est tout récent : il a été fondé en 2016 dans le but de compléter son groupe Facebook, riche de 3700 membres. Pour son président actuel, Gilles-Loïc Djayep, qui veut faire du conseil son métier, ce club est la solution logique pour sortir de la virtualité du réseau social. « Notre page Facebook est la référence sur le conseil en stratégie et elle permet aux étudiants de se connecter pour s’entraîner directement aux études de cas. Le club a pour but de créer davantage de liens entre les étudiants, et entre étudiants et consultants. »
- Création de partenariats nouveaux
L’ECC a aussi vocation à mettre en place des partenariats avec des cabinets sur des sessions spéciales. « Nous créons des événements sur-mesure, comme en décembre dernier une compétition ‘’études de cas‘’ inter-écoles en partenariat avec McKinsey Casablanca, ou encore la Case Class, pour laquelle une trentaine d’étudiants ont travaillé durant un trimestre sur une thématique choisie avec des consultants. »
Un intérêt partagé ?
Mais qu’en est-il du côté des cabinets ? L’intérêt de ces consulting clubs est-il aussi évident que pour les étudiants dans la mesure où ils ont, de longue date, mis en place des partenariats avec ces grandes écoles. Difficile de trancher.
Si les animateurs des consulting clubs ne peinent pas à faire venir des professionnels du conseil pour leurs événements, nombre de cabinets n’ont encore à ce jour aucun lien avec eux. Certains n’en connaissaient même pas l’existence…
Pour d’autres, en revanche, les clubs commencent à rentrer dans le viseur. C’est, entre autres, le cas de Strategy& et de son principal en charge des recrutements, Samer Kallas, qui intervient depuis deux ans à l’ESSEC et à HEC tant dans le cadre du cursus, qu’à la demande des consulting clubs afin de travailler avec les élèves principalement sur des études de cas.
« Cela crée une plus grande proximité avec les étudiants car nous sommes dans un contexte moins cadré, l’atmosphère est moins formelle. Et pour nous, cela nous donne la possibilité de faire découvrir notre métier autrement, de faire connaître notre cabinet et nos métiers. Nous y venons aussi bien sûr dans un objectif de recrutement. »
Pour Eric Bach, en charge du recrutement junior chez Oliver Wyman, l’intérêt semble également assez évident dans le lien direct qu’il offre entre étudiants et cabinets, alors que ce cabinet est d’ores et déjà présent dans une dizaine d’écoles et partenaires des juniors entreprises.
L’obstacle majeur qu’il voit pourtant encore aujourd’hui à ces consulting clubs, c’est leur manque d’organisation, de structure, et parfois même de cohérence.
Des clubs plus ou moins bien structurés
« À l’Edhec, le club consiste plutôt en un accompagnement des étudiants. Le meilleur exemple pour moi de consulting club est celui de l’Essec qui se structure et s’organise de mieux en mieux depuis sa création en 2016. Son ancienne présidente, Ariane Leguen, est d’ailleurs actuellement en apprentissage chez nous. En tout cas, dès que ces clubs se structurent, nous sommes toujours prêts à y investir du temps. »
La preuve : Les consultants d’Oliver Wyman participent, via différents consulting clubs, à des sessions pour préparer les élèves aux process de recrutement, à des concours d’études de cas, des soirées networking… Au point de faire des clubs des viviers de recrutement parallèles aux canaux traditionnels des relations écoles – entreprises ?
Oui et non. D’après Eric Bach, les choix de recrutement d’Oliver Wyman ne se portent pas uniquement – loin s’en faut – vers des étudiants investis dans les consulting clubs. Mais cet engagement éveille leur curiosité.
« Nous sommes ouverts à tous les profils, nous recrutons bien sûr en dehors, mais il est vrai que ceux qui en font partie apparaissent plus pertinents lors des entretiens d’embauche. Nous les sentons plus motivés, ils savent mieux de quoi ils parlent, sont plus précis, ont plus d’arguments… C’est un signe supplémentaire de volonté et d’engagement. »
S’ils apparaissent donc comme un nouvel outil précieux et « gagnant-gagnant », les consulting clubs, en plein développement, ont encore besoin de se structurer pour être totalement visibles et lisibles auprès des cabinets. Ils sont pour la plupart encore bien trop jeunes pour porter un point de vue définitif sur leur efficacité.
Liste des consulting clubs
École | Consulting club | Lien |
CentraleSupélec | CentraleSupélec Finance & Consulting | https://www.csfinance.fr/ |
EDHEC | Edhec Consulting Club | https://edhec-consultingclub.com/ |
ESCP Europe | Ace ESCP Europe | facebook.com/ace.escpeurope/ |
ESSEC | Essec Consulting Club | facebook.com/ESSEC-Consulting-Club-2061384117427710/ |
HEC | HEC Paris Consulting Club | facebook.com/HecParisConsultingClub |
INSEAD | INSEAD Consulting Club | https://clubs.insead.edu/consulting/ |
École des Ponts | Ponts Capital Management | facebook.com/PontsCapitalManagement |
Chères lectrices, chers lecteurs, si vous avez connaissance d'un consulting club que nous aurions omis dans ce tableau, faites-le nous connaître en commentant cet article. Nous ne manquerons pas de l'ajouter.
Barbara Merle pour Consultor.fr
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Les clés pour réussir ses entretiens
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