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« La transformation est un art complexe », entrevue avec Arnaud Gangloff, président de Kea & Partners

 

En seize ans, Kea & Partners s’est durablement installé dans le paysage du conseil de haut niveau en France. Le cabinet, qui a fait de la transformation des entreprises son credo, fait évoluer de manière continue sa proposition de valeur, son organisation et son propre management pour répondre aux besoins des directions générales.

27 Jul. 2017 à 15:39
« La transformation est un art complexe », entrevue avec Arnaud Gangloff, président de Kea & Partners

 

Son président, Arnaud Gangloff, a garé sa Harley-Davidson devant le Louvre le temps d’un déjeuner pour parler avec nous de sa vision du métier et de Kea.

Le panorama du conseil a beaucoup changé ces dernières années : data, transformation digitale, nouveaux acteurs… Comment Kea répond-il aux évolutions du marché ?

Disons que, pendant longtemps, le métier de consultant n’a pas fondamentalement bougé. Le début des années quatre-vingt-dix a vu émerger les leaders que l’on connaît, McKinsey et BCG notamment. Durant cette période, notre métier consistait à poser un diagnostic et à proposer des solutions qui permettent le développement de l’entreprise ou de l’organisation et/ou en améliorent le fonctionnement et par la suite les process.

Depuis trois à quatre années, la tendance est, au contraire, à la multiplication des intervenants avec une évolution tirée par le digital, la RSE… La transformation est maintenant LE sujet pour tous les grands donneurs d’ordres dans le but d’assurer leur développement. Notre métier est aujourd’hui de décrypter les bouleversements en cours et à venir pour aider les dirigeants à inscrire la transformation de leur entreprise dans la durée et les accompagner dans la mise en mouvement et la mobilisation de toutes leurs ressources.

Je pense donc que les consultants ont réellement de beaux jours devant eux. Leur métier n’est pas près d’être « disrupté », parce que le besoin de regards et d'expertises externes sera toujours présent. Nous devons réformer notre vision de la stratégie en offrant quelque chose de moins programmatique. C’est ce que nous faisons par exemple en travaillant avec le Conseil Interprofessionnel des vins de Bordeaux, où nous associons à une mission de conseil un exercice prospectif qui prend en compte des éléments comme l’évolution de la vision du vin dans le monde, l’évolution des pratiques de consommation…

En somme, si Kea existe parmi les leaders, c’est grâce à notre compréhension des enjeux de transformation dans leur ensemble.

Cette adaptation au marché a-t-elle conduit à une modification de l’organisation de votre cabinet ?

Notre cabinet est aujourd’hui organisé autour de quatre segments : une practice Marques et Enseignes qui couvre la grande consommation, la distribution et qui représente le secteur historique du cabinet ; une practice Industrie qui se développe très fortement ; une practice Services comprenant entre autres les services financiers, les télécommunications et médias, le transport, etc. ; pour finir, une practice transversale liée à notre approche singulière de la stratégie, ce que nous appelons depuis quinze ans maintenant la Transformation.

Avant de rechercher les points communs entre ces secteurs, le développement du savoir-faire de nos consultants est une de nos priorités, ce qui nous a amenés à les regrouper au sein de communautés de savoir et de savoir-faire, qui leur permettent d’exprimer et de développer leurs talents et leurs appétences.

Par ailleurs, trois groupes de réflexion internes, plus informels, complètent ce découpage en abordant les sujets de capital intellectuel, de développement du cabinet et les questions relatives au développement international.

Enfin, nous avons procédé à une répartition différente des rôles de management entre directeurs et senior partners dans le but de mettre en piste une nouvelle génération de managers, qui pilote maintenant le cabinet.

Ces évolutions ont-elles déjà produit des résultats ?

On constate une croissance à deux chiffres depuis le début de l’année, ce qui constitue une belle performance sur notre segment.

