TOP 15 Consultor 2024 dédié aux services financiers : les pros du secteur ont tranché
Quel est le premier cabinet en matière d’image pour les professionnels des services financiers en 2024 ? Réponse : le BCG. Bain s'octroie la 2e place devant McKinsey, talonné par Roland Berger et Oliver Wyman.
- Classements des cabinets Consultor 2024 : le match Polytechnique – HEC
- Classement étudiants Consultor 2024 : McKinsey moins attractif que le BCG et Bain
- Fintech : fini la bamboche, place à l’écrémage
- Sous pression du gendarme de la finance, Allianz s’en remet à McKinsey
- Classement Consultor 2023 de la notoriété des cabinets de conseil en stratégie
- L’expert assurance/bancassurance officialisé chez Simon-Kucher
- Classement Consultor des cabinets de conseil en stratégie juillet 2022
- Classement Consultor novembre 2021 des cabinets de conseil en stratégie
Réalisé auprès de professionnels de la banque et de l’assurance par HEC Junior Conseil pour le compte de Consultor [méthodologie à disposition à la fin de l’article], ce top 15 confirme — en partie — le constat posé dès la première édition de ce classement Consultor en 2018, à savoir : l’avantage dont disposent les cabinets pouvant se targuer d’être des marques « historiques ». Néanmoins, tout est possible, y compris dans cet univers très normé… En effet, si la notoriété se travaille au long cours, l’image est davantage liée à l’actualité des missions réalisées, et aux retours qu’elles suscitent.
Dans cet article figurent le top 15 général 2024 consacré à la banque et à l’assurance ainsi que deux déclinaisons - un top spécifique dédié à la banque et un autre, à l’assurance. Immersion dans les arcanes du principal secteur d’activités pour le conseil en stratégie.
Focus sur les principaux enseignements de ces tops 15 2024
S’il fallait retenir quatre infos seulement en matière d’image, ce serait :
- Le statut de leader incontesté du conseil dans les services financiers accordé au BCG, le cabinet disposant d’une avance considérable sur ses concurrents dans chacun des classements ;
- La perte de vitesse de McKinsey, toujours le cabinet le plus connu mais dont l’image souffre - 3e du top général comme de ceux de la banque et de l’assurance ;
- La performance de Bain au top général et dans celui de la banque - 2e devant McKinsey ;
- Celle d’Oliver Wyman dans l’assurance - 2e devant McKinsey et Bain.
La percée des entités de conseil en stratégie des Big Four (EY-Parthenon, GSG, Strategy&) est également significative, ces cabinets venant titiller — voire plus — le quinté de tête composé des MBB, de Roland Berger et d’Oliver Wyman (dans un sens ou l’autre pour RB et OW).
Quels sont les cabinets qui comptent dans les services financiers — banque et assurance combinées ?
Sur la notoriété, le quinté de tête « attendu » est au rendez-vous : McKinsey, suivi du BCG et de Bain (101 points d’écart tout de même entre les deux B), puis Oliver Wyman et Roland Berger, très proches pour leur part.
Sur l’image, en revanche, Bain s’invite donc à la 2e place devant McKinsey, certes bien loin du BCG, mais avec 13 points d’avance sur la Firme. Un résultat commenté par Ada Di Marzo, associée et directrice générale de Bain France, pour Consultor.
« Le cabinet est dans une phase importante de développement des services financiers, à la fois en France et sur la région EMEA. Il s’agit d’ailleurs de l’une des deux practices les plus significatives dans cette région, et de la première en France. Les résultats obtenus par Bain dans ce classement illustrent notre volontarisme sur le marché, notamment depuis 2 ou 3 ans. C’est une mesure indirecte dans l’avancée de notre feuille de route. » Comme elle le confie par ailleurs, il est déterminant pour le cabinet de savoir qu’il est « l’advisor de choix des institutions financières ».
Selon Ada Di Marzo toujours, qui en profite pour rappeler que Bain est né 10 ans après le BCG et 47 ans après McKinsey (ce qui pourrait expliquer la 3e place du cabinet sur la notoriété), de bons résultats en matière d’image traduisent le fait « de savoir faire grandir une équipe et intégrer de nouveaux partners. Et surtout, la capacité de Bain à porter des thématiques de façon pragmatique est largement reconnue — sur l’ESG, la Gen AI, la digitalisation et l’expérience client, dont Bain est le leader depuis longtemps ». Mais parle-t-on ici avant tout de stratégie, ou de transformation ?
