Sur le consulting, l’AP-HP fait la diète
Lors de son audition par la commission sénatoriale, le DG de l’AP-HP, Martin Hirsch, depuis huit ans à ce poste, s’est posé en chevalier blanc de la réduction de la facture conseil pour les hôpitaux publics franciliens.
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« Une des premières décisions que j'ai prises a été de mettre fin à des prestations et à ne pas utiliser des marchés ouverts avec de grands cabinets de consultants pour des prestations stratégiques pour l'AP-HP, qui représentaient des montants significatifs », a d’emblée signifié le patron de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris.
Diminution donc drastique de l’appel aux consultants, avec des montants de missions plus mesurés pour le DG de l’AP-HP qui donne des chiffres : depuis 2019, 5,2 millions d'euros ont été dépensés en conseil et conseil stratégique, dont une prestation pour accompagner la réalisation du schéma directeur de l’AP-HP pour quelques 200 000 euros. Et ce, pour un budget annuel de sa structure de 8,3 milliards d'euros.
Avec une mission : internaliser l’expertise. « Il me semble qu'il est possible de définir et d'appliquer la stratégie d'un grand établissement comme le nôtre en ayant une expertise stratégique interne, sans avoir besoin de grands cabinets anglo-saxons ou français », soutient le DG. Une démarche matérialisée par la création de la direction de la stratégie et de la transformation (DST), une entité chapeautée par Clémence Marty-Chastan (passée par le BCG entre 2007 et 2008 à la sortie d’HEC). « Peut-être certains rejoindront-ils ensuite un cabinet de conseil compte tenu de leurs compétences, mais cela permet de disposer d'une équipe interne qui connaît les établissements, entre dans le cadre de nos choix stratégiques et techniques et nous éclaire », ajoute Martin Hirsch.
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En quinze ans, les missions de conseil en stratégie de cabinets privés se sont multipliées dans les hôpitaux publics et atteignent aujourd'hui un plateau.
Enquête sur les raisons de cet essor, la nature réelle des missions conduites par les consultants, les causes des nombreuses critiques dont elles sont l'objet et les objectifs poursuivis par les consultants qui y participent.
Pourtant très convoité par les cabinets de conseil pour des missions pro bono durant la crise du covid-19, Martin Hirsch assure ne pas y avoir eu recours (alors que nombre de cabinets ont indiqué avoir conduit des missions pro bono sur cette période).
Mais, précise-t-il, « des membres de sociétés de conseil, au chômage technique durant cette période, sont venus, avec quelques milliers d'autres renforts, durant la première vague, travailler bénévolement et avec l'accord de leur employeur. Certains de ces professionnels ont contribué à nous aider à monter le système de suivi à domicile des patients atteints du covid-19, dit Covidom, qui a concerné 500 000 malades, et pour lequel nous avons organisé de grandes plateformes ».
Durant cette audition, Martin Hirsch a tenu à témoigner sous serment ne pas avoir reçu de pression de la part de sa tutelle pour missionner un cabinet. En revanche, il révèle avoir reçu des consultants quelque peu pressants et mettant en avant leurs liens avec le pouvoir, et plus précisément, l’un d’entre eux pour le moins menaçant. Et Martin Hirsch de se souvenir d’un échange un peu lunaire : « Qu'il m'arriverait des tas d'ennuis si je ne faisais plus appel à lui. Ce sont les petits cabinets qui agissent ainsi. Je n'y ai pas eu recours et, comme vous l'avez souligné, je suis toujours là ! »
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