Crédit Agricole Immobilier : un nouveau DG très strat’
Depuis janvier 2020, il est directeur général adjoint (DGA) du Crédit Agricole Immobilier. L’ancien consultant David Chouraqui, 48 ans, chez Bossard Consultants et Kea & Partners durant dix ans, est devenu depuis un expert bicéphale : les technologies et l’immobilier. Celui qui se destinait à l’enseignement a, depuis 2007, attrapé le virus du management d’entreprise.
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Il a débuté sa carrière dès la fin de ses études comme consultant entre 1998 et 2007, d’abord chez Bossard Consultants (relire notre article sur l'épopée Bossard) puis chez Kea & Partners (où il a été associé). Depuis janvier 2020, il a pris les rênes de la filière immobilier du Crédit Agricole, nommé directeur général adjoint en charge des services aux particuliers de cette filiale dédiée à la construction et à la gestion immobilière, qui a réalisé près de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires l’année dernière.
D’une vocation de prof au conseil
Originaire de Tours, un père entrepreneur, une mère enseignante, David Chouraqui, passionné d’économie, se voyait bien devenir prof d’éco ou chercheur à l’université. Après deux années de sciences économiques à l’université de Tours en 1995, il rentre à l’IEP Grenoble.
« C’est à Sciences Po que j’ai découvert les matières de management et de marketing qui m’ont passionné, et m’ont convaincu de changer de voie », se souvient celui qui dirigeait alors la junior entreprise au sein de l’école.
C’est dans ce cadre qu’il passe une première fois par la case conseil avec Bossard Consultants. « Ce cabinet nous a fait faire une mission sur l’optimisation des coûts de fonctionnement de l’université de Grenoble. Bossard avait besoin de juniors sur place et je me suis retrouvé à gérer cette mission qui m’a beaucoup plu ».
C’est le déclic pour David Chouraqui qui décide alors d’effectuer un master en marketing à l’ESCP et de réaliser son stage d’étudiant chez Ernst & Young à Lyon. Une expérience qui s’est transformée en job pour quelques mois, avant de réaliser un premier virage pro en intégrant La Redoute (Redcats depuis 1999) comme sales manager.
Les années de Bossard et du spin-off Kea
Une expérience d’entreprise d’un an avant de revenir dans le conseil en 1998, chez Bossard. David Chouraqui restera près de cinq ans dans ce cabinet, où il accédera au poste de project manager en 2000. « Je m’y suis principalement spécialisé dans la performance opérationnelle, les nouvelles technologies, et le e-business qui en était à ses débuts. »
Le consultant se souvient, entre autres, d’une mission de six mois pour PSA concernant le développement et le lancement d’une des premières marketplaces du secteur automobile.
C’est en 2003 qu’il a l’opportunité de partir pour le spin-off Kea, avec plus de vingt collègues de Bossard Consultants, et de participer activement au développement de ce cabinet, « une expérience fantastique ».
Le consultant reconnaît aussi avoir suivi le mouvement Kea pour la vision et les valeurs de son fondateur, Hervé Lefèvre (senior VP aujourd’hui, que nous interrogions dans cet article à relire), et dans un esprit de compagnonnage avec l’un de ses mentors à l’époque, Arnaud Gangloff (devenu président de Kea, sa dernière interview à Consultor à relire).
Kea entend alors « entretenir la flamme d’un conseil à la française. Nous avons aussi construit une véritable capacité à nous connecter à la recherche en management en l’appliquant concrètement (relire notre article sur les liens entre le conseil et la recherche, NDLR). Aujourd’hui, cette démarche basée sur l’humain est banalisée, mais à l’époque, lorsque nous regardions nos concurrents, nous ne voyons que des approches froides et analytiques. »
C’est chez Kea que David Chouraqui se spécialise dans la distribution et coanime la practice durant quatre ans. Le partner de Kea participe, entre autres, à une importante mission de neuf mois d’organisation commerciale pour EDF (relire notre article sur les consultants en stratégie au sein du groupe EDF).
EDF, Leclerc… les missions phares chez Kea
Un vaste sujet de transformation de la culture commerciale et de réorganisation de la force de vente de l’entreprise au moment où EDF perdait son monopole de producteur et de distributeur d’électricité. « Il s’agissait de transformer les agents publics en véritables commerciaux, un changement culturel profond, avec toute une bascule à réaliser. »
Autre mission de poids du consultant pour le groupe Leclerc en matière de pilotage opérationnel des magasins, « mais également de nombreuses petites missions plus atypiques où l’on a accompagné des ETI, où l’on était en relation directe avec les dirigeants et où les impacts étaient concrets très rapidement ».
