La consultante de Roland Berger Paris devenue stand-uppeuse à Oslo
Celles et ceux qui l’ont croisée durant ses années Roland Berger ont pu apprécier sa capacité à faire parler les données stratégiques. Désormais installée en Norvège, Cécile Moroni a choisi le stand-up pour exprimer une autre facette d’elle-même – et s’amuser des différences culturelles.
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Rien d’étonnant à ce que les « différences » soient son thème de prédilection. Comme elle le dit dans sa démo : « Femme, étrangère, dotée d’un long parcours business, maman de trois jeunes enfants et désormais comédienne… je peux tout englober ! » L’alliance du champagne et du brunost, célèbre fromage norvégien à pâte brune au goût caramélisé.
Des débuts dans les bureaux parisiens de deux « grands » du conseil en strat
Si ses premières expériences professionnelles se sont jouées dans l’univers du conseil, dès l’âge de 8 ans, Cécile Moroni s’imaginait monter sur scène, « comme comédienne plutôt qu’en humoriste de one woman show ». Un rêve d’enfant mis de côté à l’adolescence – elle se projette alors « vers les affaires étrangères, la science politique ». Elle n’étudie pourtant pas à Sciences Po, mais à l’ESSEC et à l’Université de Mannheim, dont elle sort diplômée en 2008.
En stage chez Bain à Paris pour conclure son cycle de formation, Cécile Moroni apprécie énormément ce qu’elle y découvre. Mais on est au lendemain de la crise financière et le cabinet lui propose de prolonger son stage… En parallèle, une autre structure la sollicite pour un CDI : elle accepte l’offre de Roland Berger. « Ce que j’ai adoré dans le conseil en stratégie, c’est à la fois la stimulation liée aux tâches à réaliser et le niveau intellectuel des équipes, vraiment impressionnant. »
Chez Bain, elle travaille sur deux projets, « en grande consommation et en banque, sur des problématiques très différentes », et chez Roland Berger, « au sein des practices automobile et grande conso ». Son travail porte essentiellement sur du data crunching. « Je me rappelle de beaux modèles Excel qui m’ont rendue fière ! » Quand on débute dans le conseil en stratégie, difficile d’avoir une vision d’ensemble des projets, mais, vingt ans plus tard, « ce travail exigeant reste un excellent souvenir ». D’ailleurs, Cécile Moroni écrit ses sketchs de stand-up… dans Excel ! Et si elle estime qu’elle ne pourrait plus faire preuve aujourd’hui « de l’abnégation requise en ce qui concerne la vie privée », elle reconnaît que ce fut « une super école pour la suite ».
Le fait d’avoir travaillé dans le conseil en strat l’a notamment dotée « d’une résistance au stress – négatif : certains coups de pression… - et d’une bonne maîtrise des techniques de communication, grâce aux formations internes dispensées par les cabinets ». Elle y a aussi appris à identifier « les 80/20, où sont les 20 % de la tâche qui vont régler 80 % du problème ». Cécile Moroni a souvent incité ses équipes à appliquer ce principe – dans sa vie d’après… pas encore celle d’humoriste. « Quand on fait partie de teams internationales, choisir le bon format, trouver le bon titre de slide, permet d’aller à l’essentiel et faire passer ses messages. »
Départ pour la Norvège, un pays européen « si loin si proche »
En 2010, c’est en effet l’heure de l’expatriation pour la consultante qui a rencontré son mari, norvégien, à l’Université de Mannheim. Cécile Moroni - Moroni Engevik de son nom complet – s’envole donc pour Oslo et comprend très vite que son pays d’origine et la Norvège, bien qu’européens tous les deux, sont assez éloignés sur le plan culturel. « Il y a 5 millions d’habitants en Norvège et beaucoup de choses fonctionnent en réseaux. Quand on en fait partie, on peut naviguer vite, mais il n’est pas facile d’y être nouveau. Pour résumer : mon nouveau collègue sera peut-être le cousin de mon voisin ! »
Côté pro, elle intègre le groupe Carlsberg comme insights manager, grâce à ses compétences en data analyse. Progressant dans l’entreprise, elle y pilote le marketing client dès 2016 et occupe ensuite différents postes de direction – chez Nespresso à partir de 2018, successivement directrice marketing Norvège, puis directrice de la stratégie pour toute la zone nordique.
Un passage TV remarqué…
En 2022, Cécile Moroni devient DG d’une petite entreprise norvégienne dans le secteur de la beauté. En parallèle, elle continue de s’adonner très régulièrement à son hobby, le stand-up. Plus tôt dans sa vie, elle a passé un an au cours Florent à Paris… « Et puis, en 2021-2022, j’ai fait un passage à la télé norvégienne, qui a été remarqué. »
Sentant qu’elle est à un tournant, Cécile Moroni se donne six mois pour réfléchir. « Les choses sont allées vite et le stand-up est devenu mon métier. » Elle propose également des keynotes et workshops sur des sujets de diversité-équité-inclusion et de management interculturel à destination des grandes entreprises.
« Allo Norge ! » ou comment l’ancienne consultante déploie ses ailes - et le drapeau français
Et comment elle fait rire dans cet exercice particulier du stand-up où l’acteur n’est pas seul en scène, tant les réactions du public font de celui-ci un partenaire.
Adepte d’un humour qui va « de l’absurde au registre engagé, en passant par l’autodérision, voire parfois, le trash », Cécile Moroni n’apprécie pas trop, en revanche, l’humour « qui se moque des “petits” - l’humour des Parisiens envers les provinciaux ou envers les personnes moins éduquées ».
S’inspirant beaucoup des situations de la vie quotidienne, elle puise dans ses étonnements de Française dans un pays scandinave et mobilise notamment « tout ce qui change autour des repas - horaires, fonctionnalités, rituels – comme “révélateur” des différences culturelles, au travail et au-delà. La Norvège est un tout petit pays et les Norvégiens aiment beaucoup qu’on parle d’eux, notamment parce qu’on les confond souvent avec les Suédois ou les Finlandais ! » Alors que l’humour norvégien est assez distancié, « proche de l’humour anglais avec pas mal d’autodérision », son accent et sa façon d’être sur scène contribuent déjà à faire rire. « Je me moque beaucoup de moi-même en tant que Française. »
Si elle utilise peu son expérience du conseil en strat, Cécile Moroni a gardé en mémoire une scène qui s’est produite chez Roland Berger. « Pendant une nocturne, en amont d’un copil, nous présentions avec un autre consultant l’énorme travail que nous avions réalisé au partner qui supervisait la mission. Et ce partner s’est endormi, se mettant même à ronfler ! Il devait être 23 h ou minuit… Ce fut le meilleur fou rire de ma carrière de junior chez Roland Berger. »
En tournée depuis février 2024 en Norvège avec son spectacle solo (des dates sont prévues l’an prochain), celle qui considère « qu’un jour où l’on ne rit pas est un jour perdu » s’est aussi produite en 2023 dans plusieurs pays scandinaves avec PV – Pierre-Vitor Pereira - membre du Jamel Comedy Club.
Et Cécile Moroni ne compte pas en rester là. Fan de la façon dont les Norvégiens élèvent leurs enfants, elle vient de publier un ouvrage illustré, Where babies sleep outside (éditions Mondå), dans une veine tout aussi humoristique qu’informative. Il faut dire qu’en Norvège, les parents « laissent volontiers leurs bébés faire la sieste dehors dans le froid, bien emmitouflés au fond de leurs landaus ». Surprenant pour les uns, habituel pour les autres : question de regard – et d’usages culturels.
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