Si la DG de Bain reconnaît que les besoins de transformation sont nombreux, elle met aussi en exergue la nécessité, pour les clients institutionnels et historiques du cabinet, de « retrouver une forme de différenciation face à de nouveaux entrants dans chaque métier, au sein de l’assurance comme dans la banque ». L’apport méthodologique de Bain — avec par exemple le travail mené sur la mesure de la mobilité bancaire en France, que la Banque de France utilise — en fait également une référence sur le marché.
Quant au n°1 du classement général portant sur l’image — le BCG —, il distance ses concurrents en obtenant 54 points de plus que Bain et 67 de plus que McKinsey. Rappelons que le cabinet était déjà premier dans le classement Consultor de 2018 et qu’il est, dans l’intervalle, devenu n°1 du marché hexagonal du conseil en stratégie tous secteurs confondus.
À l’inverse et malgré une notoriété inégalée, l’image de McKinsey est altérée, que l’on pense à sa 3e place ou, plus encore, à l’écart qui le sépare du BCG - sachant que, dans les tops Banque et Assurance, la Firme est talonnée par le 4e voire le 5e, plusieurs cabinets figurant dans un mouchoir de poche.
Un quinté de tête recomposé pour l’image dans la banque
Dans le secteur bancaire donc, le BCG est également leader devant Bain (17 points d’écart), lequel précède McKinsey de 16 points.
« En augmentant la taille des équipes et en les diversifiant, nous avons la capacité de suivre les évolutions et de répondre aux besoins des acteurs », souligne Ada Di Marzo. « Nos équipes sont par ailleurs très stables et bien identifiées. Et puis, sur les enjeux de transformation et de croissance, grâce à ses travaux sur l’expérience et la relation client notamment, Bain a son mot à dire. » Par ailleurs, « le dialogue avec les clients, sur l’impact du cabinet, au regard de la question qui lui a été posée au départ et de la façon de travailler avec ses équipes » constitue un élément de différenciation significatif selon la directrice générale de Bain.
En parcourant la suite de ce top 15, on observe que Roland Berger n’est qu’à 4 points du 3e, alors que le bureau parisien de RB comprend deux partners seulement positionnés sur les services financiers. Cela ne l’empêche pas de se classer dans les 5 premiers de tous les tops 2024 à l’exception de celui-ci.
Quant au 5e de ce top, il s’agit d’EY-Parthenon : le “nouveau venu” devance en effet Oliver Wyman, d’extrême justesse puisque leur nombre de points est identique. Il précède toutefois OW grâce à son score de satisfaction pour les missions réalisées. Bien qu’à relativiser, cette 6e place étonne de la part de la filiale de Marsh & McLennan Companies, qui a gagné courant 2023 un contrat faramineux avec la fusion d’UBS et du Crédit Suisse.
Quoi qu’il en soit, selon Paul Lubrano, associé d’EY-Parthenon et leader des services financiers pour la France et l’Europe, « le top 15 Consultor 2024 offre une bonne reconnaissance du travail qui a été réalisé », le cabinet n’existant dans l’Hexagone que depuis 2017. Au niveau européen, les services financiers représentent 15 % de l’activité d’EY-Parthenon et, dans l’Hexagone, le cabinet est davantage reconnu sur la banque (au sens large : banque privée et gestion d’actifs, paiements et technologie) que sur l’assurance.
En France, EY-Parthenon a d’abord travaillé sur « des sujets de transactions, avec l’accompagnement — par exemple — d’une grande banque anglaise ayant cédé son activité française à un fonds d’investissement [HSBC et le fonds Cerberus, ndlr]. Le Private Equity dans les services financiers a également été beaucoup développé, représentant selon les années entre 30 et 40 % de l’activité. Le cabinet travaille avec des fonds français ou européens (souvent basés à Londres), mais aussi des fonds souverains et quelques-uns des plus grands fonds du monde… » — Paul Lubrano n’en dira pas plus. Une activité de stratégie non transactionnelle a par ailleurs été déployée (ou « corporate strategy »), à la fois avec les clients historiques du cabinet — « plans stratégiques, stratégies d’entrée, top lines, organisation commerciale » — et avec des fonds d’investissement sur des sujets de création de valeur.
