Accenture Strategy, « la nouvelle bonne adresse » du conseil en stratégie ?
Fabrice Asvazadourian est un des grands noms actuels du conseil en stratégie français.
Un historique biberonné chez Mercer devenu Oliver Wyman où il a passé vingt et un ans et a été nommé partner en 2000 avant de codiriger le centre de compétences mondial services financiers de Roland Berger. En juin, il s’est choisi un nouveau défi en prenant la direction d’Accenture Strategy France et Benelux. Il doit aider le géant de plus de 370 000 collaborateurs à se faire une place chez les stratèges.
- Fabrice Asvazadourian : de la stratégie au digital
- Dans le bureau de la patronne de Bain, il y a…
- « Ne lisez pas que Les Échos ou Le Point, mais aussi Libé ! »
- « Du conseil en stratégie pour 100 % de notre activité. Pas 10 % »
- L’ambition XXL du nouveau boss d’Oliver Wyman
- « Remettre OC&C sur la carte des cabinets qui comptent en France »
- La patronne de McKinsey France se défend face aux critiques
- OC&C : retour vers le futur
Votre nomination peut paraître étonnante, car vous avez toujours travaillé dans des cabinets de stratégie classiques. Comment s’est décidée cette orientation vers Accenture ?
J’avoue que j’ai été séduit par surprise. Quand j’ai été contacté à l’automne 2014, je ne connaissais pas la stratégie du « NEW Accenture ». J’ai été attiré par l’ambition et le challenge derrière la marque Accenture Strategy. D’une part, une organisation déjà « at scale » avec plus de 8 000 consultants en stratégie au sein de l’écosystème unique au cœur de la technologie qu’est Accenture. D’autre part, le défi de venir perturber les cabinets traditionnels avec une approche différenciée de la stratégie combinant business et technologie.
Cela m’est apparu comme la réponse à l’évolution inéluctable du métier de conseil en stratégie.
Le métier quand j’ai commencé était très artisanal. On faisait du sur-mesure en appliquant quelques méthodologies propriétaires à des clients et industries que nous découvrions. Ensuite, porté par sa croissance, le conseil en stratégie a pris une nouvelle dimension pour accompagner des dirigeants confrontés de plus en plus à des groupes de taille internationale. Aujourd’hui, nous sommes dans une troisième phase qui va profondément transformer le métier. Nos clients veulent désormais que l’on fasse le « business-case » et le « techno-case » en même temps, car les nouvelles technologies sont porteuses de disruption business. Par ailleurs, nos clients souhaitent que le cabinet dépasse la phase de recommandation et s’engage dans l’accélération de la mise en œuvre, car le time-to-market est critique. C’est là que notre capacité à s’appuyer sur les expertises et assets des autres métiers d’Accenture est unique.
C’est ainsi que se positionne Accenture Strategy, avec une approche intégrée ?
Notre approche se différencie par notre capacité à concilier vision business et vision technologique. C’est en étant à l’intersection du business et de la technologie que l’on apporte le plus de valeur. Nos clients valorisent notre capacité à accélérer leur transformation digitale, qui souvent tarde à être réellement contributrice en profit.
Notre approche intégrée se traduit par le fait qu’en France, un quart des 350 consultants d’Accenture Strategy sont des experts en stratégie technologique (multispeed IT, cybersecurity, analytics, …), 40% des experts fonctionnels (supply chain, manufacturing marketing, distribution, finance, RH, …) et un tiers des stratèges sectoriels (Services Financiers, Automobile, Grande Distribution, Oil&Gas, …).
Mais Accenture Strategy ne ratisse-t-il pas plus large que les cabinets historiques, par exemple dans le domaine du conseil en RH ou en IT?