Mais le bénéfice le plus important que nous observons est la motivation des équipes. Ceux qui viennent chez Kea veulent faire partie de ce projet de développement, avec un plaisir réel et une satisfaction qui se répercutent sur la qualité de leur contribution. De plus, nous avons acté collectivement un changement de posture dans notre recrutement afin d’intégrer de nouveaux collaborateurs à un plus haut niveau de séniorité, ce qui ne faisait pas partie de nos habitudes, des senior partners notamment.

Vous avez également développé plusieurs marques autour de Kea, pourquoi ce choix ?

Tout d’abord, je tiens à dire que le groupe Kea, avec les marques auxquelles vous faites allusion, est né de cet appétit pour le renouvellement de notre métier que nous sommes très nombreux à partager depuis l’origine.

Kea, Kea-Euclyd, KeaPrime et Tilt Ideas sont des organisations autonomes et présentent de grandes différences. Elles ont chacune une histoire particulière et l’objectif de ce regroupement dans nos locaux de Malakoff est avant tout orienté vers les perspectives d’innovation qu’elles offrent.

Avec Kea-Euclyd, nous avons cherché à nous attacher les services de digital natives, en nous associant à des professionnels dont l’expérience vient de réalisations comme les sites fnac.com, ventes-privées.com, etc.

KeaPrime s’intéresse aux dynamiques d’équipe et à l’innovation managériale très importante pour Kea. Tilt Ideas offre un conseil en prospective, marque et innovation véritablement tourné vers l’avenir de nos clients et de leurs propres clients.

Enfin, nous avons participé à la création de « CO », qui est un cabinet de conseil « non-profit » qui porte l’une de nos valeurs, celle d’apporter quelque chose à la société civile. Nous souhaitons ainsi contribuer à la professionnalisation de l’économie sociale. C’est la raison d’être de CO.

Ce n’est qu’un début, le développement de notre écosystème groupe Kea, dans cette perspective de fertilisation croisée, est loin d’être terminé.

Tout le monde cohabite dans vos bureaux de Malakoff. Comment qualifier l’espace iconoclaste que vous avez créé il y a deux ans et que vous appelez l’Ampli ?

L’Ampli est le fruit d’une conviction : le dialogue entre parties prenantes est majeur aujourd’hui et le consultant y a un rôle à jouer. À ce titre, nous proposons un lieu commun au sein de nos locaux, pour nous et nos clients, afin de co-innover et d’accompagner le cycle de transformation. L’idée est simple, c’est « Chez nous – Chez vous », matérialisé par un espace intégrant les nouvelles technologies de travail et d’échange, conçu pour développer la confiance et amplifier les moments de dialogue.

Quelles sont vos priorités pour l’avenir ?

Notre priorité principale sera de développer les sujets digitaux avec notre approche de la transformation, qui associe la dimension culturelle à la stratégie. Les acteurs se rendent enfin compte des effets de disruption sur leurs activités. On est sorti de la phase expérimentale « je tente et si je rate, au moins j’ai appris ».

Nous sommes également partenaires de l’Innovation Factory, pour développer la rencontre entre grands groupes, étudiants et start-up.

De plus, nous allons poursuivre et intensifier le développement de nos secteurs Industrie et Services, particulièrement les services financiers.

Enfin, au niveau international, nous sommes sur le point de concrétiser une nouvelle aventure dans le but de poursuivre le développement du business au niveau européen.

Nous avons lancé depuis deux ans au sein de notre K-Lab un travail prospectif sur le métier de conseil. Je crois que notre avenir sera d’abord d’intervenir en anticipant et en intégrant toutes les perspectives de changement. On ne viendra plus résoudre un problème, on accompagnera une évolution. Ce qui exige de s’engager à partir d’un lien de confiance. C’est cette confiance que Kea travaille au jour le jour à pérenniser.

Alexis Serran pour Consultor.fr

Kéa Arnaud Gangloff
27 Jul. 2017 à 15:39
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Kea & Partners, France, transformation, Arnaud Gangloff, interview, digital, RSE, Marques et Enseignes, grande consommation, distribution
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2021-11-09 10:47:27
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France: « La transformation est un art complexe », entrevu
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