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Pas touche à ma poubelle : le leitmotiv d'une ancienne consultante

À 37 ans, cette experte du secteur de l’énergie, manager de CVA durant cinq ans, a créé en 2019 une start-up très « durable ».


Barbara Merle
24 Fév. 2020 à 05:29
Pas touche à ma poubelle : le leitmotiv d'une ancienne consultante

NoWW, No Waste in my World, cible, en effet, la fin des emballages à usage unique dans la vente à emporter en proposant des emballages consignés. Son parcours de consultante lui a donné de nombreuses ressources pour sa mission d’entrepreneure à impact environnemental.

Il est des parcours qui paraissent comme un continuum pour atteindre une mission. Et la mission que s’est donnée Laurence Payre, depuis ses études à l’ESSEC et son MBA en social entrepreneurship en 2006, c’est bien de créer une entreprise à l’image d’une jeune femme du XXIe siècle : soucieuse des impacts environnementaux et sociaux.

« Lorsque j’étais à l’ESSEC, le conseil n’était pas une vocation, je ne connaissais même pas ce métier. J’y ai plutôt découvert le monde de l’entreprise, et plus particulièrement celui de l’économie sociale et solidaire. Cela m’a énormément apporté dans la compréhension des enjeux sociétaux dans lesquels les entreprises doivent aujourd’hui s’insérer », confirme celle qui a grandi dans un environnement familial scientifique de chercheurs un peu éloigné de l’entrepreneuriat.

Elle débute ainsi sa carrière comme project manager RSE, responsabilité sociale des entreprises, à la Maif, entre 2004 et 2006. Avec pour fonction de mettre en place au sein de la mutuelle française sa démarche contributive aux enjeux de développement durable. « J’étais passionnée par le boum des énergies renouvelables. J’ai décidé assez rapidement de me réorienter et de travailler dans ce domaine sous l’angle du conseil. C’est comme cela que je me suis rapprochée du monde du consulting qui paraissait être une bonne entrée en matière pour comprendre finement un secteur et ses tendances. » Elle postule donc auprès de quatre gros cabinets, reconnus pour leur practice énergie, dont Corporate Value Associates, CVA. « J’ai choisi CVA, car cette practice et les types de missions m’ont été parfaitement explicités lors des entretiens. J’y ai également retrouvé certains étudiants de l’ESSEC que je connaissais. »

Consultante « tout en énergie »

Laurence Payre entame donc une deuxième carrière, de consultante junior, et ce pendant cinq années, dédiée exclusivement dès son arrivée au secteur des énergies. Une spécialisation rare dans le conseil en début de carrière. « J’y ai bien sûr acquis une grosse expertise sectorielle avec des missions de portefeuilles, d’acquisitions, de marketing strategy… pour des clients qui étaient autant des vendeurs d’énergie, d’équipementiers, que de gestionnaires d’infrastructures réseaux. »

Sans pouvoir citer de missions en particulier, Laurence Payre garde en mémoire deux d’entre elles professionnellement marquantes. Pour un équipementier spécialisé en turbines, la consultante a réalisé un mapping des technologies existantes dans le secteur éolien, et ce pour proposer des listes de cibles d’acquisition. « C’était à la fois une mission classique de mapping et, en même temps, j’ai pu comprendre toutes les subtilités de ces technologies. » L’autre mission, dans le secteur du nucléaire, a plongé Laurence Payre dans la réalité des ressources géologiques. Elle a dû effectuer, lors d’une mission de due diligence, des projections sur le long terme du prix de l’uranium. « Nous devions proposer des schémas non pas basés sur le cours de la Bourse, mais sur l’état des ressources naturelles. C’était très ancré dans le réel et, à la fois, nous parlions de montants gigantesques, de l’ordre de centaines de millions d’euros, voire de milliards de valorisations. » Durant ces années, la consultante dit avoir appris des choses essentielles : à lire un marché, une entreprise, un secteur, une tendance, à développer la créativité et l’innovation pour des clients qui attendent des consultants une véritable plus-value par rapport à leurs équipes internes, à structurer une pensée et des projets.

Action !

