« Les consultants n’ont pas défini la politique vaccinale en France »
Matthieu Courtecuisse répondait aux questions des sénateurs mercredi 5 janvier, et ce, au titre de sa double casquette : président de Syntec Conseil (le syndicat des professionnels du secteur du conseil) et CEO et fondateur du cabinet Sia Partners.
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D’après le président du syndicat professionnel, fort de 250 adhérents, dont 80 cabinets en management et stratégie et notamment Bain, Mars et Roland Berger, le marché public représente en moyenne 10% des revenus des cabinets de conseil.
Ce qui est peu à ses yeux, surtout comparé aux autres pays européens : « C’est un secteur sous-représenté. C’est 14% en moyenne en Europe, et 22% pour le seul Royaume-Uni. Le secteur financier, c’est 30% du business en France, et l’industrie entre 23 et 25%. Pourtant, il est avéré que plus les dépenses de conseil sont élevées, plus l’économie est performante. »
Les acheteurs publics rappelés à leurs responsabilités
De plus, la question de l’influence des cabinets de conseil sur le secteur public a une limite de taille, selon Matthieu Courtecuisse : la maîtrise de la prestation est réalisée par le client, et non pas par les consultants.
« Le choix du scénario revient au donneur d’ordre et nous ne sommes pas responsables de la décision. Les consultants n’ont pas défini la politique vaccinale en France », a-t-il asséné.
Et de redire avec quelle facilité une administration peut se défaire à souhait des consultants qu’elles sollicitent sur X ou Y sujet, et le rôle extérieur auquel ils sont cantonnés : « Dans une filière hautement compétitive, l’évaluation des cabinets de conseil est permanente, c’est un métier non régulé et révocable à tout instant. L’effet réputationnel est très important. Et dans le secteur public, il existe un principe de renouvellement régulier des cabinets pour éviter toute collusion. »
Du consulting à moindre prix dans le secteur public
Forte concurrence, et prix plus bas : privé et public ne sont pas logés à la même enseigne quant aux tarifs pratiqués par les cabinets de conseil. Le taux journalier moyen pratiqué pour le secteur public est bien inférieur à celui du privé où il grimpe à 2 000 euros par jour en moyenne.
« C’est du un pour trois. Les écarts sont considérables. Lorsque j’avais travaillé sur un marché de conseil pour le ministère des Armées, c’était 600€ par jour, et sur les marchés DITP, cela tourne entre 1 000 et 1 200€ par jour. C’est pour des raisons de prix que certains cabinets choisissent de ne pas aller dans ce secteur », atteste le président du Syntec.
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Trois ans après que l’Union des groupements d'achats publics (UGAP), qui centralise auprès de ministères, collectivités territoriales et établissements hospitaliers, les commandes à des centaines de fournisseurs, avait lancé son premier marché de conseil en stratégie d’une valeur de 12 millions d’euros, son directeur a détaillé au Sénat comment ils sont dépensés.
Le secteur public au nom de la marque employeur
« Alors quel est l’intérêt pour les cabinets de conseil de travailler dans le secteur public ? », enchaîne la rapporteure de la commission sénatoriale, Éliane Assassi. Avant tout une question de marque employeur selon Matthieu Courtecuisse, une façon de démontrer aux collaborateurs et aux potentiels candidats que le cabinet œuvre au service du bien commun. Des consultants qui peuvent être à ce point intéressés par le secteur public qu’on peut ensuite les retrouver en tant que contractuels dans ce secteur. Et le fondateur de Sia Partners de confirmer : « Il y a d’ailleurs beaucoup d’anciens consultants au sein de la DITP, et au sein des administrations. »
Beaucoup de fantasmes et de croissance
Beaucoup de fantasmes donc, à entendre Matthieu Courtecuisse, sur l’influence réelle de la majorité des cabinets de conseil dans le secteur public.
Même si, a-t-il également rappelé, le consulting est omniprésent à la sortie des grandes écoles et diffuse donc à haut niveau auprès des nombreuses personnes qui y passent.
« Le conseil est le premier recruteur des étudiants issus des plus grandes écoles. Dans le top 15 des écoles de commerce, 30% des promos vont dans ce secteur, c’est entre 15 et 20% pour les ingénieurs. Notre secteur a un rôle de formation dans les premiers pas de professionnels. Beaucoup de cadres des grandes entreprises sont passés par le conseil. Il existe une influence de place sur les méthodologies et la conduite des transformations des entreprises », appuie ce consultant issu lui-même de l’École nationale de la statistique et de l'administration économique (ENSAE).
C'est une des raisons pour lesquelles l’activité des cabinets de conseil s’est fortement développée depuis une quarantaine d’années en France, avec une forte accélération depuis 15 ans. Un marché que Matthieu Courtecuisse voit encore doubler de taille dans les 10 prochaines années (relire notre article ici).
Cet article est un compte-rendu des audiences organisées par la commission d’enquête du Sénat sur l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques. Il vise à rapporter les propos principaux tenus lors de cette audition.
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