Essilor, immo, investissement : la vie pro après le conseil
Être au plus près de la gouvernance d’entreprise et des postes opérationnels sont sans nul doute les raisons de sa décision de passer au cœur du business, « de l’autre côté de la force ».
David Chouraqui quitte ainsi Kea en 2007 pour l’un de ses clients, Essilor, en tant que directeur Europe e-business et IT. « Nous avons racheté des sites de vente en ligne et j’ai pu mettre en place ce qui ne s’appelait pas encore la digitalisation de la relation clients et des points de vente. »
En 2010, nouveau départ opérationnel dans un secteur totalement nouveau pour lui, l’immobilier, chez Belvia Immobilier qui vient le chercher pour effectuer un retournement. Un premier poste de DG, qu’il refuse dans un premier temps par méconnaissance du secteur, mais qu’il accepte finalement, attiré par ce poste de direction.
« L’entreprise, très mal organisée, mal informatisée, perdait 10 millions d’euros. J’ai constitué une nouvelle équipe de management et dû procéder à deux grandes réorganisations. C’était à la fois très dur, mais professionnellement et humainement très enrichissant. Une fois que l’entreprise a été profitable, devenant le 4e acteur français, j’ai pu la revendre au 3e, Citya. »
L’ex-consultant accompagne cette intégration durant deux ans jusqu’en 2017, puis reste dans Talis, le fonds qui a vendu Belvia, pour lequel il investit dans plusieurs entreprises technologiques et, pour certaines, en prend également la tête : craft ai (intelligence artificielle), Masa Group (logiciels pour la modélisation et la simulation à base d’IA), Videlio (solutions audiovisuelles et collaboratives innovantes).
Pendant ce temps, toujours impliqué dans le monde immobilier, David Chouraqui devient membre du CNTGI (Conseil national de la transaction et de la gestion immobilières) et cofonde la plateforme d'annonces immobilières Bien Ici. En 2015, il est aussi élu, par ses pairs, président de Plurience, une association qui représente les acteurs majeurs de l’administration de biens.
Un DGA resté consultant dans l’âme
En manque d’immo, il est revenu dans le secteur par la grande porte début 2020, nommé DGA du Crédit Agricole Immobilier – un groupe dans lequel il retrouve un autre ancien de Kea, Fabrice Richard, en charge des projets de l’organisation et de la transformation au Crédit Agricole Pyrénées Gascogne (relire notre article). Sa force d’ex-consultant en tant que dirigeant ? C’est sans conteste pour David Chouraqui la capacité de naviguer finement de la vision strat' à la mise en œuvre opérationnelle.
« Nous ne sommes pas hémiplégiques et savons faire le grand écart, car un dirigeant a besoin des deux. Nous ne sommes pas des managers qui survolent les choses. Les consultants qui ont travaillé sur l’organisation connaissent la dynamique de l’organisation. En tant que consultants, la capacité d’influence et de conviction que nous acquérons, sans avoir de hiérarchie classique, fait que nous entrons dans une logique de persuasion bien plus efficace, sans frein, sans blocage. Cela change par la suite notre façon de manager, nous avons acquis un mode d’animation plus ouvert avec les équipes que nous créons. » Méthode, esprit de synthèse, formalisation, gestion de projet, tout autant de compétences du consultant qui font selon lui des managers tout à fait particuliers.
Qui expliquent aussi que David Chouraqui continue à régulièrement recruter des consultants au sein des entreprises qu’il dirige. « J’ai toujours en tête que ce sont des profils++. Je sais que ce sont des personnes bien formées, smart, autonomes, inspirantes. Je choisis ces profils spécifiques en particulier pour des projets où ils devront comprendre en profondeur la société. »
Le consultant n’aurait-il donc que des qualités ? Plutôt les défauts de ses qualités, d’après l’ex-partner, par exemple le tort d’avoir souvent envie de faire soi-même plutôt que de prendre du recul et de déléguer, ou bien, pour les consultants seniors depuis trop longtemps dans le conseil, le désavantage de ne pas avoir acquis les compétences managériales nécessaires.
David Chouraqui continue par ailleurs à se faire accompagner ponctuellement par des cabinets de conseil, Kea, bien sûr, mais aussi Accenture, EY, ou encore des consultants indépendants pointus.
« Je n’ai pas le temps ni les équipes pour aborder des sujets techniques demandant des compétences rares d’expertise. C’est le cas de lancement d’activités, de performance opérationnelle, de projets de restructuration et d’organisation. »
En ce moment, l’ex-partner fait par exemple travailler d’anciens collègues sur un gros projet de restructuration d’une filière immobilier de son groupe. Motus pour l’heure.
Barbara Merle pour Consultor.fr
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