Après ces années qu’elle a trouvées extrêmement enrichissantes, Laurence Payre a pourtant envie d’aller encore plus loin dans le secteur de l’énergie en vivant la mise en place opérationnelle des plans d’action qu’elle pouvait proposer en tant que consultante. Sa voie de l’énergie l’a alors menée chez Alstom Grid devenu General Electric Grid entre 2011 et 2019, où elle fut notamment responsable d’une business unit de services d’équipements électriques, représentant plus de 140 M€ de chiffre d’affaires. « Ma mission était de développer de nouvelles offres et de les diffuser sur l’ensemble des marchés. Notamment des offres d’asset performance management qui permettaient l’extension de la durée de vie des produits pour éviter de les remplacer. » Son credo là encore : créer de la valeur avec le moins d’impact sociétal et environnemental possible… En 2019, sa maturation est terminée. La transition écologique du secteur de l’énergie est également bien avancée. La spécialiste des énergies, experte des entreprises du secteur, décide de se lancer.

Elle fonde NoWW, une start-up qui propose une innovation de rupture avec une gestion globale d’emballages consignés pour la restauration à emporter. Le principe : des emballages en verre consignés pour les plats des clients de la restauration rapide, une gestion digitale de la consigne, une valorisation personnalisée des impacts clients. « J’avais envie de travailler sur la problématique des déchets, car il y a une urgence absolue à prévenir la création du déchet, et à remettre de la circularité dans l’économie avec les avantages financiers, sociaux et environnementaux. Les emballages représentent 50 % du volume des déchets de nos poubelles. Mon envie entrepreneuriale allait de pair avec l’envie de m’insérer dans les enjeux de notre société. »

La nouvelle dirigeante ne s’arrête pas à un engagement purement professionnel. Elle s’est, en effet, lancé un défi dans un projet familial avec son mari, partner dans un cabinet de conseil, et leurs deux enfants de 4 et 7 ans : réduire leur impact carbone à la maison. « Notre objectif est de tendre vers deux tonnes de CO2 par an et par personne. La moyenne française est de onze à douze tonnes/an. C’est une démarche globale de transition de vie, en tant que membres de Zero Waste France, pour avoir le moins d’impact possible sur la planète. Par exemple, nous ne nous accordons plus qu’un voyage long-courrier tous les trois ans. Et nous investissons nos économies dans des produits financiers qui présentent une empreinte carbone la plus réduite. » Elle est également animatrice-formatrice pour l’association La Fresque du climat qui fait de la sensibilisation auprès du grand public.

Le passé conjugué au présent

La start-up NoWW est en phase d’amorçage. Elle va installer l’écosystème dédié pour ses premiers clients dès juin prochain. « Le métier de consultant m’a donné les clefs pour monter cette entreprise, savoir m’insérer sur les bons marchés, proposer des solutions qui font la différence, m’entourer des bons partenaires, parler le même langage que les investisseurs. Le conseil, gage de qualité intellectuelle et de rigueur, est aussi un bon passeport pour les partenaires que nous recherchons. Notre côté couteau suisse reste un atout de poids. Lorsque nous abordons un problème, nous le voyons sous tous les angles, technique, financier, juridique, RH… » Le monde du conseil n’est d’ailleurs jamais très loin de la nouvelle dirigeante qui a fait le choix de changer de cap pour aller vers la réalisation de projets qui prennent sens dans le monde actuel. « Je garde des contacts avec des consultants, chez CVA en particulier. Le conseil est un réseau de personnes avec qui je sais travailler, et qui sont aujourd’hui des partenaires, des clients ou de futurs collaborateurs. »

Si Laurence Payre a oublié ce qui lui plaisait le moins dans ce métier, trop impactant sur la vie personnelle, elle aime se souvenir de ce qui lui plaisait le plus, à savoir la position du consultant face au décideur, et ce que cela implique en termes d’impacts et de responsabilités quant aux décisions. « Mais on ne mesure pas suffisamment les impacts sociaux et environnementaux. » Elle s’est donc engagée différemment dans ce qui est sa ligne de vie, l’énergie durable, l’antigaspi et la circularité de l’économie.

Par Barbara Merle pour Consultor.fr

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Barbara Merle
24 Fév. 2020 à 05:29
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