Je ne connais pas tous les cabinets de stratégie, mais ceux que je connais, seraient ravis de faire 98% de ce que l’on fait. Nous avons un superbe portefeuille de projets. Qui travaille sur l’incubation de nouveaux business models autour des objets connectés pour cinq grands groupes industriels français ? Qui accompagne un groupe français ayant l’un des plus beaux portefeuilles de marques sur sa stratégie marketing digitale ? En ce moment, nous menons des pilotes d’applications de la Google Glass dans les Télécoms ou l’Aéronautique, des pilotes de robotics dans les services financiers. Pour nos clients, nous concevons des universités des métiers de demain, nous accélérons des programmes de transformation digitale, nous redéfinissions les organisations IT à horizon 2020.
Juste pour vous donner quelques exemples.
En revanche, on travaille encore peu pour des fonds de private equity, à l’exception de quelques fonds spécialisés High Tech.
À propos du recrutement, vous embauchez autant de seniors que de jeunes diplômés. Pourquoi et quels sont les profils que vous recherchez ?
Pour accompagner notre croissance, nous allons recruter cette année une centaine de consultants à Paris, dont cinquante expérimentés issus du conseil ou de l’industrie. Le recrutement est ma première priorité depuis mon arrivée, notamment au niveau des expérimentés pour compléter notre palette d’expertises et consolider notre milieu de pyramide. Pour cela, nous cherchons autant des professionnels venus du conseil en stratégie que de l’industrie. Je suis satisfait du flux de candidatures que nous recevons, notamment de profils ayant fait du conseil en stratégie puis un ou deux postes dans un grand groupe et souhaitant retrouver tous les atouts du métier du conseil.
Quels sont vos atouts pour attirer ces profils convoités par vos concurrents ?
D’abord, nous leur offrons la possibilité de participer concrètement à la transformation digitale, d’être sur les grands projets de demain. Pour ce faire, ils auront accès à des formations de base sur les nouvelles technologies pour qu’ils puissent pleinement les intégrer dans leurs pratiques du métier de stratège. Ensuite, nous offrons des responsabilités d’encadrement plus importantes grâce à notre modèle de pyramide et notre façon plus intégrée de travailler avec les autres métiers d’Accenture et nos clients.
Enfin, nous mettons en avant la formidable réussite d’Accenture, sa culture d’excellence et de teaming, et la diversité de carrière qu’offre un groupe mondial de plus de 370 000 collaborateurs. Nous avons une histoire unique à leur raconter. C’est en passant les entretiens que les candidats voient la réalité d’Accenture Strategy, notre positionnement unique et notre culture d’entreprise.
Comment est-ce que l’on s’intègre dans un tel groupe quand on vient de cabinets plus petits ?
Tout d’abord en n’oubliant pas de bien s’occuper de ses bons clients. C’est la base de la légitimité.
Ensuite avoir un coach ou un buddy qui va vous aider à apprendre une nouvelle langue et des nouveaux process. C’est le kit de survie.
Enfin, c’est d’être extrêmement discipliné pour aller à la rencontre de toutes les parties prenantes au sein de l’organisation et bâtir ses réseaux internes. C’est le gage d’efficacité.
Pour être tout à fait honnête, les six premiers mois ont été intenses … et passionnants !
Le cabinet est organisé autour de grandes compétences sectorielles et fonctionnelles. Comment s’y intègrent les jeunes diplômés ? Vont-ils se spécialiser, existe-t-il des passerelles entre les différentes entités du groupe ?
Au début, nos jeunes consultants sont généralistes. On demande à nos consultants seniors de se spécialiser progressivement et de choisir leur practice de prédilection au plus tard quand ils deviennent managers. Bien entendu, un consultant après 2 ans d’expérience, qui en exprime le souhait, peut se spécialiser plus rapidement. Dans le métier du conseil, être à l’écoute et coacher nos consultants sur leur carrière est gage de développement accéléré et de rétention des talents. Par ailleurs, Accenture étant un grand groupe, nous pratiquons la politique du « up or elsewhere » avec des passerelles vers les autres métiers du groupe.
Après six mois chez Accenture Strategy, quel regard portez-vous sur votre mission et sur l’avenir ?