Pour Paul Lubrano toujours, le travail de fond qu’a mené son cabinet l’a conduit à être référencé au niveau mondial « chez deux grandes banques françaises — la première il y a 3 ans et la seconde, en septembre 2023 ». EY-Parthenon est aussi référencé par une grande institution financière française parapublique — « nous commençons à nous institutionnaliser », ajoute-t-il. Il mentionne malgré tout les contraintes liées à la taille de l’équipe dédiée aux services financiers — « deux associés et deux principals pour la France » —, ce collectif de travail ayant vocation à réunir une vingtaine de consultants exclusifs. L’équipe peut d’ores et déjà s’appuyer sur d’autres collaborateurs d’EY et bénéficie aussi de la force de frappe européenne que pilote Paul Lubrano et qui compte une trentaine d’associés et de principals, essentiellement au Royaume-Uni et en Allemagne. Sachant que certains acteurs majeurs des services financiers restent fermés à EY-Parthenon en raison des activités de commissariat aux comptes d’EY.
Quelques exemples de missions à présent, extraites du dataset de ce top 15 dédié à la banque. Des missions du BCG ont été jugées « utiles » par des répondants de Natixis, BNP Paribas et la Société Générale notamment. D’autres répondants de Natixis estiment qu’Oliver Wyman dispose du « meilleur rapport qualité-prix » quand, pour d’autres encore, PMP Strategy « mérite d’être connu ».
Au sein du Crédit Agricole CIB, une mission réalisée par CVA est considérée comme étant allée « au-delà des attentes » — l’analyse opérée étant qualifiée de « vraiment à propos ». Des consultants de GSG (groupe KPMG) ont par ailleurs été jugés « bons sur l’analyse globale et très disponibles », dans le cadre de plusieurs missions effectuées pour le CIC.
Le coup d’éclat d’Oliver Wyman dans l’assurance et la belle place de Strategy&
1er : le BCG. 2e : Oliver Wyman. 3e : McKinsey. Ce podium n’était pas tout à fait attendu. L’écart entre OW, McKinsey et Bain — le 4e —, n’est toutefois que de 3 points.
Si les services financiers sont une spécialité maison pour OW, les partners Assurance du cabinet, pourtant bien moins nombreux que leurs confrères de la banque, peuvent être satisfaits — sachant qu’en 2018, le cabinet se classait seulement 6e pour l’image. Faut-il y voir un effet « clé d’entrée » du groupe auquel Oliver Wyman appartient, Marsh & McLennan Companies ? Celui-ci est en effet un acteur majeur de l’assurance au niveau mondial.
Un autre cabinet a des raisons d’être satisfait, en ce qui concerne l’image ou la notoriété dans l’assurance notamment, mais pas seulement : il s’agit de Strategy&, l’entité de conseil en stratégie de PwC, qui se classe 6e.
Comme l’indique Romain Godard, associé en charge des services financiers chez Strategy& également partner RH, « ces bons résultats traduisent le développement entamé il y a 10 ans maintenant, auprès de clients corporate et Private Equity ». Les services financiers — banque, assurance, paiements, immobilier — représentent 15 % du chiffre d’affaires du cabinet. « L’activité a donc encore vocation à croître. » La moitié de ces 15 % relève de la banque et l’autre moitié se répartit entre l’assurance et les paiements.
Sur l’assurance, Romain Godard indique que le cabinet a gagné « de très beaux projets, en deal ou en transformation — des rapprochements d’acteurs dans l’assurance, un plan de réduction des coûts chez un mutualiste, un plan stratégique pour un assureur affinitaire »… Strategy& a par ailleurs accompagné (et devrait continuer à le faire selon l’associé) « la filiale d’un gros assureur sur un plan de diversification ». À ce stade, Romain Godard met l’accent sur « la belle équipe » qui travaille à ses côtés — « une vingtaine de consultants, de vrais talents très appréciés de nos clients ». Pour nourrir les différents projets toutefois, le partner en charge des services financiers travaille beaucoup « avec Consulting FS et les autres lignes de services de PwC ».
Quant à la banque, malgré une image légèrement en retrait (8e), Romain Godard insiste sur le fait que Strategy& y sert « de grands noms, qui lui renouvellent leur confiance régulièrement ». Une dynamique positive qui devrait encore s’intensifier selon le partner : « de grands groupes pour lesquels PwC était, historiquement, commissaire aux comptes, vont s’ouvrir à l’activité du conseil en stratégie » en raison de la rotation des mandats imposée au bout de 10 ans, ou 24 ans en cas de co-commissariat.
Autre état d’esprit, peut-être, du côté de Bain ? Le cabinet se classe seulement 4e dans l’assurance en matière de notoriété comme d’image moyennant des écarts très faibles toutefois avec le 3e, dans les deux cas.
