HEC : la bataille des talents fait rage
Vendredi, à HEC, Bain avait mis les petits plats dans les grands. Pour sa deuxième participation en tant que principal partenaire du HBG – le business game annuel des étudiants de Jouy-en-Josas qui se tenait pour la quatrième fois les 13 et 14 avril –, pas moins de deux partners et une dizaine de collaborateurs avaient fait le déplacement.
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À la tribune, Bertrand Pointeau (associé), Marc-André Kamel (associé), et Joëlle de Montgolfier (directrice Senior du pôle Etudes & Recherche) se sont succédé pour présenter à 200 étudiants le business case prévu par le cabinet de conseil auxquels les participants se sont consacrés durant toute la matinée.
Une bonne façon pour Bain de se démarquer de ses concurrents directs, McKinsey et BCG. À eux trois, ils ont capté 25 des 110 diplômés de la promo 2016-2017 du master en stratégie de la grande école. « La guerre des talents est une réalité que nous vivons au quotidien », glisse Bertrand Pointeau, l’une des principales chevilles ouvrières des liens entre le cabinet et la prestigieuse école de commerce dont il est lui-même un diplômé.
Remontada de Bain comme à l'Insead ?
C’était lui déjà qui était intervenu pour participer à la refonte du MBA. Lui encore qui depuis quatre ans tient un électif dans le master en stratégie. Lui qui, en octobre, a pris l’initiative de convier des partners de différents bureaux européens et internationaux de Bain à une soirée 100 % Bain dans l’enceinte de l’école. Toujours lui qui depuis deux ans a fait de Bain le partenaire premium du HBG, avec logo en gros à côté de celui de HEC.
Pareille débauche d’énergie n’est pas anodine. « La relation entre Bain et HEC est extrêmement stratégique, car l’école est une source de recrutement privilégiée. HEC est en plein processus d’internationalisation et Bain a choisi d’établir des partenariats larges et approfondis avec un nombre restreint d’écoles. C’est une conjonction d’ambitions », explique Bertrand Pointeau.
Concrètement, guère plus d’une dizaine d’établissements sont sur la short-list des écoles hyper sélectives où Bain voudrait staffer ses bureaux mondialement : beaucoup de MBA, ceux de Insead, de la London School of Economics, certains MBA américains, et HEC donc.
Et faire des priorités dans les choix de recrutement semble payant. À la sortie de l’Insead, un vivier de recrutement comparable, les MBB sont systématiquement les trois principaux employeurs des diplômés : McKinsey d’abord, BCG ensuite, et Bain sur la troisième marche du podium.
Sauf qu’en 2017, Bain a brûlé la politesse au BCG, en doublant quasiment le nombre de ses recrues diplômées de l’Insead de 48 à 86, quand les contingents de McKinsey et du BGC sont restés presque stables à respectivement 130 (contre 125 en 2016) et 71 (contre 67 en 2016).
La course aux recrutements
Mais, évidemment, Bain n’est pas seul à se positionner auprès des étudiants de HEC. Éric Hazan, directeur associé senior chez McKinsey, donne lui aussi un électif quand A.T. Kearney donne un cours dans le tronc commun sur les méthodologies du consultant en stratégie. Et Oliver Wyman prépare avec la direction académique du master en stratégie un électif pour l’année prochaine.
À cela s’ajoute la demi-douzaine de workshops que les étudiants sont tenus de faire chaque semestre. C’est-à-dire une journée passée entre les murs des bureaux parisiens des cabinets pour une présentation en bonne et due forme de l’entreprise et la résolution d’un business case maison. McKinsey, BCG, Bain, Roland Berger, Oliver Wyman… tous se prêtent à ce dernier exercice.
Puis viennent les membres de la Fondation HEC où figurent aussi Capgemini et Monitor Deloitte et les adhérents ClubCampus, première étape avant de rejoindre la fondation, parmi lesquels figurent Advancy, Roland Berger et Oliver Wyman. Sans parler du forum étudiants annuel dédié au conseil, l’International Consulting, où une trentaine de cabinets font acte de présence (Vertone, CVA, Eleven, Alix, Simon Kucher, Kea, Mars…).