Je suis satisfait de la façon dont on progresse, en termes de croissance et de développement de nos talents. Je trouve que l’on reste encore trop la nouvelle bonne adresse méconnue. Nous avons un vrai enjeu de faire connaître aux principaux dirigeants de groupes français qui achètent du conseil en stratégie ce qu’Accenture Strategy peut leur apporter. La bonne nouvelle est que l’on ne manque pas de contenus ou de retours d’expérience en nous appuyant sur tout ce qu’Accenture produit dans le monde. A nous de prendre nos bâtons de pèlerin pour prêcher notre bonne parole … en ajoutant aussi une touche digitale pour accélérer le temps !
Gillian Gobé pour Consultor
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaire (0)
Soyez le premier à réagir à cette information
France
- 30/10/24
L’automne fait son œuvre au sein de la Firme, les feuilles tombent… et les partners aussi. Les nouveaux départs sont ceux de Flavie Nguyen et Thomas London.
- 29/10/24
Julia Amsellem, qui a rejoint l’entité de conseil en stratégie d’EY en 2017, et Étienne Costes, engagé depuis 2013, font partie des 17 membres du nouveau comex d’EY dans l’Hexagone.
- 23/10/24
C’est une étude coup de poing que le cabinet Oliver Wyman a réalisée à titre pro bono pour le collectif ALERTE (fort de 35 associations, dont Action contre la Faim, Médecins du Monde et ATD Quart Monde) dédié à la pauvreté et à l’exclusion. Elle est intitulée « Lutter contre la pauvreté : un investissement social payant. » L’une des conclusions plutôt contre-intuitive : combattre la pauvreté par des financements serait un investissement gagnant-gagnant, pour les personnes concernées comme pour l’économie nationale. Les analyses du président d’ALERTE, Noam Leandri, et de Jean-Patrick Yanitch, partner à la tête de la practice Service public et Politiques publiques en France.
- 15/10/24
Début octobre, deux nouveaux partners ont disparu de la liste des associés de la Firme : Guillaume de Ranieri, poids lourd du cabinet où il évoluait depuis 24 ans, et Xavier Cimino, positionné sur une activité stratégique.
- 07/10/24
Doté d’un parcours dédié presque exclusivement au conseil (BCG, Kearney, Accenture - entre autres), Mathieu Jamot rejoint le bureau parisien de Roland Berger.
- 03/10/24
Depuis avril 2024, les arrivées se succèdent : après Jean-Charles Ferreri (senior partner) et Sébastien d’Arco (partner), Thierry Quesnel vient en effet renforcer les forces vives, « pure strat » et expérimentées, d’eleven.
- 02/10/24
Minoritaires sont les cabinets de conseil en stratégie à avoir fait le choix de s’implanter au cœur des régions françaises. McKinsey, depuis les années 2000, Kéa depuis bientôt 10 ans, Simon-Kucher, Eight Advisory, et le dernier en date, Advention… Leur premier choix, Lyon. En quoi une vitrine provinciale est-elle un atout ? La réponse avec les associés Sébastien Verrot et Luc Anfray de Simon-Kucher, respectivement à Lyon et Bordeaux, Raphaël Mignard d’Eight Advisory Lyon, Guillaume Bouvier de Kéa Lyon, et Alban Neveux CEO d’Advention, cabinet qui ouvre son premier bureau régional à Lyon.
- 23/09/24
Retour sur la dynamique de croissance externe de Kéa via l’intégration capitalistique de Veltys – et le regard du PDG et senior partner de Kéa, Arnaud Gangloff.
- 23/09/24
Astrid Panosyan-Bouvet, une ancienne de Kearney, et Guillaume Kasbarian, un ex de Monitor et de PMP Strategy, entrent dans le copieux gouvernement de Michel Barnier, fort de 39 ministres et secrétaires d’État. Bien loin des 22 membres du premier gouvernement Philippe ; ils étaient 35 sous le gouvernement Attal.