À cet égard, Ada Di Marzo rappelle que Bain s’est d’abord développé dans la banque, ce marché étant environ deux fois et demie plus important que celui de l’assurance. Le cabinet américain a toutefois investi la banque et l’assurance de façon équilibrée, Bain travaillant à la fois « pour les bancassureurs, les assureurs internationaux et sur tout l’écosystème mutualiste, lequel est dense et fragmenté en France ». Or, il s’agit d’un marché « qui continue à croître ». Si, dans le classement Consultor de 2018, le cabinet était 3e pour l’image dans l’assurance, en 2024, il n’est devancé que de deux points par le « nouveau » 3e, McKinsey. Le constat à effectuer est donc celui de la stabilité.
Concluons cette exploration avec des exemples de missions dans l’assurance issus de notre dataset. Chez CNP Assurances, plusieurs missions du BCG sont qualifiées de « chères, mais efficaces », alors qu’un « pitch » est signalé comme « très intéressant » — pour une mission opérée par Bain. Du côté de BNP Paribas Cardif, la « qualité des consultants » ainsi qu’une « bonne expertise technique » sont soulignées dans le cadre d’interventions opérées par GSG. Une mission du BCG au sein de la MGEN a en revanche laissé un goût plus amer à certains répondants, l’étude produite étant qualifiée de « très chère, pour peu de résultats finaux ».
Preuve du fait que le statut de « leader incontesté » ne préserve pas… de la contestation de certains clients.
_______________________________
Méthodologie et échantillon
-
Pour la notoriété, le fait que le cabinet ait réalisé une ou plusieurs missions pour un acteur du secteur (= bonus)
-
Pour l’image, le fait que les missions du cabinet en question se soient bien ou mal passées (= bonus ou malus).
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaire (0)
Soyez le premier à réagir à cette information
Classement
- 31/10/24
Baisse du taux global d’anciens consultants en stratégie au sein des comex, proportion légèrement accrue parmi les nouveaux venus et vive progression du nombre de femmes : tels sont les résultats de la 7e étude dédiée de Consultor.
- 24/09/24
HEC et l’École Polytechnique, leurs élèves courtisés par les « meilleurs employeurs » dès leur arrivée sur le marché du travail. Ont-ils une appétence similaire pour le conseil en stratégie en sortie d’école ? Priorisent-ils les mêmes cabinets et déjouent-ils certains pronostics quant à leurs attentes ?
- 12/07/24
Cette année, les élèves des grandes écoles bousculent l’ordre établi ! Bain retrouve ainsi le trio de tête en notoriété et Oliver Wyman gagne 3 places - quand Bain, encore, chipe la 2e place à la Firme et talonne le BCG pour l'attractivité.
- 03/05/24
Aux yeux des étudiants en écoles de commerce, l’écart se resserre entre McKinsey, qui faiblit légèrement, et le BCG qui progresse : les deux cabinets se classent respectivement 12e et 17e du top 100 établi par Universum. Quant à Bain, après avoir connu une nette progression durant plusieurs années, il perd une place, en 41e position.
- 29/03/24
Pour cette douzième édition, ce sont 17 alumnis du conseil en stratégie qui font partie du classement 2024 des 100 leaders de moins de 40 ans de l’institut Choiseul.
- 22/03/24
Depuis 2019, toutes les entreprises de plus de 250 salariés et, depuis 2020, toutes celles de plus de 50 salariés doivent calculer et publier leur Index de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, chaque année au 1er mars. Si la note moyenne nationale des entreprises françaises plafonne, les cabinets de conseil en stratégie — historiquement très masculins — progressent pour la 3e année d’affilée. Ils n’en restent pas moins mauvais quant à la parité parmi les plus hautes rémunérations. Analyse des index 2024 et réactions de plusieurs des cabinets concernés.
- 28/02/24
100 mouvements de partners de novembre 2022 à février 2024, avec un solde de 8 associés supplémentaires pour les 11 cabinets observés. La 3e édition de l’étude menée par Consultor confirme la tendance au ralentissement – relatif – du marché, bien que certains cabinets connaissent une nette croissance de leur partnership.
- 19/02/24
Pour la deuxième année consécutive, le cabinet de conseil en stratégie Singulier fait partie des 500 entreprises dont la croissance est la plus rapide. Le classement « Champions de la croissance 2024 » est établi par Statista pour les Échos.
- 07/02/24
Depuis plusieurs années maintenant, c’est le statu quo. Le taux de féminisation des partnerships des cabinets de conseil en stratégie ne décolle pas, 17 % en 2023 d’après l’étude annuelle de Consultor, et ce, depuis plusieurs années. Une fatalité ? Peut-être pas. Simon-Kucher ouvre la voie en tutoyant le Graal du 50/50.