Opioïdes : McKinsey pénalement responsable pour ses conseils et privé de certaines missions pharma
Clap de fin dans le scandale des opioïdes : pour la première fois aux Etats-Unis, un cabinet de conseil en stratégie est reconnu pénalement responsable d’activités ayant contribué à de graves délits commis par l'un de ses clients.
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Cet accord clôt la procédure pénale et civile engagée à l’encontre de McKinsey pour ses conseils au fabricant d’opioïdes Purdue Pharma pour développer les ventes et le marketing de l’OxyContin. En 2013, le cabinet avait notamment planché sur les moyens à mettre en œuvre pour « turbo-booster » les ventes de cet opioïde.
Le montant des réparations, détaillé ci-dessous, est aussi le plus élevé jamais conclu dans le cadre d’une procédure civile pour ce type de faits.
Si l'on prend en compte toutes les sanctions financières infligées au cabinet à travers le monde depuis 2018 (année du premier accord dans le scandale sud-africain), McKinsey aura versé près de 2 milliards de dollars d’amendes et dédommagements au fil des années (1,95 milliard très précisément selon le décompte de Consultor). L’impact financier pour chaque associé (ils sont près de 3 000 au niveau mondial) approcherait donc les 700 000 dollars.
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Autre élément tout à fait notable : le cabinet est désormais exclu du conseil pharma portant sur les substances contrôlées – ne pouvant dispenser aucun conseil lié « à leur commercialisation, à leur vente, à leur promotion ni à leur distribution » pour une durée de 5 ans.
Les différents volets de l’accord
Dans le détail, sur le plan financier, McKinsey a accepté de payer une pénalité de plus de 231 millions de dollars, une indemnité de 93 millions de dollars (correspondant aux honoraires versés par Purdue Pharma de 2004 à 2019) ainsi qu’un règlement de 2 millions de dollars à la Virginia Medicaid Fraud Control Unit afin de clore la procédure pénale.
McKinsey a également conclu un accord de règlement civil selon lequel il versera plus de 323 millions de dollars pour assumer sa responsabilité en vertu du False Claims Act : le cabinet a en effet fourni des conseils à Purdue qui ont conduit « à des demandes frauduleuses soumises aux programmes fédéraux de santé pour des prescriptions médicales inutiles d’OxyContin ». Il a par ailleurs omis de divulguer à la Food and Drug Administration (FDA) des conflits d’intérêts découlant de son travail simultané pour le fabricant d’opioïdes et ladite FDA. Le total de ces règlements s’élève donc à 650 millions de dollars.
En acceptant cet accord, McKinsey reconnaît pour la première fois et sans ambiguïté sa responsabilité dans le scandale des opioïdes. Il a par ailleurs validé une présentation chronologique de toutes les actions menées auprès de Purdue Pharma entre 2004 et 2019, lesquelles lui ont rapporté plus de 93 millions de dollars.
Le cabinet accepte également de mettre en œuvre un programme de conformité visant à identifier et évaluer les engagements des « clients à haut risque ». Ce programme prévoit notamment de nouvelles procédures de conservation des documents et la formation de tous les associés ou consultants interagissant avec les clients. Des engagements qui s’ajoutent aux dispositions négociées entre McKinsey et le département de la Justice via une résolution simultanée concernant McKinsey & Company Africa, annoncée début décembre.
Quant à l’ancien associé ayant détruit des documents et dossiers compromettants, Martin E. Elling, il risque une peine maximale de 20 ans de prison, 3 ans de liberté surveillée et une amende pouvant atteindre 250 000 dollars pour obstruction à la justice., dans le cadre d'un procès à venir.
« Aucune somme d’argent ne peut compenser l’impact dévastateur ni les pertes de vies humaines que la crise des opioïdes a infligées aux [Américains]. Mais l’accord conclu aujourd’hui rappelle que, si vous essayez de profiter d’une crise en faisant passer les profits avant la sécurité des patients – et que vous tentez ensuite de faire obstruction à une enquête fédérale –, vous en paierez le prix fort », a déclaré l’agent spécial Jodi Cohen du bureau extérieur du FBI à Boston, dans le communiqué de l’administration sur cette sanction.
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