Mars & Co

Durant des années, Mars & Co a cultivé l'image d'un cabinet de conseil en stratégie très secret, sans aucune communication vers l'extérieur.

Nos tentatives passées d'en savoir plus nous ont valu des courriers d'avocats. Peu rancunier et jouant une dernière fois notre va tout, Consultor tenta de contacter en septembre 2017 des dirigeants du cabinet. Miracle, les portes s'ouvrent.  

Ainsi, de ce cabinet créé en 1979 à Paris par Dominique Mars, ancien managing director du BCG (qui fonda les bureaux de Londres puis de Paris), nous pouvons en dire un peu plus, et dépasser les clichés.

Toujours actif, Dominique Mars prend néanmoins beaucoup de recul avec l'activité, qui est aujourd'hui portée par 24 vice-présidents en France, aux États-Unis et en Asie.

La particularité du cabinet est qu’il est « exclusif » sectoriellement, c'est-à-dire qu'il ne travaille qu’avec un client par 'secteur', pour éviter tout conflit d’intérêts. L'inconvénient étant de cloisonner certains consultants à une société pour longtemps et de restreindre le portefeuille de clients à « une vingtaine » de grands comptes. Le cabinet s'en défend et assure qu'il a de grandes marges de développement commercial devant lui.

On voit cependant bien la vertu de ce principe, qui lui a permis de développer un portefeuille clients de grands noms dans la durée (pour certains en continu depuis 35 ans) et de faire de ce cabinet un incontestable succès. C'est sans doute encore l'un des tout premiers cabinets d'origine française à l'international, peut-être même le premier. Sa présence aux États-Unis est plus forte qu'en Europe, même si Paris, avec une cinquantaine de consultants, reste le premier bureau du cabinet en termes d'effectif, devant New York et Tokyo. Quoique le cabinet ne considère pas le nombre de consultants par bureau car le staffing est mondial.

Certains clients le sont de notoriété publique (PepsiCo, Nestlé, Sony, Engie...) et le cabinet revendique dans ces sociétés des contacts au plus haut niveau. Il ne considère comme compétiteurs que McKinsey, BCG ou Bain. Son pricepoint est identique, quelle que soit la séniorité du consultant, et il est de l'ordre de 600k$ par an (chez Mars, on compte en dollars).

En ce qui concerne le passage de flambeau, la question est « réglée ». Le cabinet n'en deviendra pas pour autant un partnership. D’ailleurs les nouveaux rôles de directeurs de zone ont été attribués par Dominique Mars qui gardent le dernier mot sur tous les sujets stratégiques. Ses vice-présidents resteront salariés (comme dans certains autres cabinets). Ne demandez pas plus de détails sur ce qu'il adviendra du capital lorsque la transition avec Dominique Mars sera engagée, vous serez déçu.

Peu porté sur la chose RH (encore tenues par l'épouse de Dominique Mars herself), le cabinet privilégie les compétences analytiques, à l'image du fondateur qui se qualifie lui même de « bourrin analytique » sur le sujet.

Mais attention, chez Mars, savoir résoudre des équations du second degré ne fait pas tout : « Nous ne perdons en effet pas de temps à tester le QI d'un candidat, le haut de son CV nous le donne ! Ce qui nous intéresse vraiment, c’est le bas de son CV, à savoir ce qu’il est, et fait, à l’extérieur de sa vie académique et professionnelle : musicien, sportif, chanteur, artiste, baroudeur, numismate, réparateur de vieilles voitures, peintre, curieux d’histoire, fou de littérature, animateur d'associations … Bref, ce qui dessine la personnalité profonde du candidat au-delà de l'incontournable aisance dans le quanti », témoignait Dominique Mars (relire l'article), au sujet d'un des anciens du cabinet devenu dessinateur de bandes dessinées (parmi plusieurs profils arty ou atypique dans le réseau alumni, qui compte aussi un artiste-peintre et un psychothérapeute).

On suivra avec intérêt la transition inattendue d'une boutique encore très marquée par la culture de Dominique Mars et qu'on pensait, manifestement à tort, vouée à disparaître avec lui.

Sept vice-présidents à Paris (pas de femmes actuellement).

Dernière mise à jour  : janvier 2024

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