La moitié des promos de majeure en stratégie ne va pas dans le conseil
Concurrence très forte, donc. Comme le résume Laurence Lehmann Ortega, la directrice académique du master, « nous sommes en contact avec énormément de cabinets ». Déjà parce qu’au sein même du master en stratégie – un des plus gros programmes de l’école avec 86 étudiants en 2017-2018 –, « seule une moitié rentre chaque année dans le conseil en stratégie », dit Laurence Lehmann Ortega.
L’an dernier, sur les 110 diplômés du master, certains sont partis chez Facebook, au sein de la fondation de Richard Branson ou pour la banque mobile N26. Puis au contraire de l’Insead, difficile de dire – faute de données publiées par HEC et faute à un effectif très restreint – lequel de ces trois cabinets tire son épingle du jeu.
Surtout, le pouvoir de conversion en embauches du partenariat Bain-HBG reste à démontrer. Un des vainqueurs de l’an dernier, Robert Quick, a pris la direction du BCG. Et Jacqueline Hueneke, lauréate cette année, a déjà son point de chute pour l’après-diplôme cet été. Un certain McKinsey.
Benjamin Polle pour Consultor.fr
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commentaires (1)
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France
- 18/11/24
L’un des ténors du BCG en France, Guillaume Charlin, 54 ans, patron du bureau de Paris entre 2018 et 2022, serait en passe de quitter le cabinet.
- 15/11/24
Toutes les entités de conseil en stratégie ne subissent pas d’incendies simultanés, comme McKinsey, mais chacune peut y être exposée. La communication de crise dispose-t-elle d’antidotes ? Éléments de réponse avec Gantzer Agency, Image 7, Nitidis, Publicis Consultants - et des experts souhaitant rester discrets.
- 15/11/24
Le partner Retail/Consumer Goods d’Oliver Wyman, Julien Hereng, 49 ans, a quitté tout récemment la firme pour créer son propre cabinet de conseil en stratégie et transformation, spécialisé dans les secteurs Consumer Goods, Luxe et Retail, comme il le confirme à Consultor.
- 13/11/24
À l’heure où les premiers engagements d’entreprises en termes d’ESG pointent leur bout du nez (en 2025), comment les missions de conseil en stratégie dédiées ont-elles évolué ? Toute mission n’est-elle pas devenue à connotation responsable et durable ? Y a-t-il encore des sujets zéro RSE ? Le point avec Luc Anfray de Simon-Kucher, Aymeline Staigre d’Avencore, Vladislava Iovkova et Tony Tanios de Strategy&, et David-Emmanuel Vivot de Kéa.
- 11/11/24
Si Arnaud Bassoulet, Florent Berthod, Sophie Gebel et Marion Graizon ont toutes et tous rejoint le BCG il y a plus de six ans… parfois plus de dix, Lionel Corre est un nouveau venu ou presque (bientôt trois ans), ancien fonctionnaire venu de la Direction du Trésor.
- 08/11/24
Trois des heureux élus sont en effet issus des effectifs hexagonaux de la Firme : Jean-Marie Becquaert sur les services financiers, Antonin Conrath pour le Consumer, et Stéphane Bouvet, pilote d’Orphoz. Quant à Cassandre Danoux, déjà partner Stratégie & Corporate Finance, elle arrive du bureau de Londres.
- 30/10/24
L’automne fait son œuvre au sein de la Firme, les feuilles tombent… et les partners aussi. Les nouveaux départs sont ceux de Flavie Nguyen et Thomas London.
- 29/10/24
Julia Amsellem, qui a rejoint l’entité de conseil en stratégie d’EY en 2017, et Étienne Costes, engagé depuis 2013, font partie des 17 membres du nouveau comex d’EY dans l’Hexagone.
- 23/10/24
C’est une étude coup de poing que le cabinet Oliver Wyman a réalisée à titre pro bono pour le collectif ALERTE (fort de 35 associations, dont Action contre la Faim, Médecins du Monde et ATD Quart Monde) dédié à la pauvreté et à l’exclusion. Elle est intitulée « Lutter contre la pauvreté : un investissement social payant. » L’une des conclusions plutôt contre-intuitive : combattre la pauvreté par des financements serait un investissement gagnant-gagnant, pour les personnes concernées comme pour l’économie nationale. Les analyses du président d’ALERTE, Noam Leandri, et de Jean-Patrick Yanitch, partner à la tête de la practice Service public et Politiques publiques en France.